Pierre Lescure, chargé de la mission sur l’acte 2 de l’exception culturelle, multiplie les sorties dans les médias. Après avoir répondu aux questions de RMC hier pendant le temps de midi, il a participé à un débat organisé par France Culture en fin d’après-midi. L’occasion pour l’ancien PDG de Canal + d'affirmer que toutes les options étaient à l'étude, y compris la suppression de la Hadopi.
Crédits : RMC Vidéo
À la journaliste qui lui demandait s’il n’avait pas déjà acté certains choix, en référence à ses propos tenus il y a quelques semaines à Avignon puis dans les colonnes du Nouvel Obs, Pierre Lescure s’est vivement défendu : « Je ne me suis pas prononcé d’ores et déjà pour le maintien des sanctions ». À deux reprises, l’ancien numéro un de Canal + avait pourtant indiqué qu’un mécanisme de sanction était à ses yeux « nécessaire » puis « incontournable ».
Pour Lescure, il y a nuance : cette position ne vaut que le temps de sa mission, soit jusqu’en mars 2013. « Qu’on ne touche pas à la riposte graduée avant qu’un consensus ait tenté d’être atteint, un consensus « pas mou », ça me semble pas quelque chose d’abominable » a-t-il expliqué. Autrement dit, l’intéressé considère que le mécanisme de sanction doit être maintenu, au moins le temps de ses travaux, mais que tout serait ouvert après. L’ancien PDG de Canal + a ainsi précisé ne pas vouloir supprimer Hadopi « en laissant le champ libre avant que d’autres dispositions aient été prises, qui soient plus dans le progrès, dans l’initiative et dans le déploiement de la culture numérique ».
« Tout est possible » selon Lescure, même la suppression d’Hadopi
Interrogé sur une possible suppression de la Haute autorité, Pierre Lescure a voulu convaincre que toutes les portes étaient encore ouvertes : « Oui, tout est possible » a-t-il répondu. Il a ensuite ajouté : « Il va falloir étudier tous les possibles, parce qu’on sera incapable de proposer un système cohérent avant mars ».
En attendant, Lescure s’en tient à son calendrier : « On doit approcher par étapes, les plus actives et les plus vigoureuses possibles, dans le débat, une évolution absolument nécessaire ». Un débat qui selon Lescure, se fera avec l’usager, qui est « maintenant diffuseur » et de ce fait « incontournable » (comme la sanction du mécanisme de riposte graduée CQFD).
Cette posture d’ouverture, fréquemment mise en avant depuis la mise en place de la mission Lescure, lui a d’ailleurs valu une pique de la part de l’économiste Olivier Bomsel, lui aussi invité de France Culture, et ayant participé à la mission Olivennes installée par Nicolas Sarkozy : « Il y a beaucoup de démagogie dans le fait de dire « on n’a jamais consulté, on va consulter très largement » ».
Il faut également noter que Pierre Lescure a annoncé qu’il allait falloir « toucher au calendrier de la chronologie des médias ».
Une phase de « diagnostic de l’existant » encore en rodage...
Le calendrier de la mission Lescure indique qu'un volet de « diagnostic de l'existant et mise à plat des questions » se tient jusqu'en septembre. Pierre Lescure a toutefois fait preuve d’un manque de maîtrise de son sujet, puisqu’il a affirmé que « Ça a été l’erreur majeure de l’Hadopi et de ceux qui l’ont installé de n’avoir fait qu’un outil gendarme ».
Or, il suffit de se rendre sur le site Internet de la Haute autorité pour savoir que la Hadopi a bien d’autres missions que la riposte graduée, comme le développement de l’offre légale ou la régulation des mesures techniques de protection... Rappelons d’ailleurs que le portail de l’offre légale aura coûté 620 000 euros en 2011, sans oublier les 850 000 euros nécessaires pour le lancement du label « offre légale ». Soit 1,47 million d'euros.