Alors que Google reçoit désormais des millions de demandes de déréférencement chaque semaine, la montée en régime du dispositif continue de montrer ses effets pervers. Dernière illustration en date : cette requête d’un distributeur visant à faire censurer des articles de presse et une page IMDb portant sur un de ses propres films.
Le nombre de requêtes adressées à Google n'a jamais été si important.
Dans une requête en date du 20 septembre et adressée par Magnolia Pictures, un distributeur de films indépendants, Google a été prié de bien vouloir faire disparaître des résultats de son moteur de recherche plusieurs centaines d’URL, toutes accusées de porter atteinte aux droits de la société. C’est d’ailleurs la législation américaine sur le DMCA qui encadre une telle procédure : dès lors qu’un ayant droit avertit la firme de Mountain View qu’une page renferme des contenus considérés comme illicites, Google est tenu de déréférencer l’URL correspondante s'il ne veut pas voir sa responsabilité engagée. Le dispositif, même s’il est critiqué par certains ayants droit, permet à ces derniers d’empêcher l’accès à des pages « pirates » depuis le célèbre moteur de recherche.
Si les pages dénoncées au travers de cette requête repérée par TorrentFreak appartiennent pour la plupart à des sites très fréquemment visés par ce type de requête (The Pirate Bay, H33T, ExtraTorrent...), certaines sont en revanche plus surprenantes. En effet, l’on remarque que le distributeur a réclamé à Google le déréférencement de la page IMDb du documentaire « Évocateur - The Morton Downey Jr. Movie ». Problème : non seulement cette page n’a a priori rien d’illicite puisqu’elle décrit un film et permet aux internautes de lui donner une note (un peu comme une page Allociné), mais surtout, celle-ci porte sur une œuvre distribuée par... Magnolia Pictures !
Ce n’est pas tout, puisque la société américaine a également réclamé au géant de l’internet qu’il coupe les ponts vers deux articles de presse parus sur les sites Internet de « The Week » et « Salon », portant tous les deux sur ce même documentaire. Google a également été invité à déréférencer la bande-annonce du film, diffusée notamment sur Dailymotion.
Extrait de la requête DMCA de Magnolia Pictures.
Une montée en régime qui s'accompagne d'exemples croissants de ses limites
Heureusement pour le distributeur, Google n’a pas donné suite à ces demandes de déréférencement. Tous n’ont cependant pas eu cette chance. Le réalisateur du documentaire « The Pirate Bay - Away From Keyboard » a effectivement eu la mauvaise surprise de voir il y a quelques mois la firme de Mountain View accepter de telles requêtes visant des pages à partir desquelles il était possible de télécharger son film, pourtant proposé à tous sous licence Creative Commons. Les demandes émanaient d’ailleurs de grandes majors du cinéma américain, telles que la Fox, Lionsgate ou Viacom. Google, qui procède à un examen de la requête avant de s'y plier, ne s’est jamais expliqué sur cet épisode.
Rappelons enfin que la récente requête de Magnolia Pictures n’est pas un cas à part, au contraire. La société française LeakID, opérant pour le compte de Microsoft, s’est par exemple fait remarquer cet été pour avoir réclamé le déréférencement de plusieurs pages du site officiel de... Microsoft. Un nouvel incident visant cette fois la page Wikipédia d’Office 2007 a cependant conduit la société américaine a annoncer il y a deux semaines que LeakID n’enverrait plus de demandes de retrait en son nom.
