Internet, vers la fin des bouleversements et le début de la maturité ?

Mais c'est la fin du monde alors !

Après les chamboulements liés à son enfance et son adolescence, nous dirigeons-nous vers une forme de maturité sur internet, avec des services et des acteurs stables ? La question peut sérieusement se poser, alors que ces dernières dizaines d'années ont été extrêmement mouvementées.

Auteur : Xiaowei (CC BY 3.0).

Le changement, c'était avant

Sur internet, rien n'est vraiment figé. Stagner, c'est mourir, et aucun site ni service n'oserait ne rien changer à son fonctionnement durant des années, hormis quelques exceptions. Pourtant, un véritable tournant pourrait s'opérer sur la toile, avec une forme de stabilisation. Jusqu'à aujourd'hui, le changement constant, continuel, a été la norme. Il faut dire que le nombre d'internautes n'a cessé de croitre sans interruption, les débits ont explosé, de nouvelles technologies ont émergé, de nouveaux concurrents sont arrivés, etc. ICQ, RealPlayer, Altavista, Yahoo!, Netscape puis Internet Explorer, MySpace, Caramail, Skyblog, etc. ont ainsi perdu tour à tour leur couronne, et de nouveaux usages (vidéos et musiques en streaming, réseaux sociaux, « cloud », etc.) sont devenus la norme en un rien de temps.

 

Mais déjà, à l'instar de l'informatique, certains acteurs dominent leur secteur et semblent inébranlables, comme si aucun concurrent sérieux n'avait le poids voire l'envie suffisants pour les déloger. Amazon, Google ou encore eBay, nés entre 1995 et 1998, écrasent ainsi leurs vis-à-vis et rien ne semble vouloir inverser cette tendance. Et qu'en est-il des sites ou services de la génération suivante, des années 2000, comme iTunes, YouTube ou encore Facebook ? Le premier n'a pas de concurrent sérieux (médiatiquement), le second ne cesse d'accroître son poids, quant au dernier nommé, si la concurrence existe, elle n'a pas l'air de particulièrement le perturber, même si chez les plus jeunes internautes, il se murmure que d'autres réseaux ont leur préférence.

 

Ces sites et services seront-ils encore à cette place dans dix ans ? Certains en doutent, d'autres espèrent un changement radical, mais même si sur Internet, tout va très vite, nous ne voyons strictement rien qui pourrait déloger iTunes, YouTube et Facebook, ni même Google, Amazon, eBay et consorts. Mais bien d'autres critères semblent indiquer que nous sommes proches d'un tournant.

L'évolution des débits et l'abondance

S'il y a bien un point technique qui a modifié la face d'internet et fait et défait de nombreux secteurs, c'est bien le passage du RTC au haut débit. Sans ce dernier, de nombreux sites, outils et services n'existeraient tout simplement pas ou seraient à peine développés, faute d'usage suffisant. Qu'il s'agisse des sites de vidéos, de musique en streaming, ou même des réseaux sociaux ou encore des jeux en ligne, tout ceci est soit impossible en RTC, soit particulièrement limité et imposant une optimisation spécifique.

 

Aujourd'hui, la seule nouveauté à laquelle nous devons nous attendre portera sur la hausse des débits. Pour le téléchargement, les conséquences seront minimes, tout au plus gagnerons-nous en qualité et cela poussera plus encore à la dématérialisation. Rien de révolutionnaire en somme. L'explosion des débits en upload pourrait par contre avoir d'importantes conséquences, mais cela demeure encore à déterminer. Et si certains usages changeront ou se développeront assurément grâce à un upload à plusieurs dizaines de Mb/s (et plusieurs centaines et milliers dans le futur), faut-il pour autant s'attendre à une forte modification de nos habitudes ? Pas si sûr, d'autant que pour la plupart des gens encore, Internet, c'est recevoir et non donner. Un égoïsme, pour ne pas dire un narcissisme, qui ne pousse pas à l'optimisme. 

La croissance du nombre d'internautes

Si en Afrique, en Amérique Latine et dans les pays asiatiques (hors Japon et Corée du Sud), le nombre d'internautes va encore fortement progresser, en Europe, en Amérique du Nord ou encore en Australie, nous sommes déjà proches de la maturité. Tous les jeunes ou presque sont connectés, et les plus anciens qui ne veulent pas s'y mettre ont peu de chance de changer d'avis. Pour de nombreux sites et services internet, cette stagnation imminente implique donc une stratégie totalement différente.

 

Auparavant, capter l'attention des nouveaux internautes était primordial. Dès lors que ces derniers se raréfieront, cela entrainera deux scénarios : certains sites qui resteront sur le même créneau vont stagner (voire régresser), car la population cible maximale sera atteinte, l'autre scénario étant que d'autres sites, pour progresser, devront trouver le moyen de sortir du lot. Cela poussera à l'innovation, mais aussi et surtout aux rachats, aux fusions et à la concentration. Depuis les débuts d'internet et plus particulièrement du web, les sites ont assuré leur croissance en grande partie du fait de la progression même du nombre d'internautes. Dès lors que cette dernière n'est plus, toute la stratégie s'en verra donc chamboulée. Il y aura forcément de la casse, et à ce jeu, ceux qui sont les plus solides financièrement aujourd'hui seront les survivants de demain. Les autres, eux, disparaitront ou se feront racheter. La loi de l'économie et plus encore des startups, poussée à son paroxysme.

 

Si l'on cumule ces trois critères, à savoir la présence d'acteurs majeurs difficiles à déboulonner, une évolution des débits sans grandes conséquences et une croissance nulle des internautes (hors pays en voie de développement), nous obtenons donc une situation qui ne prête plus voie aux changements de grande envergure.

L'internet mobile et l'auto-hébergement

Bien entendu, un point majeur manque à cette argumentation : le mobile. L'explosion de l'internet mobile, encore très récente, est évidemment au cœur des stratégies des sites, qu'ils soient des années 90 ou 2000. Mais nous retrouvons finalement les mêmes acteurs (toujours à quelques exceptions près), la seule différence étant le remplacement des sites par des applications. Tout au plus, le prochain changement pourrait donc être une importance accrue des applications. Cela n'aurait toutefois rien de bien exceptionnel ni de révolutionnaire, et ne changerait pas tant de choses que cela par rapport à aujourd'hui.

 

Il faudra donc chercher ailleurs si l'on veut trouver un nouveau cap. Peut-être, par exemple, que la prochaine décennie sera ainsi marquée par l'auto-hébergement de très nombreux services (blogs, courriels, photos, vidéos, musiques, etc.). Avec l'explosion de la surveillance massive et des fuites de données, un phénomène en ce sens pourrait s'enclencher si le sujet ne s'essouffle pas rapidement. Encore faudrait-il que cela dépasse la sphère étriquée des geeks et que le grand public s'y intéresse de plus près, et l'adopte, ce qui est bien loin d'être gagné. Mais si cela venait à réellement se répandre, de nombreuses entreprises déchanteront et mettront la clé sous la porte. Et là encore, il faudra s'adapter. Ou mourir.

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