Maintenant que BlackBerry Messenger est réellement disponible sur Android et iOS, nous avons pu le prendre en main afin de savoir comment il se positionne face à la concurrence. Après une arrivée longtemps attendue, BBM peut-il réussir à convaincre dans un marché presque saturé ?
Les débuts auront été chaotiques, mais l’application BlackBerry Messenger est enfin disponible sur Android et iOS, sans file d’attente. En l’espace d’une semaine, BBM a gagné plus de 20 millions d’utilisateurs, une croissance très forte qu’il faudra relativiser. En effet, comme tout nouveau phénomène, beaucoup testent puis abandonnent pour de multiples raisons. Pourtant, l’arrivée du service est importante car il représente un argument puissant de vente pour BlackBerry.
Déjà présent sur BlackBerry, Android et iOS
L’application se télécharge donc depuis l’App Store ou Google Play et est gratuite. La création du compte ne réclame qu’une adresse email, tandis que si vous utilisez un BlackBerry, l’utilisation est plus transparente puisque c'est votre ID qui sera utilisé. Pour les besoins de nos essais, nous avons d'ailleurs fait communiquer un iPhone 5c, un Galaxy Note II ainsi qu’un BlackBerry Z10. Comme on le verra, le champ fonctionnel n’est pas équivalent selon le smartphone dont on dispose.
Globalement, quelle que soit la plateforme utilisée, on retrouve un tronc commun dans les fonctionnalités. L’ajout de contact peut se faire ainsi par le code PIN attribué à chaque utilisateur, par adresse email, par SMS ou encore par un QR-Code à scanner. Celui-ci est propre à un appareil, et non lié à un numéro de téléphone comme dans le cas de Viber ou Whatsapp par exemple.
Les contacts sont ensuite ajoutés dans une liste qui sert à déclencher plusieurs actions, dont les conversations. Ces dernières peuvent être en « tête-à-tête » ou à plusieurs. Dans ce cas, il suffit d’ajouter d’autres participants à la conversation. Notez dans ce cas que s’il s’agissait d’une conversation à deux élargie à davantage, votre contact devra approuver le premier ajout.
Conversations de groupes et partage : les bases sont là
Les conversations de groupe fonctionnent comme on s’y attend, chacun pouvant donc parler librement. Cependant, on trouve déjà une limitation importante ainsi que plusieurs soucis d’ergonomie. Car seules les notes vocales peuvent être envoyées dans une conversation à plusieurs. Dans les tête-à-tête, c'est déjà un peu plus complet puisque l'on a aussi droit aux photos sous Android et iOS, alors que les utilisateurs de BlackBerry pourront envoyer à peu près n’importe quoi, de la note vocale à la photo, en passant par les contacts, les fichiers ou encore les évènements du calendrier.
Mais au final, le simple fait de ne pas pouvoir envoyer d’images dans les conversations de groupe nous semble d’ailleurs assez incompréhensible. Certains aspects nous ont également paru étranges. Par exemple, envoyer une note vocale pour un groupe affiche ladite note autant de fois que de participants pour l'expéditeur (mais une seule voir pour les destinataires). Là encore, le choix est étrange, car à partir de trois personnes ou plus, ce partage aura tôt fait de remplir l’intégralité de l’écran.
Trop de démarcations face à la concurrence
Si le service tient toutefois ses promesses, maintenant que l’application est disponible et que plusieurs correctifs ont été publiés, le problème pour BBM est qu’il ne propose pas forcément mieux face à la concurrence. Son ergonomie est particulière et les fonctionnalités sont rangées dans plusieurs zones qui ne sont pas toujours simples à appréhender. On trouve par exemple une zone de paramétrage, mais la gestion du profil n’y est pas : il faut aller appuyer sur son propre avatar pour avoir accès à ce panneau.
En outre, si l’interface pour Android apparaît comme relativement moderne, elle semble davantage vieillotte sous iOS 7. L’application n’a semble-t-il pas été adaptée pour ce dernier, un regret quand on sait qu’elle est en travaux depuis longtemps.
BBM a le potentiel pour être un service important car il existe déjà sur les plateformes BlackBerry (évidemment), iOS et Android. En outre, la firme canadienne a déjà confirmé qu’une version pour Windows Phone 8 était en préparation, ainsi qu’une mouture web. Cette dernière pourrait d’ailleurs faire la différence car aucun concurrent ne propose une telle fonctionnalité, à moins d’inclure Skype et Hangouts, qui ne fonctionnent pas tout à fait de la même manière. Le client web permettrait de lutter plus efficacement contre certains adversaires, notamment Viber et Line qui ont la particularité de proposer aussi des applications pour Windows et OS X.
Une simplicité et une ergonomie à revoir
En outre, même si le potentiel est bel et bien présent, BlackBerry devra revoir sa copie sur certains points. À commencer par une simplification de l’interface : BBM n’a pas la facilité d'utilisation d’un WhatsApp ou d’un Viber, sans pour autant proposer davantage. Certains aspects de la sécurité semblent également à revoir. Sous Android par exemple, durant la création du compte, le mot de passe s’écrit dans un champ texte classique par défaut au risque que celui-ci soit enregistré par un système d'écriture intuitive.
Enfin, l’utilisation de BBM sur plusieurs appareils peut se révéler complexe. L’application ne se base en effet pas sur un compte, mais sur un code PIN lié à l’appareil. Ainsi, un même utilisateur possédant deux BlackBerry, ou un BlackBerry et un iPhone, ne pourra pas utiliser le même identifiant sur ses deux téléphones. À dire vrai, BBM ne se différencie pas vraiment de plusieurs de ses concurrents à ce niveau, notamment WhatsApp et Viber, qui fonctionnent sur la base d'un numéro de téléphone. Il s’agirait pourtant d’un point où le nouveau venu pourrait véritablement se différencier et retrouver Facebook Messenger ou Skype par exemple.
En l’état, toutes les bases sont réunies pour que BBM devienne un sérieux adversaire, mais BlackBerry doit revoir sa copie sur plusieurs points : une interface plus simple et plus en phase avec chaque plateforme, une vraie simplicité d’utilisation, un partage plus riche dans les conversations ainsi qu’une véritable utilisation sur de multiples appareils. Tant de points qui permettent à chaque application de marquer sa différence, et sur lesquels nous devrions bientôt revenir, de manière plus complète.
