Audition de la Hadopi au Sénat : le discours de Mireille Imbert Quaretta

Audition de la Hadopi au Sénat : le discours de Mireille Imbert Quaretta

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Marc Rees

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Droit

12/09/2013 5 minutes
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Audition de la Hadopi au Sénat : le discours de Mireille Imbert Quaretta

Au Sénat la Hadopi a défendu ce matin son institution et son bilan alors que le projet de loi sur l’indépendance de l’audiovisuel envisage de la déposséder de la réponse graduée. La présidente de la Commission de protection des droits a donné son analyse sur cette situation. Après le discours de Marie Françoise Marais, PC INpact diffuse le discours de Mireille Imbert Quaretta (en version brute). Nous reviendrons plus en détail sur ces deux discours.

Mireille imbert quaretta Hadopi

 

L’Hadopi – institution- est un outil au service de missions que lui a confiées le législateur. Ces missions n’ont pas été remises en cause, elles ont même été confirmées.

 

C’est aux pouvoirs publics de décider quels sont les meilleurs outils pour parvenir aux objectifs que recouvrent ces missions, à savoir :

  • défendre la propriété intellectuelle des créateurs
  • permettre à chacun l’accès à la culture

Mais l’Hadopi se doit de faire part de l’expérience accumulée par elle pour éclairer le plus possible les décisions à intervenir.  A cette fin, je voudrais insister sur trois points.

Première remarque - l’Hadopi est la seule autorité dédiée à la protection des droits d’auteur sur Internet

Cet état de fait la fait regarder avec intérêt par l’étranger (car nul n’est prophète en son pays). Il recouvre un certain nombre d’éléments :

 

1° L’Hadopi n’est pas seulement compétente pour la musique ou le film : elle protège tous les droits d’auteurs : livre numérique, jeu vidéo, photographie, logiciel… Elle n’est donc pas en charge d’un secteur, elle est en charge de la création. En conséquence, tout transfert de ses missions à un autre organisme entrainera de facto la compétence de celui-ci sur ces domaines.

 

2° Les personnes concernées par l’Hadopi sont toutes celles qui interviennent sur un réseau global et décentralisé : Comme l’a indiqué le Conseil constitutionnel, « la compétence reconnue à l’Hadopi n'est pas limitée à une catégorie particulière de personnes mais s'étend à la totalité de la population ». Il ne s’agit donc pas d’acteurs économiques en nombre restreints parfaitement identifiés.

 

3° Compte tenu de ces points, quatre exigences de valeur constitutionnelles s’imposent à elle :

 

a) La libre communication des pensées et des opinions, « un des droits les plus précieux de l’Homme » (article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789. « Ce droit implique la liberté d’accéder » [aux services de communication au public en ligne] (décision du Conseil constitutionnel du 10 juin 2009) ;

 

b) La propriété, (consacrée les articles 2 et 17 de la Déclaration de 1789), et notamment « le droit, pour les titulaires du droit d’auteur et de droits voisins, de jouir de leur droits de propriété intellectuelle et de les protéger » (décision du Conseil constitutionnel du 10 juin 2009) ;

 

c) La liberté d’entreprendre, de diffuser des œuvres, de proposer des modèles économiques et des modes de diffusion nouveaux, sans besoin d’autorisation préalable et sans d’autres limites que celles prévues par la loi ;

 

d) La protection de la vie privée et des données personnelles. 

Deuxième remarque – L’organisation de l’Hadopi, ses modes d’intervention et les positions qu’elle a prises depuis sa création sont les conséquences de ce qui vient d’être dit, et notamment de la nécessité de concilier ces exigences constitutionnelles

 1° La composition de l’Hadopi et l’organisation de sa gouvernance visent à garantir son indépendance, sa représentativité et son expertise en matière de droit d’auteur sur internet. Contrairement à ce qu’on a pu lire sur le net, l’Hadopi n’est et n’a jamais été dépendante de personne et notamment des ayants droit.

 

L’Internet est un espace de liberté, ce n’est pas un réseau régi par un système d’autorisation et de surveillance des contenus. On ne régule pas Internet : sur la toile tout ce qui n’y est pas interdit y est autorisé et doit pouvoir se développer librement. C’est pourquoi l’Hadopi n’a pas de pouvoir de sanction, seul le juge, garant des libertés, a ce pouvoir.

 

Et c’est aussi pourquoi l’Hadopi s’est prononcée très tôt contre les mesures de filtrage. Les exceptions à ce principe doivent être strictement encadrées par la loi, mises en œuvre dans des conditions d’indépendance totalement garanties, et sanctionnées uniquement par le juge. 

Troisième remarque - la situation est elle pour autant satisfaisante ?

Non. Il faut être plus ambitieux pour atteindre les deux objectifs de défense de la propriété intellectuelle des créateurs et de l’accès de chacun à la culture, c’est d’ailleurs ce que préconise P Lescure dans son rapport

 

D’une part, il faudrait compléter les outils existants notamment sur l’offre légale et les MTP, et d’autre part imaginer un dispositif de prévention de la contrefaçon commerciale impliquant tous les acteurs de l’écosystème sur Internet, notamment les hébergeurs, plateformes, sites de référencement, acteurs de la publicité en ligne, opérateurs de paiement. C’est cette piste innovante qui est de plus en plus étudiée à l’étranger et c’est le sens de la mission qu’a bien voulu me confier la ministre de la culture.

 

Quelque soit l’institution qui aurait en charge les missions de l’Hadopi, si elle ne disposait pas de nouveaux outils, elle rencontrerait elle aussi les mêmes limites que celles auxquelles s’est heurtée l’Hadopi et ferait l’objet des mêmes critiques.

Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Première remarque - l’Hadopi est la seule autorité dédiée à la protection des droits d’auteur sur Internet

Deuxième remarque – L’organisation de l’Hadopi, ses modes d’intervention et les positions qu’elle a prises depuis sa création sont les conséquences de ce qui vient d’être dit, et notamment de la nécessité de concilier ces exigences constitutionnelles

Troisième remarque - la situation est elle pour autant satisfaisante ?

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Commentaires (24)




L’Hadopi n’est pas seulement compétente pour la musique ou le film





Nombre de mails Hadopiens envoyés hors musique et films : 0





L’Internet est un espace de liberté, ce n’est pas un réseau régi par un système d’autorisation et de surveillance des contenus





‘tain mais comme MFM quoi. ils font comment chez TMG ? Ils ont chopés les blocs d’IP attribués aux principaux FAI et tape au pif dedans ? <img data-src=" />





d’autre part imaginer un dispositif de prévention de la contrefaçon commerciale impliquant tous les acteurs de l’écosystème sur Internet, notamment les hébergeurs, plateformes, sites de référencement, acteurs de la publicité en ligne, opérateurs de paiement





Prévention, c’est la novlangue officielle pour régulation ?



En tout chapeau Marc pour les retransciptions <img data-src=" />








Marc a écrit :



D’une part, il faudrait compléter les outils existants, notamment sur l’offre légale





<img data-src=" />

<img data-src=" />

<img data-src=" />

Le label PUR (à minima coté “Vidéo”) ne doit pas simplement être “complété”, mais réformé de fond en comble <img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" />









Obelixator a écrit :



<img data-src=" />

<img data-src=" />

Le label PUR ne doit pas simplement être “complété”, mais réformé de fond en comble <img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" />







Ce n’est pas Marc l’auteur de cette phrase ;)



non, mon actu suivra ;)


J’espère que ton traducteur novlangue/français fonctionne bien <img data-src=" />




d) La protection de la vie privée et des données personnelles.





<img data-src=" /> Ha dis donc ils font le boulot de la CNIL aussi ?? <img data-src=" />








John Shaft a écrit :



J’espère que ton traducteur novlangue/français fonctionne bien <img data-src=" />







3 articles et une brève, pas assez suffisant, mais de quoi donc, va parler Marc (du sénateur ?) <img data-src=" />



J’aime le nom de l’article de l’expansion :



L’Hadopi tire ses dernières cartouches avant une possible mise à mort au Sénat



<img data-src=" /> <img data-src=" />


<img data-src=" /> Marc pour ces deux retranscriptions.



En dehors de quelques énormités déjà relevées dans le commentaires (offre légale PUR<img data-src=" />, régulation des MTP<img data-src=" />, la non-surveillance des réseau malgré TMG<img data-src=" />, … j’en oublie peut-être encore quelques unes<img data-src=" />),



j’ai été agréablement surpris que les deux avaient l’air de bien comprendre ce qu’est internet, pas un simple éupermarché du dématérialisé”, et de bien saisir l’importance de la neutralité du réseau.

(ou récitaient bien leur leçon<img data-src=" />)



Bref, il y a encore de grosses lacunes, mais j’ai l’impression de voir de nets progrès de leur côté.<img data-src=" />








tAran a écrit :



J’aime le nom de l’article de l’expansion :



L’Hadopi tire ses dernières cartouches avant une possible mise à mort au Sénat



<img data-src=" /> <img data-src=" />







/pouce baissé



Olééééééééééé. A non merde c’est la corrida ca.

<img data-src=" />





a) La libre communication des pensées et des opinions, « un des droits les plus précieux de l’Homme » (article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789. « Ce droit implique la liberté d’accéder » aux services de communication au public en ligne ;



C’est pas la Hadopi qui voulait sanctionner de coupures de l’accès à internet ?









Mais siiiiii… <img data-src=" />



d) La protection de la vie privée et des données personnelles.



Je croyais naïvement la CNIL compétente pour ça.



Contrairement à ce qu’on a pu lire sur le net, l’Hadopi n’est et n’a jamais été dépendante de personne et notamment des ayants droit.



On peut dégager TMG alors…



On ne régule pas Internet : sur la toile tout ce qui n’y est pas interdit y est autorisé et doit pouvoir se développer librement.



Je crois que ce principe est valable ailleurs que sur la toile aussi.



C’est cette piste innovante



<img data-src=" /> Arrêtez, je vais m’étouffer.



Il faudrait faire marcher les citations ou penser à éviter de mettre des crochets, ça serait plus pratique.


Y a-t-il eu un rapport sur TMG ? ou il faudra attendre 50 ans pour connaître les résultats détaillés <img data-src=" />








RisingForce a écrit :



j’ai été agréablement surpris que les deux avaient l’air de bien comprendre ce qu’est internet, pas un simple éupermarché du dématérialisé”, et de bien saisir l’importance de la neutralité du réseau.

(ou récitaient bien leur leçon<img data-src=" />)







Faut dire qu’il y a tout les “geeks” un tant soit peu concernés (les Quadrature, FDN,…) qui leur sont tombés dessus à chaque fois qu’ils disaient une connerie. A force, ça fini par rentrer (ou alors, c’est de la méfiance, tel l’animal craintif qui sait qu’il va s’en prendre une parce qu’il a pissé sur le canapé <img data-src=" />)









RisingForce a écrit :



<img data-src=" /> Marc pour ces deux retranscriptions.



En dehors de quelques énormités déjà relevées dans le commentaires (offre légale PUR<img data-src=" />, régulation des MTP<img data-src=" />, la non-surveillance des réseau malgré TMG<img data-src=" />, … j’en oublie peut-être encore quelques unes<img data-src=" />),



j’ai été agréablement surpris que les deux avaient l’air de bien comprendre ce qu’est internet, pas un simple éupermarché du dématérialisé”, et de bien saisir l’importance de la neutralité du réseau.

(ou récitaient bien leur leçon<img data-src=" />)



Bref, il y a encore de grosses lacunes, mais j’ai l’impression de voir de nets progrès de leur côté.<img data-src=" />







Jme suis fait la même remarque.



Ils ne servent à rien, à part à servir de faire valoir pour ne rien faire de sérieux.



Ce sont des dangers incompétents et trompeurs, consommateurs de deniers publics.








jb a écrit :



Ils ne servent à rien, à part à servir de faire valoir pour ne rien faire de sérieux.



Ce sont des dangers incompétents et trompeurs, consommateurs de deniers publics.







Oui, mais refourguer le tout au CSA, c’est élargir le champ de compétence à la censure (autrement dit au filtrage administratif) <img data-src=" />



edit : mais je comprends ton problème









jb a écrit :



Ils ne servent à rien, à part à servir de faire valoir pour ne rien faire de sérieux.



Ce sont des dangers incompétents et trompeurs, consommateurs de deniers publics.







Dit faut mettre quoi dans le CV pour avoir un poste dans le même genre ? Moi aussi je veux être payé à rien foutre, le pire c’est que ça paye bien.









jb a écrit :



Ils ne servent à rien, à part à servir de faire valoir pour ne rien faire de sérieux.



Ce sont des dangers incompétents et trompeurs, consommateurs de deniers publics.







Bin quoi, ils régulent très bien les MTP :





  • <img data-src=" /> les méchants libristes partageurs

  • <img data-src=" /> les bénéficiaires de ces MTP.



    C’est bin un succès de leur mission ça <img data-src=" />





    <img data-src=" />









John Shaft a écrit :



Bin quoi, ils régulent très bien les MTP :







Leur mission n’est pas de réguler les MTP, mais de réguler l’interopérabilité des MTP.



Trop de gens font la confusion…









jb a écrit :



Leur mission n’est pas de réguler les MTP, mais de réguler l’interopérabilité des MTP.



Trop de gens font la confusion…







A commencer par les gens de la Hadopi







MFM a écrit :



C’est l’occasion pour moi de rappeler que l’Hadopi ne se limite pas à la réponse graduée. Son expertise, son expérience, c’est aussi :(…) la régulation des MTP,







(et la partie MTP, n’est pas glorieuse non plus du côté de MIQ)



Trop de syllabes dans “interopérabilité” <img data-src=" />









John Shaft a écrit :



Faut dire qu’il y a tout les “geeks” un tant soit peu concernés (les Quadrature, FDN,…) qui leur sont tombés dessus à chaque fois qu’ils disaient une connerie. A force, ça fini par rentrer (ou alors, c’est de la méfiance, tel l’animal craintif qui sait qu’il va s’en prendre une parce qu’il a pissé sur le canapé <img data-src=" />)





C’est exact, mais je suis quand même agréablement surpris de voir que la leçon commence enfin un peu à rentrer.



Maintenant parmi les grosse lacunes:




  • Les DRM et le foutage de gueule sur l’histoire VLC/Blu-Ray (Tiens, jb est arrivé<img data-src=" />)

  • L’offre PUR: quand on a l’ahabitude d’acheter des CD/DVD/BR avec lesquels on peut faire ce qu’on veut (avec quelques bidouilles pour ce qui est du BR certes), je ne comprends pas comment on peut même envisager d’acheter du dématérialisé proposé généralement au même prix.

  • Quant au flicage TMG et la soit-disant preuve par l’IP, même si pour le moment ils se sont apparemment limités à quelques cas flagrants, je crains qu’avec un fonctionnement en mode “radar” avec des amendes automatiques, ça devienne n’importe quoi.<img data-src=" />



    Sinon, il reste une importante question, surtout en cette période de restrictions budgétaires: à quoi sert cette usine à gaz coûteuse?

    J’imagine déjà la réponse: “s’il y en a eu si peu en 3ème phase, c’est que le dispositif fonctionne”<img data-src=" />



    Bref, je suis toujours complètement anti-Hadopi, mais j’avais été surpris de noter quelques phrases sensées dans les deux interventions.



Mireille Imbert Quaretta et Marie Françoise Marais, c’est comme Thelma et Louise.



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matroska a écrit :



Mireille Imbert Quaretta et Marie Françoise Marais, c’est comme Thelma et Louise.



<img data-src=" />





Jolie image : accélérateur à fond direct vers le précipice.



Mais elles n’ont pas manqué de panache ce matin, comme dans le film.









fred42 a écrit :



Jolie image : accélérateur à fond direct vers le précipice.



Mais elles n’ont pas manqué de panache ce matin, comme dans le film.







Le problème reste maintenant de savoir si elles roulent en voiture ensemble… <img data-src=" />