Taxis : plusieurs VTC tournent en ridicule les 15 minutes d'attente obligatoires

Sauf pour les hôtels de luxe et les salons

Dans le bras de fer qui oppose les taxis traditionnels aux services Voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), le gouvernement a trouvé une solution qui n’est vraiment pas au goût de ces derniers, lesquels tentent de surfer sur les nouvelles technologies pour proposer des services rapides aux clients.

Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, et sa collègue Sylvia Pinel, ministre de l’Artisanat, ont finalement tranché le litige qui oppose les taxis aux services de VTC. « Un dispositif équilibré au bénéfice des acteurs du secteur comme de leurs utilisateurs » assure un communiqué commun des deux ministères. D'un côté du ring, des taxis soumis à des contraintes d'accès (formation, licences négociée sur le marché plus de 200 000 euros) de l'autre les VTC, les véhicules de tourisme avec chauffeur, profession non réglementée.

 

Il est ainsi prévu de mettre en circulation 1 000 taxis supplémentaires sur Paris. Ces nouvelles licences seront cependant conditionnées par l’engagement du chauffeur de travailler sur des plages horaires surchargées en demandes, spécialement les nuits du vendredi et du samedi.

 

Surtout, dès le 1er janvier 2014, les nouveaux opérateurs VTC devront respecter un délai de 15 minutes entre la réservation préalable et la prise en charge par leur chauffeur. Seules exceptions : « ce délai ne s’appliquera pas aux activités liées au tourisme que sont la prise en charge du client à partir d’un hôtel haut de gamme ou à l’occasion d’un salon professionnel ». En somme, les clients fortunés n’auront pas à attendre, contrairement à ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir de telles prestations hôtelières, sauf à l’occasion de salons.

#PourNePasFaireDeConcurrence

Chauffeur Privé, Le Cab, Allocab et SnapCar, qui proposent des applications connectées à un réseau de voitures avec chauffeur, ont décidé de tourner au ridicule cette décision protectrice. « Pour dénoncer la mesure absurde des 15 minutes d'attente que @manuelvalls veut imposer aux VTC sous la pression du lobby des taxis, partagez sur Twitter vos parodies avec le hashtag #PourNePasFaireDeConcurrence ! » appellent-ils via un site monté pour l’occasion.

 

snapcar

 

Parmi les tweets listés sur ce site, certains proposent par exemple que « #PourNePasFaireDeConcurrence au courrier postal, le courrier électronique sera remis à J+1 », « #PourNePasFaireDeConcurrence aux journalistes, les blogueurs devraient attendre 15 jours avant de publier une info , « #PourNePasFaireDeConcurrence aux autres FAI, Free devra attendre 15 minutes avant de streamer une vidéo sur YouTube », tweet suivi d’un piquant « Oh wait ! ». 

 

Signalons également ce tweet qui demande que pour ne pas concurrencer les taxis G7, « les chauffeurs VTC devront attendre 15 min avant d'être polis avec le client », ou ce message « #PourNePasFaireDeConcurrence au minitel, les internet mettront 15 min à s'allumer », sans oublier « #PourNePasFaireDeConcurrence à la 3G, les téléphones 4 G sonneront 15 min après l'appel ».

Une pétition lancée par Uber

Le service Uber, proposé à Paris et Lyon, préfère lui la pétition sur Change.org, laquelle a déjà amassé près de 5 000 signatures. « Si une voiture se présente en 5 minutes, une telle mesure vous imposerait d’attendre 10 minutes debout devant le véhicule avant de pouvoir légalement monter à bord. Ne pas respecter ce délai de 15 minutes constituerait une infraction. ».

 

uber

 

Cet autre service de VTC qui s’appuie sur une armada de services en ligne et de géolocalisation en vient du coup à se demander « pourquoi tuer l’innovation et le progrès, et priver de la sorte des milliers de chauffeurs d’une opportunité professionnelle ? », avec une réponse simple : « parce que la puissante industrie des taxis exerce une pression menaçante pour défendre ses intérêts privés au détriment des habitants de Paris et de Lyon », considère Pierre-Dimitri, représentant d’Uber France.

 

Dans cette querelle entre les anciens et les modernes, les premiers rappellent qu’ils sont soumis à de coûteuses licences, astreints à des formations d’accès notamment, alors que les seconds surfent à plein régime sur les nouvelles technologies et les applications sur smartphone pour pousser l’innovation au volant.

 

La mesure des 15 minutes a été taclée par Nicolas Collin (Futurbulences, Renaissance numérique, Cap Digital, etc .) qui sur son blog tenu avec Henri Verdier, dénonce une économie atrophiée et inégalitaire. « Les industries créatives sont déjà affectées depuis longtemps par les entraves à l'innovation. Les hôteliers déploient un lobbying à grande échelle pour que la loi soit durcie et les protège sur trois fronts : celui des intermédiaires déjà en place sur le marché de la réservation de chambres d'hôtels ; celui de Google, qui rentre sur ce marché avec Hotel Finder ; celui d'AirBnB, qui intensifie la concurrence sur le marché de l'hébergement en faisant arriver sur le marché les chambres et habitations mises sur le marché par les particuliers. Les libraires semblent en passe d'obtenir une interdiction de livrer gratuitement à domicile les livres commandés via les applications de vente à distance. Bref, à mesure que le numérique dévore le monde, les incendies se déclarent un peu partout et la réponse est toujours la même : on érige une barrière règlementaire qui dissuade l'allocation de capital à des activités innovantes et empêche donc à terme l'émergence de champions français dans ces secteurs ».

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