L'Agence Nationale des Fréquences (ANFR) vient de publier son bilan du 1er novembre 2013 et, sans surprise, Bouygues Telecom domine largement les autres opérateurs concernant le nombre d'antennes 4G LTE en service. Orange commence toutefois déjà à rattraper Bouygues, tandis qu'en 3G, Free progresse très faiblement.
Note importante : un support peut cumuler plusieurs antennes.
Bouygues domine, mais Orange s'active
La guerre des antennes et de la couverture 4G en France ne s'est pas arrêtée au 1er octobre, suite à l'autorisation donnée à Bouygues par l'ARCEP pour exploiter la bande 1800 MHz. Lors du mois précédent, les trois opérateurs ont mis les bouchées doubles pour mettre en service leurs antennes, ainsi que pour obtenir des accords de la part de l'ANFR, en vue de futures mises en service.
Résultat, Bouygues a réalisé un nouveau bond entre le 1er octobre et le 1er novembre, passant de 3804 à 4655 antennes 4G en service, soit 851 de plus en un mois. Mais si le troisième opérateur mobile français domine les débats, il se fait néanmoins rattraper par Orange. En effet, durant le même laps de temps, l'opérateur historique a vu son nombre d'antennes 4G en service passer de 2469 à 3439, soit une progression de 970 antennes.
La performance d'Orange est d'autant plus importante qu'elle a été principalement réalisée grâce à des mises en service sur la bande 800 MHz (+763). En effet, du fait de ses caractéristiques, cette bande procure une forte portée (ce qui peut être pratique en zone rurale), ainsi qu'une bonne pénétration dans les bâtiments. Une antenne 4G LTE en 800 MHz a donc en quelque sorte plus de valeur que des antennes 1800 MHz et 2,6 GHz, moins pénétrantes et à la couverture plus faible. Le nombre n'est donc pas tout, et les détails comptent. En somme, si Bouygues dispose bien de la plus forte couverture en France pour le moment, ses concurrents peuvent très bien se rapprocher assez rapidement de l'opérateur en exploitant les fréquences 800 MHz.
SFR mise tout sur sa fréquence en or
Cette stratégie est exploitée par Orange, mais aussi et surtout par SFR. La filiale de Vivendi, qui dispose du meilleur lot après avoir misé plus d'un milliard d'euros pour l'obtenir il y a deux ans, ne cache plus depuis longtemps qu'il compte miser sur le 800 MHz. Et cela se remarque parfaitement dans le tableau ci-dessus. Son nombre d'antennes en service en 2,6 GHz n'est ainsi que de 597 unités (+48), pour à peine 998 accords ANFR demandés. Un nombre d'accord plus faible que Free Mobile lui-même, c'est pour dire.
A contrario, du côté du 800 MHz, SFR a obtenu des accords pour 1258 lieux, soit plus qu'Orange. Si seulement 435 antennes 800 MHz sont pour le moment en service (+120), elles devraient toutefois surpasser le nombre d'antennes en 2,6 GHz très rapidement. Néanmoins, toutes bandes confondues, le retard de SFR sur Orange et Bouygues reste encore important à ce jour, avec seulement 718 supports 4G à son actif, soit 6,5 fois moins que Bouygues et 4,8 fois moins qu'Orange.
Free : calme plat en octobre, tout aussi bien en 4G qu'en 3G
Concernant Free Mobile, aucun changement majeur n'est à noter. Le nombre d'antennes en service (14) n'a pas changé depuis des mois et cette situation devrait rester en l'état tant que l'opérateur ne proposera pas ses services au niveau national. Quant aux accords ANFR obtenus, ils sont importants (1336), mais ils n'ont augmenté que de 118 unités en un mois, soit une croissance huit fois inférieure à Orange et sept fois plus basse que Bouygues Telecom.
Tous opérateurs confondus, il est intéressant de noter que la 4G LTE continue de croître à une très grande vitesse, avec 8186 supports en service au 1er novembre 2013, soit 1703 supports de plus en un mois. Quant aux accords, ils ont eux aussi progressé fortement, avec 11 345 accords enregistrés, contre 9572 un mois plus tôt, soit une croissance de 1773 supports. Des chiffres qui indiquent que les prochains mois seront assurément mouvementés pour la 4G, surtout que Bouygues Telecom force déjà ses concurrents à s'activer plus encore qu'auparavant.
Du côté de la 3G, la logique est similaire pour les quatre grands opérateurs : rien à signaler. Même Free Mobile, qui compte 4,5 fois moins de supports 3G que Bouygues, et même 6,5 et 7,3 fois moins que SFR et Orange, l'évolution au mois d'octobre a été limitée. Seulement 41 supports en service ont été rajoutés, pour un total de 2355 antennes en fonctionnement, et à peine 94 accords ont été trouvés, pour un total de 2779 accords. Quand on sait que le quatrième opérateur comptait avoir 2500 sites actifs fin 2012 comme il l'indiquait lui-même dans son communiqué publié le 8 mars 2012, on mesure ici bien le retard de l'opérateur dans son plan de déploiement.
Notez enfin que les chiffres concernant les antennes en service sont basés uniquement sur les déclarations des opérateurs, et non sur un constat de l'ANFR ou de n'importe quelle autre autorité. Ces données n'ont donc qu'une valeur indicative, puisque nous devons penser que les opérateurs font preuve de bonne foi. La logique est d'ailleurs la même au sujet de la couverture du pays en 4G, qui ne sera pas vérifié avant 2015 par l'ARCEP. Cela explique d'ailleurs pourquoi l'UFC souhaite que l'ARCEP réalise ses vérifications plus tôt, afin de lever toutes ambiguïtés sur le sujet. Ce à quoi l'autorité a répondu qu'elle mesurera la fiabilité des cartes de couverture 4G des opérateurs avant l'été prochain. Sachez aussi qu'un accord de l'ANFR implique une exploitation du site dans les 18 mois. Si aucune exploitation n'est réalisée, l'accord est alors perdu.