Via un message publié sur son forum, Octave Klaba, le fondateur et directeur général d'OVH, vient d'annoncer un « "sold out" sur l'ensemble des offres de serveurs dédiés en France, des filiales en Europe ainsi qu'au Canada et aux USA ». Une coupure totale, nette et sans bavure effectuée à la hache en attendant de trouver un nouveau modèle économique.
Depuis deux semaines, une partie de la gamme des serveurs dédiés d'OVH (Kimsufi et SP) n'était plus disponible à la location, la faute à une forte hausse des commandes que l'hébergeur n'arrivait visiblement plus à traiter dans les temps. Pour rappel, une partie de la gamme est généralement proposée en moins d'une heure, mais suite aux nouvelles offres relativement alléchantes du mois d'août, les délais se sont considérablement allongés, la demande ayant semble-t-il été sous-estimée.
Cela ne touchait par contre que la France puisque des dédiés étaient toujours disponibles à Beauharnois au Canada (voir notre dossier). Mais cette fois-ci, Octave Klaba va bien plus loin puisqu'il annonce qu'il n'est tout simplement plus possible de commander le moindre serveur dédié, quel que soit le datacenter.
OVH fait la chasse au « turn-over », ses serveurs dédiés passent en « sold out »
Dans un long message publié sur son forum, il explique qu'OVH doit faire face à un problème qui prend de plus en plus d'ampleur : le « turn-over ». Cela correspond en fait aux clients qui changent leur serveur pour un modèle plus récent.
Selon lui, cette augmentation est liée à plusieurs éléments : les offres d'OVH sont sans engagement, il n'y a généralement pas de frais d'installation (sauf sur le très haut de gamme) et il est donc possible de changer de serveur dédié quand vous le désirez ou presque. De plus, les nouvelles offres étant généralement bien plus alléchantes, les clients ont logiquement tendance à vouloir en profiter, d'autant plus que la fidélité n'est pas spécialement récompensée chez OVH. En effet, le seul programme du genre qui existe consiste à distribuer des bons d'achat au bout de deux ou trois ans d'ancienneté :
Du coup les clients ont tendance à changer régulièrement afin de bénéficier du meilleur rapport performances / prix du moment. Se pose alors la question de l'ancien modèle puisque « la majorité des livraisons ne servent plus qu'à faire du turn-over ». Celui-ci ne peut en effet pas toujours être rentabilisé correctement.
Le dirigeant en profite alors pour rappeler qu'avec jusqu'à 100 000 serveurs dans ses datacenters, ce modèle économique ne semblait pas poser de problème. Les premières alertes sont visiblement arrivées entre 100 000 et 150 000. Aujourd'hui, avec 170 000 serveurs « le turn-over s'est encore accéléré pour devenir trop important », notamment à cause des nouvelles offres du mois d'août. Une situation finalement logique, plus il y a de clients, plus ils sont susceptibles de changer de machines à chaque nouvelle offre.
OVH contraint de revoir son modèle économique
Visiblement cette situation n'avait pas été suffisamment anticipée, comme ce fût déjà le cas quelques semaines auparavant avec les nouvelles offres Kimsufi qui dépassaient les prévisions. Du coup d'une coupure de location sur l'entrée de gamme (KS et SP), ce sont tous les serveurs dédiés d'OVH qui sont désormais en « sold out », et ce, quel que soit le datacenter. Une décision extrême qui montre tout de même l'urgence pour OVH de réagir ainsi que le manque de vision à long terme sur le sujet.
Une fois une solution trouvée (aucune piste n'est pour le moment précisée), les ventes reprendront... au compte-goutte « par lot de 100 serveurs » pour commencer, autant dire que des bouchons seront à prévoir à ce moment-là. Quoi qu'il en soit, il sera difficile, voire impossible, pour la société roubaisienne de conserver son ancien modèle économique : pas d'engagement, généralement pas de frais d'installation, des tarifs relativement bas et de nouvelles offres régulières.
Quelle stratégie pour la société d'ici à 2014 ?
Il sera alors intéressant de voir ce qui sera proposé, et si ce qui avait fait le succès d'OVH jusqu'à maintenant ne fera pas partie du passé, sous peine de voir de nombreux clients commencer à regarder ailleurs si l'herbe est plus verte. On pourrait en effet imaginer que tout cela n'est qu'une manière assez directe de faire passer la pilule d'un revirement commercial important.
Avec les nombreux soucis relevés ces derniers temps et après ceux de la période HubiC, on ne peut pas dire que tout soit au beau fixe. Mais la société compte sans doute sur son expansion à l'international, ses nouvelles activités (téléphonie, ADSL, paiement par SMS, cloud, etc.) et sa stratégie de communication beaucoup plus directe (via un blog et un magazine notamment) pour redresser les choses à terme. L'OVH Summit qui se tiendra début octobre sera sans doute l'occasion de faire le point.
Quoi qu'il en soit, Octave Klaba termine avec une précision importante : « Si vous avez de nouveaux projets qui vous obligent à louer de nouveaux serveurs, n'hésitez pas à nous contacter pour que l'on vous fasse un bon de commande à la main. Nous avons le stock de serveurs, mais nous ne voulons pas le livrer pour continuer à faire du turn-over ».