La semaine dernière, le syndicat CGT IBM France a annoncé avoir assigné sa société devant le tribunal de grande instance de Nanterre afin d'annuler le Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) préparé par IBM en mai dernier et concernant des centaines de postes.
« La CGT met toute son énergie pour contrer ce PSE arbitraire et injuste »
Ces derniers mois, les bonnes nouvelles s'accumulent du côté d'IBM France. Nous avons ainsi appris en juin qu'un centre de services allait ouvrir à Lille, impliquant la création de 200 postes cette année et de 700 emplois d'ici trois à cinq ans. Plus récemment, l'ouverture d'un centre de serveurs à Montpellier à été dévoilée dans un communiqué à vocation internationale. Mais face à ces créations d'emplois s'opposent les nombreuses destructions de postes qui sont préparées par IBM France.
Nous savons ainsi que d'ici l'année prochaine, 1 226 personnes devront quitter le navire, dont 689 rien que cette année. La logique est similaire dans tous les autres pays d'Europe, où Big Blue ne cesse de réduire son effectif par milliers chaque année. Résultat : la société comptera moins de 9 000 employés l'an prochain, contre plus de 11 000 en 2005, et surtout près de 30 000 il y a une vingtaine d'années, ceci alors que des acquisitions ont été réalisées.
Mais pour les syndicats, ou tout du moins la CGT, ce nouveau plan de départs est celui de trop. « La CGT met toute son énergie pour contrer ce PSE arbitraire et injuste, y compris par une action en justice. Ses élus ne sont pas mandatés pour faire grossir les rangs de Pôle Emploi ! » expliquait ainsi le syndicat en juin dernier dans un tract destiné aux salariés.
La menace a donc été mise à exécution. Dans un premier temps, c'est-à-dire dès le mois prochain (22 octobre), une demande de suspension du PSE a été demandée au TGI de Nanterre par le syndicat. Une première étape indispensable avant la seconde, à savoir l'annulation pure et simple du plan de sauvegarde de l'emploi. Mais si la CGT estime que ce PSE est « arbitraire », « injuste », « illégitime », « insupportable » et « insuffisant », et que « tous les moyens n’ont pas été tentés pour éviter les licenciements économiques », il n'est pas non plus certain que la justice accède à ses requêtes.
Les autres syndicats montrés du doigt
La CGT profite de plus de l'occasion pour tacler les autres syndicats d'IBM en rappelant qu'il est le seul à s’opposer aux suppressions de postes chez IBM et à avoir lancé cette procédure judiciaire. En juin, la CGT avait déjà fait remarquer que les trois autres grands syndicats (UNSA, CGC et CFDT) restaient fidèles à leur idéologie, à savoir qu'ils se sont accordés avec la direction sur les conditions financières de départ, « abandonnant toute discussion et contestation pour éviter les suppressions de postes ».
La CFDT dénonçait pourtant cet été « une destruction massive des emplois programmée de longue date dans un but strictement boursier ». Le syndicat faisait aussi la remarque que la politique d'IBM France était évidente : garder les salariés aux bas salaires et donc licencier les mieux payés. « Nous ne voyons aucune vision industrielle, juste des réductions d'effectifs et une politique "low-cost" qui s'accélèrent » constatait même la CFDT.
La CGT, pour sa part, demande que tous les départs soient remplacés par l’embauche de jeunes, qu'une formation continue soit mise en place (de huit à dix jours par an minimum) et qu'un plan de pré-retraite sur trois ans soit appliqué.