Mis à mal par la dernière étude de l'UFC-Que Choisir portant sur les débits et la qualité en 3G en général, Free Mobile annonce qu'il compte porter plainte contre l'association. L'opérateur estime en effet que la méthodologie utilisée est plus que contestable et que l'association exploite cette étude afin d'accroître sa propre réputation.
Je t'aime, moi non plus
L'histoire d'amour entre l'UFC-Que Choisir et Free continue de plus belle. Si l'association a parfois soutenu l'opérateur, que ce soit pour son arrivée sur le marché mobile et ses conséquences sur les prix, ou encore pour les qualités globales du FAI, l'UFC et Free ont aussi déjà un historique de conflits déjà bien garni. Un petit tour par nos archives est assez explicite sur le sujet :
- 2006 : Dégroupage, Free condamné à rembourser l'UFC Que Choisir
- 2006 : Free attaque l'UFC Que Choisir pour diffamation
- 2007 : Attaquée en diffamation par Free, l'UFC-Que Choisir relaxée
- 2007 : Début du procès en diffamation de Free vs UFC-Que Choisir
- 2008 : UFC Que Choisir autorisée à agir en intérêt collectif contre Free
- 2009 : L'UFC-Que Choisir s'attaque aux contrats d'abonnement de Free
- 2009 : Hotline surtaxée : l'UFC-Que Choisir attaque Free
- 2010 : L'UFC attaque 8 sociétés devant la CNIL dont Free et VirginMega
- 2012 : Lenteurs de YouTube chez Free : l'UFC saisit l'ARCEP et la DGCCRF
- 2012 : L'UFC-Que Choisir met en demeure Free Mobile d'informer et dédommager
- 2013 : L'UFC-Que Choisir attaque Free Mobile, sa qualité de service et ses débits
Depuis 2006, les années de calme plat entre l'association et l'opérateur ont donc été inexistantes. Non pas que l'UFC s'attaque exclusivement à Free (Orange, SFR et Bouygues ont aussi leur lot de plaintes), mais ces sept dernières années ont été assurément mouvementéee. L'an 2013 ne déroge ainsi pas à la règle, avec en début d'année le dépôt d'une plainte contre Free Mobile, l'association pointant du doigt la qualité du réseau 3G de l'opérateur, et notamment ses débits en itinérance, ceci sur la base d'une étude maison réalisée fin 2012.
« Free est un punching-ball »
À cette époque, la réplique de Free n'avait été qu'argumentaire. Xavier Niel avait certes reconnu que « sur le streaming vidéo et certains téléchargements en Île-de-France aux heures de pointe, il y a pu y avoir des débits insuffisants ». Mais il avait surtout rappelé que d'autres études, notamment de l’ARCEP, n'allaient pas dans le sens de celle de l'UFC-Que Choisir. Le fondateur de Free avait ainsi contesté cette étude et en particulier les méthodes employées.
Qui plus est, Niel avait estimé que « Free est un punching-ball » qui permettait « d'exister médiatiquement pendant quelques jours » à l'association. « Je pense qu'UFC l'a bien compris ! (...) Mais, à chaque fois qu'on nous tape dessus, nous faisons des recrutements records. Nos opposants font gratuitement notre marketing ! »
Près d'un an plus tard, suite à la nouvelle étude de l'association, Free n'a pas changé d'avis sur ce sujet, avec pour seul changement majeur une plainte à la clé. Un porte-parole de l'opérateur a ainsi indiqué à l'AFP que « Free va saisir la justice contre l'UFC, qui s'appuyant une nouvelle fois sur une étude partielle et partiale avec une méthodologie très contestable qui ignore la réalité de l'usage tente d'accroitre sa notoriété au détriment de Free ». Qu'il s'agisse de la méthode ou de la notoriété, tous les arguments de Xavier Niel du début de l'année sont ici répétés par l'opérateur en ce mois de novembre.
Des méthodes contestées
Selon nos informations, de nombreux points de l'étude posent problème. Le fait de cibler les services de streaming, d'étudier qu'une poignée de villes (Paris, Lille, Toulouse et Grenoble) ou encore de ne pas décrire précisément ses protocoles de tests, pourraient ainsi être des arguments avancés au tribunal par l'opérateur. Ce dernier pourrait de plus mettre en avant d'autres études concurrentes, dont celle de l'ARCEP réalisée l'an passé. Si cette étude ne place pas non plus Free au firmament des opérateurs mobiles, loin de là, elle ne descend pas pour autant la filiale d'Iliad comme le fait celle de l'UFC.
Notez que Free n'est pas le seul à s'attaquer aux méthodes de l'association. Orange a ainsi expliqué qu'il « est absolument insensé de prêter à Orange la volonté de dégrader la qualité de son réseau quel qu'il soit ». L'opérateur historique utilise d'ailleurs des arguments similaires à ceux de Free et s'appuie aussi sur les données de l'ARCEP pour contester l'UFC. En ce sens, Orange indique que l'autorité de régulation des télécoms « a mis en place de longue date un dispositif annuel de mesures, considéré comme fiable par la profession : des mesures hors de ce protocole nous paraissent créer de la confusion plus qu'autre chose ».
Enfin, n'oublions pas que l'UFC a récemment pointé du doigt les couvertures 4G de Bouygues, SFR et Orange à Paris, ce qui a mené à une nouvelle plainte de sa part. Or SFR et Orange, très critiqués, se sont dits étonnés des résultats et de la communication de l'association jugée « inappropriée ». Ce à quoi Alain Bazot, le président de l'UFC, a répondu que ces opérateurs font semblant de ne pas comprendre ses critiques. Une experte en QoS (qualité de service) mobile a toutefois estimé que l'étude de l'association devait être faussée sur certains points du fait d'un matériel défaillant.