Loin derrière le Royaume-Uni, les États-Unis ou même la Bulgarie, la France se situe à la 16ème place du classement que vient de réaliser l’Open Knowledge Foundation à propos de l’ouverture des données publiques. En cause : l’indisponibilité de données considérées comme « fondamentales », de même que les redevances réclamées par l'État pour la réutilisation de certains jeux.
Alors que le sommet annuel de l’Open Government Partnership doit s’ouvrir demain à Londres, la fondation « Open Knowledge » vient de publier les résultats d’une étude menée au travers de 70 pays par ses membres et différents acteurs de la société civile. L’objectif ? Évaluer dans quelle mesure les données publiques sont ouvertes aux citoyens dans chaque État, l’idée étant aussi de pouvoir comparer les pays entre eux. Pour ce faire, l’initiative a cherché à effectuer des distinctions en fonction de dix jeux « clés » de données détenues par les pouvoirs publics : résultats des élections, législation, horaires des transports publics, registre d’entreprises, données cartographiques, etc.
La France 16ème, derrière la Bulgarie et la Moldavie
Résultat des courses ? Cet « index de l’Open Data » place le Royaume-Uni en tête des pays où l’ouverture des données publiques est d’une manière générale la plus satisfaisante. Les États-Unis arrivent en deuxième position, suivis du Danemark.
Crédits : Open Data Fondation.
La France ne se situe quant à elle qu’en seizième place, derrière des pays comme la Moldavie ou la Bulgarie. Cette position peut paraître surprenante, étant donné les ambitions affichées tant par le précédent gouvernement que par l’actuel, qui a d’ailleurs signé cet été la charte du G8 pour l’Open Data. Elle demeure quoi qu'il en soit devant l'Autriche, la Suisse, l'Allemagne ou la Belgique.
Trop de données indisponibles ou soumises à redevance
« En France, des données publiques fondamentales restent encore indisponibles » indique l’Open Knowledge Foundation pour expliquer cette situation. En l’occurrence, différents points noirs sont mis en avant par l’organisation. C’est notamment le cas du détail des dépenses publiques, dont les données existent (y compris sous forme numérique) mais restent conservées par l’administration. De même, le fait que la SNCF ne publie toujours pas en Open Data les horaires détaillés de ses TGV est perçu comme un frein supplémentaire.
Voir le détail et les explications interactives sur le site de OKF.
Au-delà des situations où les données sont indisponibles, l’ONG regrette que certains jeux soient ouverts mais uniquement en l’échange du versement d’une redevance - laquelle peut facilement atteindre plusieurs milliers d’euros. Sont ici pointés du doigt les cas de réutilisation et de partage des données publiques du registre « Sirene » sur les entreprises, mais aussi s’agissant de la base de données LEGI (qui contient les codes officiels, les lois, décrets,...).
Parfois, les pas effectués en faveur de l’Open Data pourraient être plus poussés. « Les cartes de faible résolution fournies par l’IGN en open data limitent les possibilités de réutilisations » observe ainsi l’Open Knowledge Foundation.
L’on rappellera enfin que si tous les membres du gouvernement ont accepté d’améliorer l’accès aux données publiques au travers de la Charte de déontologie signée en mai 2012 par chaque ministre, Matignon a dû effectuer cet été une piqure de rappel à ce sujet. Jean-Marc Ayrault a en effet ordonné qu'un « vade-mecum sur l’ouverture et le partage des données publiques » circule au sein de l'administration, lequel était censé rappeler le cap fixé par l’exécutif. Certains ministères restent cependant accusés depuis plusieurs mois de freiner des quatre fers en matière d’Open Data, à l’image celui de la santé (voir notre article).