Motorola lance une initiative intéressante : un projet de plateforme matérielle libre et ouverte qui a pour but de créer un smartphone modulaire, entièrement personnalisable. Baptisé Project Ara, il a pour but selon le constructeur de fonder un écosystème hardware équivalent à ce qu'Android a pu être pour la partie logicielle.
Il y a quelques mois de cela naissait le Phonebloks, un projet participatif qui avait pour but de faire fabriquer le premier smartphone modulaire ainsi que son écosystème matériel. Ce concept a été suivi au-delà des espérances de son créateur (107 %), Dave Hakkens, et une large communauté s'est créée autour, de près d'un million de membres.
Project Ara : un exosquelette et des modules interchangeables
Toujours est-il qu'aujourd'hui c'est Motorola qui annonce un concept similaire baptisé Ara et où la base de fans du projet et son concepteur sont conviés. Le fabricant souhaite fédérer autour de lui un environnement matériel, qui se veut libre et ouvert. Le but recherché est de permettre à n'importe quel utilisateur de choisir son smartphone élément par élément, (SoC, batterie, capteurs, écran, etc.) comme on peut le faire depuis des années dans le monde du PC. Il permet aussi de changer un composant par un autre si le besoin s'en fait sentir, sans avoir à renouveler entièrement son mobile.
Le principe de fonctionnement de ce projet Ara est que Motorola fournisse un exosquelette sur lequel chaque constructeur tiers vienne proposer son module. Ce dernier vient ensuite s'imbriquer dans un autre pour former à terme le smartphone.
Un projet ambitieux sur le papier mais un chemin parsemé d'embuches
Ambitieux projet donc, car pour le moment, on ne peut pas dire que les fabricants gravitant autour des smartphones soient très ouverts. Si l'on prend par exemple le cas des SoC, mis à part Intel qui affiche publiquement le tarif de ses puces et l'ensemble des caractéristiques techniques (incluant la fameuse enveloppe thermique ou TDP), pour tous les autres tout est mis sous couvert de confidentialité en commençant par les prix. Il sera d'ailleurs très intéressant de voir quels sont les acteurs qui vont se greffer autour de Motorola et qui vont communiquer sur le sujet.
Plus intéressant encore seront leurs actions, s'il y en a bien sûr. Car pour beaucoup d'entre eux, cela doit provoquer un changement assez profond. Il faudra s'adresser au grand public, mettre à disposition des pilotes, ce qu'ils n'ont pas tous l'habitude de faire, en commençant par Samsung ou Qualcomm pour ne citer que ces deux exemples.
Quoi qu'il en soit, Motorola recherche déjà des volontaires qui pourront aider à faire mûrir le projet et indique qu'un MDK (Module Developper Kit) sera disponible durant l'hiver, pour permettre aux fabricants tiers de créer leurs modules. Il faudra aussi voir quelle sera la plateforme logicielle retenue et si elle aussi est ouverte. S'il ne fait quasiment aucun doute qu'Android devrait être de la partie, il faudra voir les aménagements qui seront nécessaires pour accepter un tel projet. Car si chaque utilisateur doit recompiler sa propre version de l'OS pour supporter tel ou tel élément, cela risque de limiter son effet.
Toujours est-il qu'il est intéressant de voir se monter un tel projet, qui est à contre-courant de la tendance actuelle qui pousse à l'intégration maximale comme les batteries inamovibles ou l'absence de lecteur de cartes. Il faudra espérer qu'il aboutisse et qu'il n'est pas seulement question d'une affaire de communication de la part de Motorola. La société, qui appartient à Google depuis quelques années, se cherche effectivement une nouvelle identité, introduite notamment avec le Moto X, un smartphone hautement personnalisable. Il ne faudrait donc pas que ce projet de mobile modulaire ne se résume qu'à cela.
Reste donc à patienter quelques mois pour pouvoir juger du bien-fondé de ce projet.