4G à Paris : l'étude de l'UFC contestée, Alain Bazot monte au créneau

4G à Paris : l’étude de l’UFC contestée, Alain Bazot monte au créneau

Bouygues Telecom refait le plein de pop-corn

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Sébastien Gavois

Publié dans

Société numérique

08/11/2013 8 minutes
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4G à Paris : l'étude de l'UFC contestée, Alain Bazot monte au créneau

Suite au dépôt de plainte de l'UFC-Que Choisir contre Orange et SFR, l'imbroglio autour de la 4G continue de plus belle. En effet, Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir, s'est fendu d'un billet sur son blog expliquant qu'il ne « capte pas très bien » les réactions des opérateurs. Dans le même temps, une experte des télécoms monte au créneau pour « alerter Que-Choisir sur un fort risque d’erreur sur sa campagne, a priori très visible pour un expert (ou un opérateur) ». Explications.

4G Orange Paris

La couverture 4G de Paris et de sa banlieue selon le site d'Orange

 

Mardi dernier, l'UFC-Que Choisir publiait les résultats complets de son étude sur la 4G parisienne, que ce soit pour Bouygues Telecom, Orange ou SFR, Free Mobile ne proposant pas encore cette technologie. La capitale est en effet le théâtre de nombreuses annonces de la part des opérateurs qui se battent régulièrement sur les taux de couverture.

 

Ainsi, selon l'association de consommateurs qui annonce avoir sillonné 80 % des rues de Paris, Bouygues Telecom propose un taux de 99,4 %, Orange de 79,3 % et SFR de 75 %. Dans le cas de Bouygues, cela correspond donc aux attentes. Selon l'UFC-Que Choisir, la situation est par contre différence pour SFR à qui il reproche d'entretenir le flou sur sa couverture actuelle (50 % début septembre) et celle qui sera effective « à la fin de l'année » : 100 %. Même chose pour Orange, bien que ce dernier parle de couvrir entièrement Paris depuis début septembre.

 

Les deux opérateurs concernés ont bien évidemment rapidement répondu par le biais de communiqué de presse : Orange s'étonne, tandis que SFR joue la transparence. Nous ne reviendrons donc pas sur leur réaction.

Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir : « je ne capte pas très bien ! »

Mais, ce matin, troisième round : Alain Bazot, le président de l'UFC-Que Choisir entre en piste et publie, sur son blog officiel, un billet intitulé « Réactions d’Orange et SFR sur la 4G : je ne capte pas très bien ! ». Concernant la marque au carré rouge tout d'abord, il campe sur ses positions et précise que « SFR annonce des taux de couverture pour la fin de l’année… Nous sommes bien en fin d’année, mais la confusion entretenue par l’opérateur est bien peu compatible avec une information sincère des consommateurs ».

 

Le cas d'Orange est plus complexe. En effet, Alain Bazot revient sur les deux annonces du taux de couverture 4G annoncé par l'UFC-Que Choisir : 93,5 % le mois dernier et 79,3 % cette fois-ci. La réponse avait déjà été donnée, mais il précise de nouveau : « l’opérateur fait mine de s’émouvoir des résultats (effectivement différents) présentés dans le dernier numéro de Que Choisir et ceux présentés mardi. Et pour cause, ils ne sont pas basés sur le même nombre de mesures : le magazine précise que, faute de temps (délais de mise sous presse), les taux d’accessibilité présentés se basent sur des mesures effectuées sur seulement 25% de la voirie. Les résultats complets présentés mardi prennent quant à eux appui sur des mesures quatre fois plus nombreuses effectuées sur 80 % de la voirie parisienne. Mais Orange fait semblant de ne pas comprendre… »

Julie Moncorger, experte dans les télécoms : « un possible biais dans l'étude »

Mais une autre intervenante entre dans le débat chez nos confrères de ZDNet cette fois-ci : Julie Moncorger, une experte qui « travaille depuis 9 ans pour différents prestataires techniques qui collaborent régulièrement avec des opérateurs télécoms, notamment Orange et SFR ».

 

Selon elle, « au-delà de toute considération polémique, cette probabilité d’une si vaste zone (3 arrondissements annoncés comme actifs) non couverte reste très faible. L’origine peut être une mise en cause de la fiabilité de la campagne de Que-Choisir ». Elle précise son sentiment en ajoutant que « l’hypothèse que l’on peut évoquer et qui pourrait expliquer cette zone « étonnante » de non-couverture serait celle d’un biais dans l'étude, introduit par un matériel défaillant. En effet, Que Choisir indique avoir réalisé ces mesures simulées en vision piéton à l’extérieur (outdoor) en utilisant des antennes déportées branchées sur des Samsung Galaxy S3 4G ».

 

Notez qu'il s'agit d'un sujet qu'elle maîtrise puisque, selon son profil public LinkedIn, elle était responsable d'études QoS chez Directique de janvier 2006 à septembre 2011, la société qui s'est occupée des mesures pour le compte de l'UFC-Que Choisir, mais pas que. Pour rappel, ce prestataire est également utilisé par des opérateurs, ainsi que par l'ARCEP, le régulateur des télécoms.

 

Julie Moncorger LinkedIn

 

Notez que si cela n'est pas directement précisé dans l'article de nos confrères, l'intéressée ne s'en cache pas et le précise dans les commentaires. Elle ajoute également qu'elle a été employée par SFR pendant sept mois, et son profil nous précise que c'était en tant que chef de projet mesure de la satisfaction client.

« Si pour une raison de connectique ou de panne (...) »

Quoi qu'il en soit, dans ses missions il est précisé qu'elle avait en charge l'« évaluation de la couverture et de la qualité des réseaux mobiles 2G, 3G & WiFi des différents opérateurs en France », soit exactement les mesures effectuées par Directique sur la couverture des opérateurs, sauf qu'il ne s'agit plus de 2G / 3G, mais de 4G.

 

Forte de son expérience elle donne quelques pistes de réflexion : « cette antenne [NDLR : l'antenne déportée du Galaxy S3] qui mal contrôlée peut être à l’origine d’une étude faussée. En effet lorsqu’un téléphone est connecté à une antenne déportée, son antenne interne suspend son activité (comme un kit mains libres suspendrait le haut-parleur du téléphone). Si pour une raison de connectique ou de panne, le signal reçu est amoindri par l’antenne, le test est faussé. Dès lors, le téléphone rend compte d’une couverture dégradée, ou absente ». Toujours selon Julie Moncorger, cette théorie est confortée par l'alternance de points rouges et verts sur la carte présentée par l'UFC-Que Choisir :

 

4G Orange UFC

4G d'Orange à Paris : le cas de 4G Mark et de Sensorly

Elle va ensuite un peu plus loin et appuie de nouveau ses propos avec deux autres éléments : l'application 4GMark ainsi que la carte de couverture communautaire Sensorly. En effet, des retours de l'outil de benchmark indiqueraient bien la présence de 4G d'Orange dans les zones incriminées. Notez que l'experte connaît également bien le sujet puisqu'elle est l'actuelle directrice générale de l'agence Trois Petits Points qui édite justement 4GMark. ZDNet a d'ailleurs un partenariat avec cette dernière pour la mise en place de son service 4G Monitor.

 

Du côté de Sensorly, tout le monde peut accéder aux données mises en ligne par la société qui semblent en effet indiquer des retours d'utilisateurs Orange en 4G dans la zone incriminée au sud-ouest. Comme toujours, n'hésitez pas à nous faire part de vos retours si vous avez l'occasion de tester la 4G à Paris, quel que soit l'opérateur.

 

Sensorly 4G

 

Pour conclure, nos confrères de ZDNet ajoutent avoir pris contact avec l'UFC-Que Choisir afin d'avoir leur sentiment sur la question et l'association de répondre : « lors de résultats intermédiaires qui nous étaient parvenus (qui ont fait l’objet d’un article dans le numéro de novembre du magazine Que Choisir que mentionne Orange dans son communiqué), nous étions déjà en présence de points rouges dans le sud-ouest parisien. Les mesures complémentaires faites sur cette zone n’ont fait que confirmer la tendance ». Un point qui permettrait, du moins en théorie, d'éliminer l'éventualité d'une panne matérielle ou logicielle.

 

Puis l'association ajoute que « les causes profondes de ce décalage pourront être débattues dans le cadre judiciaire si le parquet poursuit sur la base de la plainte que nous avons déposée, voire au sein de l’ARCEP, autorité avec laquelle nous discutons régulièrement ». Le TGI de Paris devrait donc logiquement être la prochaine étape.

Écrit par Sébastien Gavois

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir : « je ne capte pas très bien ! »

Julie Moncorger, experte dans les télécoms : « un possible biais dans l'étude »

« Si pour une raison de connectique ou de panne (...) »

4G d'Orange à Paris : le cas de 4G Mark et de Sensorly

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Commentaires (9)


Petite coquille :



, l’intéressée ne s’en scache pas













TrucBid a écrit :



Petite coquille :







BBq petit <img data-src=" />



J’ai la 4G à Paris chez Orange justement donc voici mon témoignage.



Je suis bien couvert en 4G dans la majorité de Paris. En tout cas, les 15eme et 16eme arrondissements, annonces comme non couverts par l’association, sont bels et bien couverts.



Par contre, comme je le disais il y a déjà 6 mois, on ne capte en général que très faiblement la 4g (entre une et deux barres sur mon HTC ONE ; NB : je captais à 45 barres avec mon Lumia 925 au même endroit), mais au final le débit est assez faible par rapport à ce qui est annoncé : entre 20 et 40mbps en down et 5 à 10 mbps en up. Donc pour la couverturex je dirai qu’ils ne mentent pas chez Orange. Mais pour le débit, il y a tres clairement une arnaque.



J’ai bien un debit de 10050 mais uniquement quand je capte 45 barres de 4G sur mon ONE, autant dire quand je suis sous l’antenne…








Lighty04 a écrit :



Mais pour le débit, il y a tres clairement une arnaque.







Le “jusqu’à” de l’offre commerciale fait qu’il n’y a pas arnaque : tu es explicitement prévenu que le débit est sujet à variations.

Orange ne te vend pas un débit garanti.



De toutes les façons…



Qui pour croire les services comm’ d’Orange et de SFR ?

Ils jouent sur les mots depuis des années…

Se marrent en prenant les gens pour des cons depuis des années…



Quand bien même l’UFC aurait fait une erreur de méthodologie, tout ce qui tourne sur la 4G n’est qu’une espèce de jeux de dupes !



Je ne me souviens plus qui disait… La 4G, c’est de la 3G qui fonctionne ….



Tout est dit et ce n’est pas si faux…





C’est comme pour l’ADSL… Brider le débit pour mieux vendre de la fibre… Et pourquoi faire au final?… y faire passer du flux TV :/



J’exagère certainement (et c’est volontaire), mais pas tant que ça….


Le fait que Sensorly nous montre Paris couvert, celà signifie bien que des utilisateurs captent la 4G dans les endroits que l’UFC a testé …



Donc, UFC a du certainement mal testé.



Nota : En 4G depuis 1 mois ( chez Bouygues ), la couverture 4G est bonne et dans certaines zones sans 3G, je suis passé en 4G direct :)








MaBelle4G a écrit :



Le fait que Sensorly nous montre Paris couvert, celà signifie bien que des utilisateurs captent la 4G dans les endroits que l’UFC a testé …



Donc, UFC a du certainement mal testé.







Ou alors, ils ont considérés que si tu avais un débit 4G en dessous d’un seuil (3g ?), cela pouvait être considéré comme non couvert.









cyrano2 a écrit :



Ou alors, ils ont considérés que si tu avais un débit 4G en dessous d’un seuil (3g ?), cela pouvait être considéré comme non couvert.







Ce qui est tout à fait normal je pense. J’ai pas tester la 4G, donc je vais pas me prononcer sur la qualité supposée de la connexion, mais clairement si le débit n’est pas respecter à minima y’a pas à comptabiliser. C’est comme dire “regardez, on a une autoroute à 10 voies mais 9 sont fermées mais c’est quand même mieux que l’autoroute 4 voies toutes ouvertes juste à côté” <img data-src=" />









SebGF a écrit :



Le “jusqu’à” de l’offre commerciale fait qu’il n’y a pas arnaque : tu es explicitement prévenu que le débit est sujet à variations.

Orange ne te vend pas un débit garanti.







On s’est compris : l’arnaque n’est pas contractuelle mais juste “émotionelle”. Mais bon, 1 barre de couverture dans la plupart de Paris, et 20Mbps de down, ce n’est clairement pas ce que la 4G promet… Mais plutôt la H+ en single carrier.