Les moteurs de recherche, régulièrement mis en cause par les ayants droit pour être une porte d’entrée vers des contenus illicites, font actuellement l’objet d’une campagne de lobbying outre-Atlantique. La MPAA et la RIAA viennent en effet de lancer simultanément des charges contre les Google et consorts.
La première salve émane de la Motion Picture Association of America (MPAA), le bras armé de l’industrie cinématographique américaine, qui a dévoilé hier une étude qui se veut à charge contre les moteurs de recherche (PDF). À l’appui de ces travaux, l’organisation affirme qu’entre 2010 et 2012, 19,2 % des visites vers des contenus illicites l’ont été suite à une recherche via un site tel que celui de Google. Soit près d’une sur cinq.
Surtout, c’est le rôle joué par ces intermédiaires vis-à-vis de ceux qui n’ont encore jamais trouvé ou même simplement cherché des fichiers partagés illégalement sur Internet qui est décrié. « Les internautes accédant pour la première fois à des contenus portant atteinte au droit d’auteur ont été quasiment deux fois plus susceptibles de passer par une recherche que les visiteurs habituels, note ainsi l’étude commissionnée par la MPAA. Ceci confirme que la recherche est principalement utilisée pour la découverte de contenus et s’avère relativement plus importante chez les consommateurs qui ne savent pas où ce contenu peut être trouvé en ligne ».
Des moteurs mis à l'index pour leur rôle dans l'accès aux contenus illicites
La seconde missive provient de la Recording Industry Association of America (RIAA), le lobby des majors de la musique américaine. Auditionné hier par le Congrès des États-Unis, le numéro un de l’organisation, Cary Sherman, a mis en avant le fait que selon ses constatations, le site www.mp3skull.com était apparu 42 fois dans le top 5 des résultats de recherche de Google portant les 50 titres du top 50, accompagnés des termes « mp3 » ou « download ».
« Si les FAI peuvent être considérés comme des routes menant vers des sites escrocs, les moteurs de recherche doivent être vus comme des cartes routières, ou, plus directement, comme des instructions conduisant aux services de ces sites. Il ne fait aucun doute que les moteurs de recherche jouent un rôle considérable dans la conduite d’internautes vers des services illicites » a ainsi plaidé Cary Sherman. Au même moment, le numéro un de la MPAA, Chris Dodd, estimait que son étude « réaffirme l’importante responsabilité que les moteurs de recherche partagent avec l’écosystème Internet pour aider à prévenir les atteintes en ligne aux films et séries », comme le rapporte le LA Times. En clair, les moteurs sont critiqués pour être une porte d’entrée vers des contenus illicites. Une porte que les ayants droits souhaiteraient voir se refermer, si possible d’elle-même, grâce à la bonne volonté des intermédiaires.
Les ayants droit privilégient la voie de la coopération
Google avait déjà commencé à céder aux ayants droit l’été dernier, en acceptant de sous-référencer des sites fréquemment dénoncés comme contenant des éléments illicites. Mais cela n’a pas suffi - nous reviendrons sur ce point dans le cadre d’une prochaine actualité. Du coup, la MPAA et la RIAA demandent aux moteurs davantage de coopération. La première évoque ainsi « un rôle constructif afin de ne pas rediriger l’audience vers des contenus illégitimes », la seconde des « initiatives volontaires ».
On notera enfin qu’en France aussi, les moteurs de recherche préoccupent les ayants droit. Le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA), lequel guide et conseille le ministère de la Culture, s’est d’ailleurs penché sur le sujet. Dans un rapport remis en juillet dernier, l’institution mettait sur la table toute une série de mesures visant à apurer les contenus affichés par les Google & co : taxe, filtrage, surréférencement, déréférencement... (voir notre analyse complète).