Au début du mois dernier, Google a reçu d’une société spécialisée dans la lutte contre le piratage une demande de déréférencement concernant une page Gmail, le célèbre webmail de la firme de Mountain View. Si cette dernière n'y a pas donné de suite favorable - l'entreprise ayant dénoncé l'URL a d'ailleurs reconnu que cette requête résultait d’une « erreur humaine » - cet exemple permet de souligner les limites des signalements adressés à tour de bras par les ayants droit.
Ces derniers mois, le nombre de requêtes reçues par Google afin qu’il fasse disparaître certaines URL des résultats de son moteur de recherche a encore augmenté de manière considérable. Sur la seule semaine du 7 octobre 2013, 6 498 012 pages ont ainsi été signalées comme étant illicites par les ayants droit à la firme de Mountain View, soit plus de 10 par seconde...
Si l’on ne sait pas exactement à combien de ces demandes Google donne une suite favorable (le seul chiffre disponible faisant étant de 97 % de retraits entre juillet et décembre 2011), le géant de l’internet met désormais en avant des exemples de requêtes qu’il a refusées. L’avantage est double pour Google : d’une part, il revêt son costume d’apôtre de la transparence vis-à-vis du public, et de l’autre côté il envoie un signal aux ayants droit qui le sollicitent : faites attention, vos erreurs pourront être à la vue de tous.
La page Gmail qui porterait atteinte aux vidéos de fitness
Parmi ces demandes auxquelles la firme de Mountain View n’a pas accédé, l’on observe qu’une d’entre elles vise Gmail, le webmail de Google. Il apparaît en effet que la société Piracy Patrol a demandé le 2 octobre dernier à Google de déréférencer l’URL « https://mail.google.com/mail/u/1/ », cette dernière étant accusée de porter atteinte aux droits de plusieurs vidéos de fitness d’un de ses clients. Si le géant de l’internet ne précise pas pourquoi il n’a pas déréférencé cette page, l’on peut facilement comprendre qu’il s’agissait là d’une demande manifestement erronée, qui non seulement ne visait aucun contenu illicite en particulier, mais concernait de surcroît un service de messagerie électronique.
Piracy Patrol n’a d’ailleurs pas (trop) voulu se voiler la face. « Je peux seulement dire qu’il s’agit d’une erreur humaine - et un peu idiote » a ainsi reconnu un porte-parole de l’entreprise auprès de TorrentFreak. Mais comme le font remarquer nos confrères, cet « égarement » n’est pas un cas isolé, la société ayant réclamé plusieurs fois le déréférencement de l’URL en question (voir cette requête, elle aussi du 2 octobre, ou celle-ci, datant cette fois du 14 juillet).
Mais au-delà de la situation particulière de Piracy Patrol, il s’avère que Google reçoit de manière plus ou moins fréquente des requêtes visant Gmail. C’est par exemple le cas avec cette demande, en date du 23 octobre 2013, adressée par la société RipBlock Anti Piracy au nom d'un de ses clients, Floorplay - un groupe de musique. L’on remarque également que l'URL « https://mail.google.com/mail/u/0/ » fut visée par une requête en date du 27 mars 2013 et signée cette fois par Microsoft Russie, qui prétendait que cette page portait atteinte à ses droits relatifs à Windows 8.
Heureusement pour Google, aucune page de Gmail n'a été déréférencée à tort. Tout le monde n'a toutefois pas eu cette chance. Il y a quelques mois, le réalisateur de « The Pirate Bay - AFK » a en effet vu le géant de l’internet déréférencer plusieurs pages à partir desquelles il était possible de télécharger en peer-to-peer son documentaire, - pourtant sous licence Creative Commons - et ce à la demande de différentes majors du cinéma américain (Fox, Viacom, Lionsgate...). Google a d'ailleurs eu le plus grand mal à s'expliquer sur cette affaire, au grand dam de l'intéressé.