Alors que le harcèlement des élèves se fait désormais aussi via Internet et les réseaux sociaux, certains États vont jusqu’à modifier leur législation pour essayer de limiter le phénomène. La Nouvelle-Écosse encadre ainsi spécifiquement la « cyber-intimidation » depuis le mois dernier. En France, à l’approche de la rentrée scolaire, l’Éducation nationale a rédigé une circulaire dans laquelle elle revient sur ces problèmes de cyber-harcèlement.
« La prévention et la lutte contre le harcèlement dans les écoles (...) constituent un enjeu majeur pour la réussite éducative et sont un sujet de préoccupation : en effet, le fait d'être victime ou auteur de harcèlement entre élèves peut être à l'origine de difficultés scolaires, d'absentéisme, voire de décrochage, mais aussi engendrer de la violence ou des troubles de l'équilibre psychologique et émotionnel. Cela peut conduire à des crises de dépression graves pour celui qui en est victime, menant parfois jusqu'au suicide ». C’est par ces mots, graves, que le directeur général de l'enseignement scolaire, Jean-Paul Delahaye, commence par s’adresser à l’ensemble des recteurs d'académie, chefs d'établissement ou directeurs d'école français, au travers d’une circulaire (PDF) datée du 13 août dernier.
Si le phénomène n’a rien de nouveau en soi, l’Éducation nationale se dit ainsi préoccupée par les nouvelles technologies, dont l’usage « peut parfois, par des utilisations détournées, favoriser, accroître ou induire des situations de harcèlement ». Ceci a même un nom : le cyber-harcèlement. « En effet, si les médias numériques, et en particulier les médias sociaux, offrent aux élèves de nombreuses opportunités d'expression, de collaboration et d'accès à la culture et à la connaissance, ils présentent également des risques qu'il ne faut pas sous-estimer et pour lesquels il est indispensable que l'École apporte des éclairages et des réponses ».
Des réponses et éclairages au cyber-harcèlement
Mais quels sont ces « éclairages » et « réponses » spécifiques au cyber-harcèlement ? Le représentant du ministre de l’Éducation nationale affirme tout d’abord que l’école « doit contribuer au bon usage des médias sociaux ». La loi du 8 juillet dernier sur la Refondation de l’École de la République va d’ailleurs en ce sens, puisqu’elle prévoit que la formation des élèves à l'utilisation des outils numériques « comporte une sensibilisation aux droits et aux devoirs liés à l'usage de l'internet et des réseaux ».
D’autre part, la circulaire indique que l’Éducation nationale « doit être systématiquement présente en cas de diffamation des élèves et des personnels ». L’on se souvient ainsi de plusieurs faits divers évoqués dans ces colonnes, dans lesquels des lycéens avaient par exemple été exclus de leur établissement (et parfois même visés par des plaintes) pour avoir injurié certains de leurs professeurs sur Facebook. Seulement, force est de constater que le fait d’« être présent » n’engage pas vraiment l’administration (par exemple à engager des poursuites, etc.)...
L’Éducation nationale explique en outre qu’un numéro vert « Net Écoute » (0 800 200 000), géré par l'association E-enfance, est à disposition des victimes de cyber-harcèlement pour signaler ou discuter pour ces situations particulières. « Si le litige persiste, les médiateurs académiques peuvent être sollicités » précise la circulaire.
Formation des professionnels et sensibilisation des élèves
Même si ce n’est pas mentionné dans la circulaire, notons que l’Éducation nationale indique sur Internet qu’il est possible d’engager une procédure visant à obtenir le blocage d’un profil ou du compte d’un « cyber-harceleur », y compris sur Facebook. Ce fut d’ailleurs l’un des chevaux de bataille du précédent ministre de l’Éducation, Luc Chatel.
Au-delà de ces précisions spécifiques au cyber-harcèlement, le ministère rappelle le protocole de traitement des situations de harcèlement : accueil de l'élève victime, des témoins, de l'auteur, rencontre avec les parents, suivi au sein de l'établissement, éventuelles décisions de protection (transmission d’informations préoccupantes au conseil général ou signalements au procureur de la République, orientation pour une prise en charge de soins et /ou de soutien psychologique,...) ou mesures disciplinaires.
La circulaire vante en outre la formation, sur trois ans, de 500 personnes du ministère de l’Éducation nationale. L’objectif ? Mieux prévenir et repérer les situations de harcèlement. L’exécutif affiche également sa volonté d’impliquer davantage élèves et parents, par exemple grâce à l’organisation de concours à partir desquels les jeunes sont invités à créer une vidéo ou une affiche sur le thème du harcèlement et/ou du cyber-harcèlement.