Sauf retard, Free Mobile devrait présenter à ses clients une offre subventionnée comprenant un mobile gratuit ou à prix raboté. Un changement stratégique majeur mais indispensable pour l'opérateur du fait des comportements des Français. De quoi faire trembler la concurrence, déjà secouée par l'arrivée de Free Mobile avec uniquement des offres sans engagement ? Pour le moment, celle-ci reste confiante.
« Ce n'est pas suffisant »
Depuis son procès perdu face à SFR sur les téléphones subventionnés au début de l'année, nous savons que Free Mobile réfléchit sérieusement à proposer des forfaits de ce type. L'opérateur avait pourtant pointé du doigt ces offres, parfois durement, estimant qu'il s'agissait d'une « façon de faire du crédit à la consommation déguisé… sans se soumettre aux contraintes légales. Cela revient à pratiquer des taux d’usure de 300 ou 400 % que le consommateur ne voit pas » expliquait ainsi dans le passé Xavier Niel, le fondateur d'Iliad, maison-mère de Free et Free Mobile.
En mars, nous apprenions ainsi que Free comptait changer son fusil d'épaule en faveur de la subvention. Début avril, Xavier Niel expliquait déjà à nos confrères du magazine 01net que le crédit à la consommation, seul moyen proposé par Free pour diminuer le tarif des téléphones, était peu apprécié par les clients. « C'est vrai que nous n'avons pas réussi à toucher celui des forfaits avec téléphone subventionné. En arrivant avec une offre sans engagement et un crédit à la consommation pour payer le mobile, nous pensions naïvement que ça marcherait. Or ce n'est pas suffisant » précisait-il.
Le patron constatait ainsi amèrement que les clients sont encore trop habitués au système de subvention, plus pratique que de passer par une banque. Une question de facilité, de simplicité, que ne propose pour le moment pas Free Mobile. Ce qui au bout d'un certain temps ne peut que lui poser des problèmes. Afin d'assurer sa croissance, l'opérateur se voit donc forcé de plier sous le poids de la demande. D'autant plus que selon un récent papier de Capital, Free Mobile a tout le mal du monde à écouler ses smartphones achetés aux constructeurs. Il lui faut donc trouver une solution pour pallier cette problématique. Restait alors à connaître la méthode appliquée par l'opérateur. Sera-t-elle similaire à celle de ses concurrents ? Quels seront les tarifs ? S'agira-t-il des offres actuelles avec quelques euros supplémentaires pour payer le smartphone, ou de toutes nouvelles offres ?
Un tarif plus important, mais avec un forfait amélioré
Une réponse a été partiellement donnée au mois de juillet, via Vente Privée. Free a ainsi proposé un forfait subventionné à 39,99 euros par mois (35,99 euros pour les abonnés Freebox). Ce forfait, tout illimité (voix, SMS et MMS), intégrait 6 Go de données et avec le double de destinations internationales pour les appels à l'étranger. À l'époque, l'offre était particulièrement agressive, avec des différences de plusieurs centaines d'euros par rapport à la concurrence. De quoi mettre une véritable claque à cette dernière en cas de généralisation du forfait.
Mais cette offre était bien confinée à Vente Privée et n'a pas été proposée à tous les clients par la suite. Début septembre, Maxime Lombardini, le directeur général délégué d'Iliad déclarait au micro de BFM Business que « d'ici la fin de l'année on a effectivement l'idée d'offrir quelque chose de plus simple et de plus attractif que ce qui se fait aujourd'hui », le sujet portant bien sur la mise à disposition d'un terminal avec un forfait, soit un système de subvention.
S'adapter à une concurrence plus forte
D'ici ces prochains mois, peut-être en novembre ou en décembre afin de profiter des ventes de Noël, Free Mobile devrait donc dévoiler de nouvelles offres. Seront-elles équivalentes à celle de Vente Privée ? C'est une possibilité, même si Free devra forcément prendre en compte les nouveautés de ses concurrents. Aujourd'hui, un opérateur comme Bouygues Telecom, par exemple, propose un forfait 4G LTE avec 8 Go de données pour 44,99 euros par mois avec un mobile, avec deux mois offerts (si souscrit sur le web), 50 euros de remboursés si l'on garde son numéro, ceci pour un engagement de 24 mois. L'opérateur impose toutefois un surcoût entre 5 et 8 euros par mois si l'on opte pour un smartphone dernier cri, sans compter le tarif réduit de l'appareil. Mais quoi qu'il en soit, la concurrence est d'ores et déjà plus rude que cet été du fait des nouveaux forfaits 4G.
À l'instar du sujet de la 4G, Free reste pour l'instant très discret sur la subvention des téléphones, ce qui ne peut que créer des rumeurs et titiller l'imagination. Une annonce commune avec des téléphones subventionnés et de la 4G pourrait par exemple être réalisée afin de rattraper la concurrence sur les deux plans.
« Ils ne sont pas à l'abri d'un échec »
Du côté de la concurrence, il semble pour le moment que les futures offres de Free Mobile ne fassent trembler personne. Sous couvert d'anonymat, l'un des opérateurs concurrents a ainsi affirmé à Reuters qu'il « n'anticipe pas d'exode massif s'ils restent sur le modèle de Vente Privée ». Cet opérateur explique même que Free pourrait avoir quelques difficultés, du fait de la logistique importante que les subventions impliquent. « C'est un autre métier. Ils ne sont pas à l'abri d'un échec. »
Un autre concurrent, qui là encore souhaite rester anonyme, a pour sa part déclaré que les marges de manœuvre de Free seront forcément limitées pour réduire les tarifs : « nous avons tous à peu près les mêmes coûts d'acquisition des téléphones donc ce sera probablement difficile pour eux de réduire de beaucoup le prix facial du mobile ». Mais avec les forfaits, les écarts peuvent se creuser, comme notre comparatif l'avait parfaitement démontré lors de la présentation de l'offre subventionnée chez Vente Privée.
Il faut de plus rappeler qu'avant le lancement de Free Mobile début 2012, ou encore du forfait de Free à 29,99 euros par mois en 2002, les concurrents étaient particulièrement confiants. Ceci pour les conséquences que nous connaissons.