Afin de proposer de bons débits aux habitants ruraux ayant la malchance d'être mal (ou pas) desservi en ADSL, Orange et Bouygues Telecom ont décidé d'y déployer des antennes 4G LTE. Moins coûteuse que d'installer des lignes fixes, l'opération vise à réduire les inégalités sur le territoire dans l'optique du Plan Très Haut Débit et de l'aménagement numérique du territoire.
La 4G LTE en sauveuse des villages perdus
Alors que de nombreuses villes peuvent goûter à de la fibre ou à d'excellents débits en ADSL selon le lieu où l'on habite, certains villages sont encore en bas débit et d'autres disposent de l'ADSL, mais à des niveaux de vitesse bien plus faibles. Passer de tels débits à de la 4G LTE est donc un bond gigantesque. Orange a annoncé en ce sens une expérimentation « dans plusieurs territoires encore mal desservis par l’ADSL », et en particulier pour les habitants dont le domicile est éloigné du NRA. Bouygues Telecom en a fait de même.
Selon l'opérateur historique, l'expérience aura lieu dans trois types de territoires différents, notamment en montagne. Orange précise qu'il proposera à ses clients « un équipement permettant de connecter leur ordinateur a internet. Cet équipement (boîtier + antenne) sera lui-même relié au réseau mobile 4G d’Orange ». Vendredi prochain, l'opérateur détaillera son plan plus amplement lors d’une conférence de presse.
Du côté de Bouygues Telecom, qui visera spécifiquement les villages de montagne, des expérimentations débuteront au premier trimestre de l'année prochaine, ceci en exploitant la bande 800 MHz. Le FAI précise que ces tests seront totalement gratuits pour les utilisateurs et qu'ils dureront plusieurs mois.
Si l'on parle ici de tests et d'expérimentations, c'est pour la simple et bonne raison qu'Orange et Bouygues Telecom ont pour objectif d'évaluer les moyens qui devront être utilisés par les opérateurs afin d'offrir du très haut débit partout, peu importe la technologie déployée. Le dernier Plan Très Haut Débit vise en effet à offrir un débit de 50 Mb/s minimum pour tous d'ici 2023, ce qui implique des dépenses de plusieurs dizaines de milliards d'euros. Si la fibre optique est le meilleur moyen pour atteindre ce but à long terme, il est néanmoins difficile d'imaginer que les villages les plus reculés et difficilement accessibles puissent s'offrir le luxe du FTTH.
Le Plan Très Haut Débit avance petit à petit
Passer par du très haut débit mobile pour une population de toute façon limitée en nombre est donc l'une des solutions proposées, en sus des offres satellites par exemple. Il y a quelques jours, Fleur Pellerin, qui s'occupe du dossier épineux du Plan Très Haut Débit, indiquait d'ailleurs à l'Assemblée nationale qu'il était déjà bien engagé. « La mission Très haut débit que nous avons mise en place pour piloter, tant sur le plan technique que sur le plan financier, les schémas de déploiement des collectivités territoriales a d’ores et déjà reçu une quarantaine de projets couvrant une cinquantaine de départements ».
La ministre déléguée chargée des PME, de l’innovation et de l’économie numérique, a précisé qu'entre 2012 et 2022, les dépenses de l'État seul s'élèveront à environ 3,3 milliards d’euros afin d'y déployer principalement de la fibre optique pour soutenir des projets de réseaux d'initiative publique. Cette somme sera essentiellement allouée aux régions et départements les plus pauvres et désertiques de France, ceux où les opérateurs éviteront en priorité du fait d'un retour sur investissement trop faible. Des territoires comme la Normandie, l'Auvergne ou encore le Limousin seront ainsi bien plus aidés que l'Île-de-France et la région PACA.
En matière de 4G LTE, rappelons tout de même que SFR, Orange, Bouygues Telecom et Free Mobile ont l'obligation de couvrir au moins 90 % de la population de chaque département français (pour la bande 800 MHz), ceci afin de « garantir une certaine homogénéité territoriale dans les déploiements ». Sachant que l'objectif est de couvrir 99,6 % de la population française métropolitaine d'ici 2027.