La nouvelle unité de police dont s’est doté le Royaume-Uni afin de lutter contre le piratage d’œuvres protégées sur Internet n’aura pas tardé à produire ses premiers résultats. Plusieurs sites viennent en effet de voir leurs noms de domaine suspendus après que la fameuse brigade spéciale ait invité leurs registraires à mettre en place de telles mesures de rétorsion. Sans toutefois que la justice n'ait encore jugé ces sites comme étant illicites.
Depuis hier, plusieurs sites de liens torrents ou de téléchargement direct sont inaccessibles : ExtraTorrent.com, Full-albums.net, MisterTorrent.me, emp3world.com, etc. Et pour cause : leurs noms de domaine pourraient avoir été suspendus, comme le révèle TorrentFreak. Nos confrères affirment en effet que la « Police Intellectual Property Crime Unit » du Royaume-Uni (PIPCU), inaugurée il y a quelques semaines à peine, s’est rapprochée de différents registraires de noms de domaine afin d’obtenir des dizaines de ces blocages - présentés comme temporaires.
Des registraires priés de suspendre les noms de domaine dans les 48 heures
Dans un courrier adressé à EasyDNS, l’unité spéciale britannique demande par exemple à l’organisation canadienne si le nom de domaine du site torrentpond.com a été enregistré par ses soins. Si tel était le cas, alors l’institution serait invitée à bien vouloir le suspendre, puis de rediriger les internautes souhaitant y accéder vers une page avertissant que la PIPCU a demandé une telle mesure.
Motif invoqué par la nouvelle brigade en charge de faire respecter le droit d’auteur sur le Net ? Les propriétaires de ce nom de domaine sont « soupçonnés d'être impliqués dans la distribution criminelle de contenus sous copyright ». Autrement dit, ils sont accusés de piratage, mais restent présumés innocents. Sans qu’aucune décision de justice n’ait été prononcée, les policiers britanniques tentent de persuader les registraires : « La PIPCU dispose des pouvoirs en matière civile et pénale pour saisir de l'argent, des biens et toute propriété en lien avec ces infractions [au droit d’auteur, NDLR] » lance ainsi l’unité spéciale.
Pour que la pilule passe plus facilement, la PIPCU affirme qu’une telle suspension est justifiée au regard des règles de l’ICANN ainsi que des conditions d’utilisation du registraire. S’il ne veut pas que la procédure se complique, ce dernier est par ailleurs prié de s’exécuter dans les 48 heures suivant la notification.
Certains sites ont commencé à changer de nom de domaine
Résultat ? Plusieurs sites accusés de piratage se trouvent aujourd’hui inaccessibles. Mais les stratégies de contournement n’ont pas tardé à se mettre en place. L’administrateur de SumoTorrent.com a par exemple rapidement migré son site vers le nom de domaine SumoTorrent.sx. Il y a fort à parier que d'autres en fassent de même.
De plus, si certains registraires se sont manifestement pliés aux exigences de la PIPCU, ce n’est pas le cas de tous. En l’occurrence, EasyDNS a refusé d’exécuter cet ordre considéré comme dépourvu de fondement, ce qui pourrait expliquer pourquoi torrentpond.com est toujours accessible.