Si le monde des logiciels est dominé par les Américains, avec en tête Microsoft et Oracle, au niveau européen, les éditeurs ciblant les professionnels arrivent à sortir du lot. Et depuis quelques années, un trio sort systématiquement du lot : l'Allemand SAP, le Français Dassault Systèmes et le Britannique Sage. Selon le Truffle 100 portant sur l'année 2012, ce top 3 n'a d'ailleurs jamais été aussi puissant, puisqu'il représente à lui seul 47 % du chiffre d'affaires du top 100 européen.
Dans le secteur des logiciels, il existe des milliers de petites entreprises. Une poignée de très grandes sociétés captent néanmoins la majorité du chiffre d'affaires total du secteur. Grâce à son poids majeur à la fois chez le grand public et les professionnels, Microsoft sort du lot et peut se vanter d'être l'éditeur de logiciels numéro un au monde. Derrière, on retrouve essentiellement des éditeurs visant les entreprises. C'est le cas des Américains Oracle, IBM ou encore Adobe, mais aussi de la plupart des éditeurs européens. Et dans ce secteur, l'Allemand SAP est le seul à pouvoir s'opposer aux Américains du point de vue financier, avec un chiffre d'affaires d'un peu moins de 16 milliards d'euros, très loin devant Dassault Systèmes (1,85 milliard) et Sage (1,59 milliard).
SAP, un géant en Europe
Selon le dernier bilan du Truffle 100, le secteur a généré l'an passé un chiffre d'affaires record de plus de 41 milliards d'euros, en hausse de 9,2 %. À lui seul, SAP représente 39 % de ce total (un record), preuve de son importance, portée par de nombreux rachats réalisés ces dernières années, tels Business Objects en 2008, Coghead en 2009, Sybae en 2010, SuccessFactors en 2011, Ariba en 2012 ou encore Kxen, Ticket-Web et Hybris ces derniers mois. Si l'on rajoute Dassault Systèmes et Sage, le top 3 représente pour sa part 47 % du chiffre d'affaires du top 100, là encore un record. Et si l'on se penche sur les profits, les écarts sont encore plus béants, avec SAP réalisant 48 % des bénéfices du top 100, sachant que le top 3 en représente 58 % et les cinq premiers 65 %.
Concernant les pays européens les plus importants dans le secteur, nous retrouvons deux types de leaders. D'un point de vue financier, l'Allemagne, sans surprise, domine les débats avec plus de 20,3 milliards d'euros en 2012 (49,4 % du total européen), loin devant le Royaume-Uni (6 milliards d'euros) et la France (4,34 milliards d'euros). Les taux de croissance des entreprises de ces trois pays sont par contre bien différents. L'Allemagne a ainsi vu son chiffre d'affaires augmenter de 30 % en deux ans, contre à peine 4 % pour le Royaume-Uni et 25 % pour la France. Les progressions les plus impressionnantes sont toutefois à mettre au crédit des pays les plus petits, tels la Suède (+138 %), les Pays-Bas (+104 %) et surtout la Norvège (+177 %). Ces trois pays devancent ainsi largement des territoires pourtant plus importants comme l'Italie, la Pologne ou encore l'Espagne.
Plus d'entreprises en France et au Royaume-Uni
Si l'on regarde du côté du nombre d'entreprises présentes dans le top 100, l'Allemagne ne figure qu'en troisième position. En effet, avec 14 sociétés, nos voisins d'outre-Rhin figurent derrière la France (19 compagnies) et le Royaume-Uni (22). Parmi les principales entreprises françaises de ce top Truffle, on compte Dassault Systèmes, Sopra Group, Murex, Cegedim, Cegid, Axway, Linedata ou encore Avanquest Software. Notez que Gemalto, basé à Amsterdam, est comptabilisée comme une entreprise néerlandaise et non française.
Du côté du nombre d'employés en Recherche et Développement (R&D) dans les logiciels, l'Allemagne domine évidemment les débats avec près de 23 800 salariés sur un total de 63 290 d'employés (un record). La France arrive en deuxième position avec quasi 10 000 emplois, suivie par le Royaume-Uni (8 375), les Pays-Bas (6 321), la Suède (4 503) et la Pologne (3 569). Les quatre premiers pays représentent plus des trois quarts des emplois en R&D dans les logiciels en Europe.
Notez enfin qu'aussi forts soient SAP, Dassault Systèmes et les autres grands éditeurs européens, le cumul du top 100 européen reste un nain. En effet, Microsoft à lui seul a généré plus de milliards l'an passé que tous les éditeurs européens réunis. Et Oracle a représenté 60 % du chiffre d'affaires du top 100 européen. Preuve qu'il y a encore beaucoup de travail avant que le continent puisse rivaliser avec l'Amérique.