Alors que le Royaume-Uni entend bloquer par défaut l’accès aux sites pornographiques afin de protéger ses enfants, la proposition du député Michel Liebgott peut paraître minime. Elle en demeure quoi qu’il en soit très sérieuse. « Comme un ordinateur, tout smartphone destiné à un adolescent devrait être muni d'un système de contrôle parental » clame-t-il ainsi dans une question parlementaire adressée ce matin à Fleur Pellerin, ministre déléguée à l’Économie numérique - et très semblable à celle de son collègue Hervé Féron.
La dame au second plan cherche-t-elle à paramétrer son contrôle parental pour smartphone ?
Au travers de cette question parlementaire, l'élu socialiste vilipende les solutions actuellement proposées aux parents, « peu nombreuses et rarement efficaces ». Il évoque notamment les options mises en place par certains opérateurs mobiles afin de bloquer les contenus inadaptés (pornographie, violence, sites de charme...). Problème : « le téléphone n'est plus protégé dès qu'il se connecte en Wi-Fi » regrette le député Liebgott. Force est de constater que SFR, Bouygues et Orange avertissent d’ailleurs les parents de cette limite.
Mais alors, que faire ? Le parlementaire ne s’aventure pas sur ce terrain glissant, se contentant de demander à Fleur Pellerin quelles sont « ses intentions sur ce sujet ». Si les opérateurs conseillent parfois aux parents de ne pas donner leur clé Wi-Fi, le problème demeure entier dès lors que les enfants / ados sortent de la maison. Il y a en effet de plus en plus d’Hotspots accessibles au public (certains commerces, lieux publics, etc.), bien souvent gratuitement. Nos voisins britanniques sont cependant à l’affut sur cette problématique, puisque les autorités veulent que les Hotspots Wi-Fi publics bloquent différents contenus interdits aux mineurs, dont ceux à caractère pornographique.
Capture d'écran du Cockpit Conso de Virgin Mobile
L’on notera au passage que ce sujet de préoccupation pour les parents conduit les entreprises à investir ce marché. Le « cockpit conso » proposé depuis peu par Virgin Mobile en est d’ailleurs une parfaite illustration. L’opérateur promet en effet aux parents un pilotage à distance du smartphone de leur progéniture, à condition que celui-ci fonctionne sous Android. Comme nous l’expliquions alors, ce contrôle parental permet ainsi de géolocaliser le mobile, de gérer les applications pouvant être exécutées (éventuellement en fonction de plages horaires), de bloquer les usages surtaxés, etc. À noter que des applications de types « contrôle parental » existent également pour les smartphones sous iOS ou Windows Phone 8.
Dans une réponse à une précédente question parlementaire datant de 2011, le ministre de l’Économie et des finances du précédent gouvernement expliquait au député UMP Patrice Calméjane que « les seules solutions pleinement efficaces sur téléphone mobile sont aujourd'hui de ne pas souscrire pour l'enfant mineur d'abonnement avec accès à Internet, ou encore de désactiver les navigateurs au sein des terminaux ». Il poursuivait en affirmant que même si des outils technologiques étaient à l’étude, « dans tous les cas, la protection des enfants dépend principalement des parents et des enseignants : les outils de contrôle parental ne peuvent pas se substituer à l'action de sensibilisation et de vigilance des parents et des éducateurs, qui sont centrales dans la protection de l'enfance à l'égard des contenus en ligne ».
Restera maintenant à voir quelle sera la position de la ministre déléguée à l’Économie numérique, déjà très prudente sur ce genre de sujets.