Au terme d’une bataille devant les tribunaux contre IBM, Amazon a remporté un énorme contrat de 600 millions de dollars avec la CIA. Objectif, construire pour l’agence de renseignement un immense centre de données pour mettre en place une infrastructure de type cloud. Un revers significatif pour IBM, qui compte déposer un recours devant la cour d’Appel.
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Amazon et IBM dans un bateau
La CIA (Central Intelligence Agency) est concernée, comme toutes les autres agences gouvernementales, par les appels d’offres. Elle cherche notamment à obtenir une infrastructure de type cloud pour une partie de ses opérations et a donc lancé un appel auquel ont répondu essentiellement deux entreprises : Amazon et IBM.
Les deux concurrents sont dans des situations opposées. Amazon est ainsi souvent considéré comme ayant une infrastructure plus souple et plus élastique avec son offre AWS, Amazon Web Services. L’entreprise dispose de nombreux clients, mais pas dans la catégorie « critique », ce qui lui permettrait de gagner en légitimité dans ce domaine. Situation inverse pour IBM qui n’a plus rien à prouver en termes de légitimité, mais dont les offres sont potentiellement moins souples.
IBM tombe à l'eau
Or, c’est justement ce qui a été retenu pour sacrer Amazon vainqueur de l’appel d’offres, indique Reuters. Une victoire contestée dans la foulée en janvier dernier par IBM, qui a déposé plainte contre son adversaire. Au cœur de la bataille, un avis rendu par le Government Accountability Office (GAO), un organisme gouvernemental d’audit et d’évaluation. Un organe particulièrement important aux États-Unis, car il avait mis en avant en 2009, en pleine crise financière, que des entreprises bénéficiant d’aides de l’État possédaient des filiales dans des paradis fiscaux. Et selon ce même GAO, des zones d’ombre existaient dans l’offre d’Amazon.
Selon le GAO en effet, les propositions d’Amazon ne remplissaient pas tous les critères. Un examen pratiqué à la demande d’IBM bien sûr. Mécontent d’un tel avis, Amazon avait immédiatement déposé plainte contre l’organisme, arguant qu’une telle décision était « arbitraire et capricieuse ». Une audience avait donc lieu hier pour trancher, et le juge fédéral Thomas Wheeler a finalement donné raison à Amazon selon le Seattle Times.
Ne pas laisser Amazon gagner en crédibilité
Dans un communiqué, IBM s’est dit déçue « du jugement rendu par la Court of Federal Claims, inversant la recommandation du GAO de rouvrir la compétition et de corriger les failles dans le processus d’enchères ». Et Big Blue ne compte en rester là puisque la firme a déjà annoncé son intention de déposer un recours devant la cour d’Appel. IBM juge en effet que la décision du tribunal fédéral est « particulièrement inappropriée » pour deux raisons : son offre était plus rentable et l’entreprise a un long historique de plusieurs décennies dans la fourniture de matériel et de services au gouvernement américain.
Seulement voilà, Amazon fait partie des premières entreprises à avoir forgé la vision du cloud tel que l’on connaît aujourd’hui : une infrastructure permettant un haut degré de souplesse, notamment en créant à la volée des instances de calculs au fur et à mesure que les besoins grandissent. Dans ce domaine, Amazon se bat d’ailleurs frontalement avec Microsoft, dont l’offre Windows Azure joue également dans la cour de l’infrastructure en tant que service (IaaS).
Et pour Amazon, il s’agit d’un pas plus que significatif. Avec l’obtention du contrat pour la CIA, ses Web Services gagnent nettement en crédibilité : si l’entreprise est capable de répondre aux demandes strictes d’une telle agence, d’autres pourraient se tourner vers ses produits. En face, IBM peut difficilement accepter la défaite : non seulement le contrat de 600 millions de dollars lui glisse entre les mains, mais il renforce Amazon pour les prochains appels d’offres.