La « police 2.0 ». Cette expression sortant désormais très fréquemment de la bouche du ministre de l’Intérieur vient de trouver une nouvelle illustration. En effet, un formulaire en ligne permet depuis hier de signaler à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) - la police des polices - le comportement de certains agents, dont les agissements sont jugés illégaux ou trop peu respectueux.
C’est hier matin que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a inauguré le nouveau dispositif « Signalement IGPN ». De quoi s’agit-il ? D’un site Internet permettant aux personnes s’estimant victimes ou témoins « d'un comportement susceptible de mettre en cause des agents affectés dans un service de la police nationale » d’en avertir les autorités. Pour ce faire, l’internaute doit laisser ses noms, prénoms, coordonnées, puis décrire brièvement les faits signalés (date, heure, lieu, résumé, etc.). Les signalements anonymes ne sont effectivement pas autorisés.
À noter qu’il est demandé si des documents vidéo, photo ou audio témoignant des faits sont disponibles - alors que la publication d’une vidéo sur YouTube dans laquelle intervenaient deux policiers a récemment conduit le ministère de l’Intérieur à confier à l’IGPN une enquête interne sur cette affaire. D’autre part, il est bien précisé que « toute dénonciation mensongère sera systématiquement signalée à l'autorité judiciaire aux fins de poursuites », le ministère de l'Intérieur brandissant des peines de cinq ans de prison et de 45 000 euros d'amende, tel que prévu par l’article 226-10 du Code pénal.
Pour un traitement plus rapide et de meilleures statistiques
Que se passe-t-il ensuite ? La police des polices reçoit le signalement, l’étudie et décide des suites à y donner. Comme l’explique Le Figaro, l’objectif est d’accélérer le processus de traitement, mais également d’effectuer un meilleur traitement statistique de ces signalements. Insistons sur le fait qu’il s’agit bien d’un premier signalement, et non pas d’une véritable plainte.
Ce dispositif rappelle ainsi celui des pré-plaintes en ligne, généralisé à l’ensemble du territoire depuis le début de l’année. Dans un premier bilan effectué cet été, le ministère de l’Intérieur mettait en avant une « montée en puissance régulière du dispositif », avec par exemple près de 14 000 pré-plaintes au mois d’avril. Le système souffre cependant de certaines limites. Pour l’instant cantonnées à certaines infractions - les atteintes aux biens ,dont l’auteur de l’infraction est inconnu, les pré-plaintes en ligne ne sont suivies d’un véritable dépôt de plainte, au poste, que dans deux tiers des cas (voir notre article).
« Je souhaite construire une police proche des citoyens, moderne, une police 2.0 » a tambouriné hier Manuel Valls, comme le rapporte l’AFP. « Et donc c’est une des premières étapes, celle de s’appuyer sur cette plateforme et ce rapport direct avec nos concitoyens » a poursuivi le locataire de la Place Beauvau. Du côté des syndicats, la mise en place de ce dispositif n’est pas forcément vécue de la même manière. Si certaines organisations telles que SGP-Police ont salué ces efforts de transparence, le syndicat Alliance est au contraire très remonté contre cette plateforme de « dénonciation des policiers par Internet ».