En juillet dernier, à Lyon, Manuel Valls avait promis que l’exécutif présenterait « à la rentrée un projet qui, avec le temps nécessaire, engage la police nationale et la gendarmerie dans cette voix de modernité, et notamment à travers les réseaux [sociaux] ». Hier, le locataire de la Place Beauvau a évoqué une nouvelle fois sa vision de la « police 2.0 », mais s’est contenté de renvoyer à un groupe de travail la mission de réfléchir à la concrétisation de ses pistes.
« Internet et les réseaux sociaux offrent des perspectives que nous n'apprivoisons que trop lentement. » Cette phrase a été prononcée hier par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, lequel s’adressait à un parterre d'officiers de police et de gendarmerie dans le cadre de son discours annuel aux forces de sécurité. Et pour cause, le locataire de la Place Beauvau a réaffirmé son souhait de voir émerger une « communication moderne avec le public ».
Afin de renforcer le lien de proximité avec la population, le ministre de l’Intérieur a expliqué qu’il fallait « nécessairement » développer des « outils pertinents ». Et ce dernier de préciser sa pensée : « Je sais que des initiatives existent ça et là... Mais nous sommes loin d'avoir tiré tout le parti possible des réseaux sociaux pour toucher la diversité des publics : jeunes, commerçants, riverains de tels ou tels quartiers, élus, travailleurs sociaux » a-t-il ainsi déclaré.
Bâtir « la police et la gendarmerie de demain »
Manuel Valls a ainsi plaidé - une nouvelle fois - pour la mise en place d’une police et d’une gendarmerie « 2.0 », le locataire de la place Beauvau anticipant même l’avènement de la police et la gendarmerie « 3.0 ». « Pourquoi, parallèlement aux numéros d'urgence, ne pas développer davantage de dispositifs de main courante ou de signalement en ligne ou d'échange avec la population ? » s’est ainsi interrogé le ministre de l’Intérieur.
En l’occurrence, ce dernier a mis en avant la possibilité de « s'appuyer sur les réseaux sociaux pour recueillir les doléances de la population ». Car il faut bien reconnaître que, pour l’heure, si la police nationale est par exemple déjà présente sur Twitter (5 000 abonnés à ce jour) ou sur Facebook (37 800 « j’aime »), le tout sert essentiellement de vitrine visant à mettre en avant les actualités du ministère...
Le ministre vante les dispositifs de pré-plainte en ligne et de signalements à l'IGPN
Manuel Valls n’a quoi qu’il en soit pas manqué de souligner les efforts engagés sur ce plan de la modernisation, en évoquant notamment la généralisation - depuis le début de l’année - du dispositif de pré-plainte en ligne. Même si celui-ci reste limité à certaines infractions et conduit le plaignant à se rendre quoi qu’il arrive au poste pour effectuer le dépôt de plainte, le ministre de l’Intérieur a affirmé qu’il ne s’agissait « pas d'un gadget ». « Il nous faut aller plus loin ! Regardons ce que le ministère des Finances a accompli en quelques années en matière de déclaration d'impôts en ligne. Alors même qu'il ne s'agit pas d'un acte juridique anodin pour les Français » a-t-il fait valoir.
Le « premier flic de France » a également mis en avant la mise en place, depuis le mois dernier, d’une plateforme permettant de signaler certains comportements des forces de l’ordre à l’IGPN, la police des polices. Pour le ministre de l’Intérieur, « ce nouvel outil est la marque d'un service public moderne et attentif aux attentes de l'usager ». Tout en affirmant que ceci faisait « grincer certaines dents » - le dispositif ayant notamment suscité les critiques de quelques syndicats de policiers - Manuel Valls a conforté son soutien à ce « moyen simple et pratique de signaler les manquements à la déontologie dont [des citoyens] auraient été témoins ou victimes ».
Un groupe de réflexion prospective en charge des questions technologiques
Mais ces forces de l’ordre « 2.0 » ou « 3.0 » ne passent pas que par l’utilisation du Web pour améliorer les relations avec les usagers. Pour Manuel Valls, il s’agit aussi « de moderniser les équipements d'intervention avec des tenues intégrant des tissus intelligents, des capteurs, de moyens de communication et notamment des caméras. C'est un enjeu de sécurité aussi pour les personnels » a-t-il fait valoir. Le ministre de l’Intérieur a également évoqué l’importance du développement de « l’internet des objets ».
Face à ce qu’il considère être un « chantier tout à fait essentiel », le ministre de l’Intérieur a annoncé que toutes ces pistes seraient « explorées au cours des prochains mois par trois groupes de réflexion prospective ». L’un d’entre eux travaillera tout particulièrement sur « les questions technologiques », en lien avec celui consacré aux problématiques de sécurité publique. Ayant pour objectif de préparer le prochain programme budgétaire triennal 2015-2017, ce groupe de travail devra formuler des propositions et des priorités d'investissement d'ici « la fin du premier trimestre 2014 ».