Suite à une décision prise lundi par le procureur de Rome, différents hébergeurs de fichiers viennent d'être bloqués par les opérateurs italiens, dont le populaire Rapidgator. Le réseau social russe « vKontakte » fait également partie des sites concernés par cette mesure de rétorsion. Le blocage de ce site pose cependant question, étant donné que celui-ci n’aurait été ordonné que pour protéger les droits d'un seul et unique film.
Depuis plusieurs mois, la liste des sites Internet bloqués en Italie s’allonge considérablement. Lundi encore, le procureur de Rome a officiellement ordonné aux fournisseurs d’accès à Internet du pays de fermer leurs vannes vis-à-vis de neuf sites, comme le rapporte l'édition italienne de Tom's Hardware : vk.com, movshare.net, nowdownload.ch, nowvideo.ch, rapidgator.net, topvideo.tv, upshared.com, usefile.com et videopremium.tv.
À l’origine de cette décision ? Une plainte déposée par Medusa Film, une société détenue par le groupe Mediaset, lui même lié à la famille de Silvio Berlusconi - l’ancien président du Conseil italien. Medusa Film accusait ces sites de porter atteinte à ses droits de propriété intellectuelle, et réclamait pour y mettre fin des mesures rapides.
Un réseau social entier bloqué au nom de la protection d’un seul film
Problème : si la plupart de ces sites sont des hébergeurs de fichiers, certains permettant même de consulter ensuite les vidéos en streaming, l’on remarque aussi la présence de vKontakte, « vk.com », le célèbre réseau social russe - similaire à Facebook. Ce dernier permet en effet à ses utilisateurs de partager des fichiers, y compris vidéo. Selon TorrentFreak, la plainte de Medusa Film reposait cependant sur le fait que ce site violait ses droits relatifs à un seul film, « Sole a Catinelle ». Il sera quoi qu’il en soit bloqué dans sa globalité, comme l'a confirmé le FAI Fastweb à ses clients. Sollicité par nos soins, le réseau social n'est pas encore revenu vers nous.
L’on note également que Rapidgator, hébergeur de fichier récemment épinglé par les lobbys américains de la musique et du cinéma, est lui aussi visé par cette décision de blocage. Le site avait pourtant déjà fait l’objet d’une mesure de rétorsion identique en avril dernier, avant d’obtenir son annulation dans le cadre d’un procès en appel (voir notre article).
L’avocat de Rapidgator, Fulvio Sarzana, doute d’ailleurs de la solidité juridique de l’ordre de blocage transmis par le procureur de Rome : « Des millions de fichiers sont bloqués au nom d’un seul film, une mesure qui apparaît disproportionnée et contraire aux normes européennes en matière de proportionnalité, d'adéquation et d'efficacité ». Au-delà de ça, l’homme a regretté que ceci ait été ordonné au titre de la protection d’une oeuvre ayant déjà connu un certain succès. « Une fois de plus, ils bloquent des dizaines de portails pour un seul film, qui a d’ailleurs déjà généré 50 millions d'euros de recettes au box-office » a-t-il ainsi déclaré à TorrentFreak. Joint par PC INpact, il a confirmé qu'il allait faire appel du blocage de Rapidgator.
Rappelons enfin qu’après s’être fait remonter les bretelles par les États-Unis en 2012, l’Italie a multiplié les gestes en faveur d’une lutte accrue contre le piratage. Outre les nombreux blocages décidés au cours des derniers mois (différents hébergeurs de fichiers, moteurs de liens torrents tels que The Pirate Bay ou IsoHunt, etc.), le gouvernement Letta a notifié cet été à la Commission européenne un projet de règlement qui permettrait d’accentuer davantage la purge des sites illicites (pour en savoir plus, voir notre article). L'efficacité des blocages dans la lutte contre le piratage continue pourtant de susciter de vifs débats, comme l'a récemment illustré cette étude néerlandaise n'ayant trouvé aucune « indication forte attestant de l'efficacité sur le long terme d'une telle approche ».