Selon des estimations réalisées par l'exécutif, le ministère de la Défense aurait dépensé plus de 70 millions d'euros en 2011 pour ses logiciels. C'est en tout cas ce qu'affirme Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, au détour d'une réponse (avare en détails) à une question écrite de la députée écologiste Isabelle Attard.
Les vingt et vingt-et-unième réponses obtenues par Isabelle Attard proviennent du ministère de la Défense ainsi que de celui des Anciens combattants - même si leur contenu est identique. Pour mémoire, la parlementaire avait demandé fin mai à chaque ministère de détailler de quelle manière la circulaire du Premier ministre relative à l'usage du libre dans l'administration avait été suivie. L'élue réclamait en outre que les dépenses logicielles des ministères soient dévoilées, en prenant le soin d'opérer une distinction entre logiciels libres et propriétaires.
« L’architecture logicielle adoptée par le ministère de la Défense pour moderniser son réseau mixe les composants éditeurs et libres, ces derniers répondant notamment à des besoins structurants tels que la fédération des réseaux opérationnels du ministère, les outils de supervision des réseaux ou les solutions de mobilité » apprend-t-on principalement au travers de ces réponses. Mais de fait, le ministère de la Défense se veut relativement avare en détails. Il précise tout juste avoir lancé des études de migration open-source. « Compte tenu des impacts techniques et fonctionnels d'une migration, ces travaux sont conduits en opportunité à l'occasion d'une évolution majeure d'une application informatique, d'une opération de rationalisation d'un parc applicatif ou d'un renouvellement de contrat » est-il laconiquement indiqué. Il faudra repasser pour davantage de précisions.
Motus et bouche cousue sur le contrat « Open Bar » avec Microsoft
Le ministère de la Défense dévoile cependant quelques montants annuels, qui correspondent en réalité à des évaluations réalisées par le service des achats de l'État avec l'ensemble des ministères. Il est précisé que ces chiffres comprennent à la fois les coûts d'acquisition des licences et le maintien en condition opérationnelle des logiciels.
En millions d'euros - Sommes hors taxes.
En toute logique, ces montants comprennent les sommes versées à Microsoft au titre du contrat « Open Bar » signé en 2009 avec la filiale Irlandaise de la firme de Redmond, non sans d’importantes contestations internes. Pour rappel, ce contrat, souvent décrit comme un pont d’or pour Microsoft, permet à n’importe quelle entité du ministère de la Défense de récupérer ses logiciels maisons pour 100 euros par poste pour quatre ans. Chacun appréciera d'ailleurs le fait qu'aucune référence à ce contrat ne soit faite dans la réponse de Jean-Yves Le Drian. Soulignons enfin que cet accord a par ailleurs suscité davantage d'inquiétudes chez les députés depuis que les révélations relatives à Prism ont mis en lumière la participation de Microsoft au programme de surveillance américain.