Si la Russie est régulièrement pointée du doigt par l’association Reporters Sans Frontières pour son manque de respect des libertés sur Internet, le pays contrôlé par Vladimir Poutine pourrait rencontrer davantage de remontrances à ce sujet dans les jours à venir. La presse britannique vient en effet de révéler l’ampleur de l’espionnage des communications, qu'elles soient effectuées par téléphone ou via Internet, qui devrait avoir lieu lors des prochains Jeux Olympiques d’hiver, qui se tiendront en février 2014 à Sotchi, en Russie.
C’est la ville de Sotchi, en Russie, qui a été désignée pour accueillir les prochains Jeux Olympiques d’hiver, lesquels auront lieu du 7 au 23 février 2014. Athlètes et visiteurs devront cependant prendre garde à leurs communications lors de leur séjour en ex-URSS. Le quotidien britannique The Guardian a en effet révélé hier que les autorités russes allaient opérer lors de cet événement une surveillance des échanges téléphoniques et électroniques extrêmement poussée.
Du DPI pour intercepter communications téléphoniques et électroniques
En l’occurrence, le Service fédéral de sécurité de Russie (FSB) devrait être en mesure d’intercepter l’ensemble des appels téléphoniques et autres communications effectuées grâce à Internet. L’ex-KGB pourrait même détecter certains mots-clés, par exemple dans les emails, les chats, sur les réseaux sociaux, etc. Ce type d’espionnage s’apparente très clairement à de l’utilisation de technologies dites de « Deep Packet Inspection », au travers desquelles les paquets transitant par le réseau sont analysés.
Mais pour pouvoir exercer ce type d’espionnage des communications, la Russie a dû faire des efforts sur un plan technologique. À l’appui des investigations menées par les journalistes russes Andrei Soldatov et Irina Borogan, le Guardian explique justement que depuis 2010, le régime de Vladimir Poutine modernise un programme de surveillance dénommé « Sorm ». L’ensemble des opérateurs de téléphonie et les FAI du pays ont ainsi été sommés d’installer des « boîtes Sorm ». À partir de ces mouchards, le FSB peut accéder aux communications sans même que les intermédiaires techniques n’en soient informés. « Bien que le FSB soit techniquement tenu d’avoir un mandat pour intercepter une communication, il n'est pas obligé de le présenter à qui que ce soit » ajoute le quotidien britannique.
Modernisation du programme Sorm
Des exigences techniques ont été imposées aux différents opérateurs afin que leurs installations soient conformes avec le fameux dispositif, en priorité dans la région de Sotchi et ses environs. L’objectif était également d’être en capacité de supporter l’important trafic de données attendu lors des prochains Jeux Olympiques.
Mais pourquoi déployer de telles capacités de surveillance ? Au nom de la lutte contre le terrorisme ? Pas tellement, à en croire le Guardian, qui n’évoque jamais ce motif. Si les autorités n’ont pas communiqué sur ce dispositif d’espionnage, nos confrères britanniques mettent en avant la volonté du régime de Poutine de garder un œil attentif sur les échanges relatifs à l’homosexualité. La Russie a en effet adopté cette année différentes mesures législatives défavorables aux gays, en interdisant par exemple « la propagande homosexuelle ». Or certains athlètes pourraient être tentés de profiter des JO pour afficher leur désapprobation vis-à-vis du régime russe.