Le passage de témoin était attendu, et il est donc arrivé lors du troisième trimestre 2013. Le groupe Iliad, qui comprend le FAI Free et l'opérateur Free Mobile, cumulait ainsi 13 millions de clients au 30 septembre de cette année, soit un nombre équivalent à celui de Bouygues. Et au regard de la croissance respective des deux entreprises, il est plus que probable qu'Iliad ait désormais surpassé son vis-à-vis.
Free continue sa conquête d'abonnés mobiles
L'un est entré il y a moins de deux ans dans le marché mobile, l'autre a fait de même dans le secteur fixe il y a près de cinq ans. Les deux ont connu de très beaux succès dans leurs nouveaux marchés. Mais en cassant les prix et avec une offre à 2 euros par mois extrêmement attractive, c'est bien évidemment Free qui a gagné la guerre du nombre d'abonnés. Même si financièrement, les marges sont bien différentes.
Au 30 septembre 2013, Iliad comptait donc 7,435 millions d'abonnés mobiles (soit 11 % du marché) et 5,58 millions de clients haut débit fixe. Bouygues, pour sa part, cumule 11,094 millions de clients mobiles et 1,941 million d'abonnés haut débit (voir son dernier bilan). Les deux, à quelques milliers près, étaient donc à égalité fin septembre. Un passage de témoin en quelque sorte historique, qui fait désormais d'Iliad le troisième opérateur télécom du pays, et non plus le quatrième.
Surpassé par Orange dans le fixe
Dans les détails, Free a gagné plus de 700 000 clients lors de ce troisième trimestre 2013, dont 640 000 abonnés mobiles et 62 000 abonnés haut et très haut débit. Si l'opérateur continue d'écraser ses concurrents dans le secteur mobile (un bilan sera publié sous peu), dans le fixe, la chanson est différente. Orange, par exemple, a ainsi réussi un excellent trimestre, avec 71 000 nouveaux clients, dont la moitié (34 000) en FTTH, surpassant donc Iliad lors de cette période. Free reste toutefois l'opérateur ayant recruté le plus de clients haut débit depuis le début de l'année (216 000), une « performance réalisée sans promotion et en maintenant un faible coût d’acquisition » tient-il à noter, alors que ses concurrents n'hésitent pas à dépenser des millions d'euros en publicités pour vanter leurs nouvelles offres fixes. Free omet toutefois de rappeler qu'il réalise régulièrement des promotions souvent très médiatiques via Vente-Privée (en juin dernier ou encore cette semaine).
Malheureusement, Free ne donne toujours pas de détails au sujet des forfaits choisis par ses clients. Nous ne connaissons donc pas la répartition précise entre les abonnés mobiles à 2 euros et à 19,99 euros, ni quel est le nombre de clients en VDSL ou en FTTH par exemple. Il se contente tout juste d'indiquer que son offre à 2 euros par mois reste attractive et qu'il a « accéléré sa conquête d'abonnés sur les utilisateurs ayant une consommation modérée ». Quant au très haut débit fixe, Free note tout simplement avoir réalisé une « forte augmentation des débits pour les abonnés éligibles au VDSL ou à la fibre optique », tout en rappelant qu'il « dispose du plus important parc de box compatibles VDSL installées chez les abonnés ». Des informations bien peu intéressantes donc.
Une croissance financière qui reste forte
Financièrement, et a contrario de ses concurrents, tout va pour le mieux pour Iliad. Fort d'un ARPU de 36,1 euros par mois dans le fixe (et plus de 38 euros pour les clients Freebox Révolution), le groupe a ainsi réalisé un nouveau trimestre record avec 944,2 millions d'euros de chiffre d'affaires (+15,3 %), dont 625,5 millions dans le fixe (+7,2 %) et 321 millions dans le mobile (+34,7 %).
En moyenne, cela signifie donc qu'un client haut débit a généré plus de 37 euros par mois, contre un peu plus de 14 euros par mois pour un client mobile, ventes de téléphones compris. Si l'on exclut les ventes de terminaux, le chiffre d'affaires trimestriel mobile tombe à 292,1 millions d'euros, soit environ 13 euros par mois et par client.
Sur les neuf premiers mois de l'année, Iliad cumule un chiffre d'affaires de 2,773 milliards d'euros, en hausse de 22,5 % sur un an. Quand on sait que le groupe a pour ambition de réaliser un chiffre d'affaires de 4 milliards d'euros à l'horizon 2015, nous pouvons sans prendre trop de risque annoncer que cet objectif sera atteint sans aucune difficulté. Dès cette année 2013, il devrait d'ailleurs s'en approcher, pour pourquoi pas, le surpasser dès l'an prochain. Cela représenterait une multiplication par deux de ses résultats en quatre ans, et une multiplication par quatre en huit ans.
Iliad souffre en bourse
D'ici quelques années, ces performances permettraient à Iliad d'entrer dans le cercle très fermé du CAC 40. Au sujet de la bourse, le titre du groupe à Paris s'est effondré (-4,93 % au moment où nous rédigeons ces lignes), valorisant l'entreprise à un peu moins de 9,6 milliards d'euros, ce qui indique que les résultats affichés ci-dessus ont été inférieurs à ceux espérés. Cela reste toutefois toujours supérieur au groupe Bouygues dans son ensemble (9,35 milliards d'euros).
