Entre ses annonces de licenciement massif (4500 personnes), de l'abandon de sa branche grand public et de sa possible future vente, les signaux envoyés par BlackBerry étaient explicites : cela va mal et nous devons réagir. Son dernier bilan financier publié vendredi dernier confirme cette situation, avec des pertes dix fois supérieures à celles du précédent trimestre. Ses ventes de smartphones sont aussi à la peine.
Le chiffre d'affaires s'écroule
Entre mars, avril et mai 2013, BlackBerry avait annoncé avoir livré 6,8 millions de smartphones. Lors des trois mois suivants, la société a changé sa façon de présenter ses ventes et livraisons d'appareils. La société canadienne précise ainsi avoir écoulé 5,9 millions de téléphones, mais financièrement, seules 3,7 millions d'unités sont enregistrées. BlackBerry précise même qu'il s'agit ici principalement de BlackBerry 7, « en partie parce que certains terminaux BlackBerry 10 qui ont été livrés au cours du deuxième trimestre de l'exercice 2014 (NDLR : de juin à août 2013) ne seront pas reconnus jusqu'à ce que ces appareils soient vendus aux clients finaux ». Du côté de ses tablettes tactiles PlayBook, la société ne donne aucun chiffre à leur sujet, alors qu'au trimestre précédent, elle avait tout de même précisé en avoir livré 100 000 unités.
Financièrement, BlackBerry déclare un chiffre d'affaires de 1,573 milliard de dollars, soit un recul de quasi 50 % en trois mois. Une chute justement due aux ventes bien inférieures de ses smartphones, ou tout du moins d'une comptabilisation différente. Du fait de l'écroulement comptable des appareils, l'entreprise nord-américaine annonce que la répartition du son chiffre d'affaires est désormais réalisé à 49 % grâce au matériel, à 46 % grâce aux services et 5 % aux logiciels. Trois mois plus tôt, le matériel comptait pour 71 % du chiffre d'affaires, contre 26 % pour les services et 3 % pour les logiciels. Hors hardware, BlackBerry annonce d'ailleurs une belle croissance de BES 10 (BlackBerry Enterprise Service 10), avec 25 000 serveurs installés désormais.
Une forte perte liée à des charges du Z10
Cette chute du chiffre d'affaires s'est accompagnée d'un creusement important de ses pertes. La firme basée à Waterloo (Canada) a ainsi dévoilé une perte de 965 millions de dollars. Il s'agit tout aussi bien de ses pertes d'exploitation que de ses pertes nettes, il n'y a pas de différence au niveau comptable pour l'entreprise. Trois mois plus tôt, BlackBerry avait annoncé des pertes de 84 millions de dollars, soit 11,5 fois moins. Ce trou s'explique aisément : parmi les 965 millions de pertes, 96,7 % (934 millions) sont à imputer à une charge avant impôt liée à ses stocks et à ses engagements auprès des fournisseurs. L'entreprise rajoute que 72 millions de dollars de charges ont aussi été comptabilisés vis-à-vis de son programme CORE (Cost Optimization and Resource Efficiency), c'est-à-dire celui lié aux restructurations et aux licenciements.
La perte ajustée, à savoir celle ne prenant pas en compte les différentes charges ci-dessus, n'est « que » de 248 millions de dollars. Selon la presse financière, il s'agit d'une perte moins importante que celle prévue par certains analystes. Il faut trouver les bonnes nouvelles là où elles se trouvent.
Malgré la déception, le patron de BlackBerry reste confiant
Thorsten Heins, le patron de BlackBerry, n'a pas caché sa déconvenue pour cette période : « Nous sommes très déçus de nos résultats opérationnels et financiers de ce trimestre et nous avons annoncé une série de changements majeurs » afin de modifier la structure de coûts de la société et se recentrer au niveau matériel.
Il a de plus rajouté qu'il comprenait que la période actuelle traversée par son entreprise était créatrice d'incertitudes, mais il a aussi tôt rappelé que sa société était « financièrement solide avec 2,6 milliards de dollars en cash et aucune dette ».
Il s'est toutefois félicité du succès de BES 10 et a promis de réaliser le plus rapidement possible une transition afin d'accroître l'efficacité de BlackBerry, et par conséquent d'assainir ses finances. Notez que la firme possède toujours un trésor de guerre de 2,6 milliards de dollars (en date du 31 août). Trois mois plus tôt, il était de 3,1 milliards de dollars.