Bradley Manning, le militaire qui a remis 700 000 documents à WikiLeaks, vient d’être condamné à 35 années d’emprisonnement. Il était détenu depuis des mois dans des conditions spartiates et avait exprimé des regrets pour ses actes.
Une peine plus légère que prévue
Si le scandale Prism éclabousse la NSA et le monde du renseignement américain depuis des mois, l’histoire est similaire sur bien des points à l’affaire WikiLeaks. Le site était entré en possession de 700 000 documents qui avaient été dérobés par Bradley Manning, militaire américain, lorsqu’il se trouvait en Irak. Il avait été arrêté dans ce même pays en 2010 et faisait l’objet de nombreuses accusations dont celle, très grave, d’avoir aidé l'ennemi.
Manning a passé les neuf derniers mois en isolement, passant 23 heures par jour dans une cellule sans fenêtre. Durant ce temps, il a exprimé à plusieurs reprises des regrets concernant ses actions, notamment la semaine dernière. Il avait indiqué notamment pensé « aider les gens, pas les mettre en danger » et s’excusait auprès du gouvernement américain. Dans la réponse à cette déclaration, WikiLeaks estimait qu’il s’agissait d’une annonce forcée qui devait être considérée avec « compassion et compréhension ».
Pour l’ensemble des charges, Bradley Manning risquait jusqu’à 136 années de prison, même en mettant de côté l’aide à l’ennemi, pour laquelle il a finalement été reconnu non-coupable. Sa peine maximale a été réduite à 90 ans afin de tenir compte de ses années de service. En outre, cette réduction tient compte de l’avis de la colonelle Denise Lind, officiant en tant que juge dans le tribunal militaire, qui estimait que le gouvernement avait eu la main trop leste dans le nombre de charges.
Coupable de tous les autres chefs d'accusation
Manning a cependant été reconnu coupable de tous les chefs d’accusation restants, en vertu notamment des lois Espionage Act et Computer Fraud and Abuse Act, la défense s’était largement orientée vers l’état émotionnel du soldat, notamment à cause de ses troubles de l'identité sexuelle (la personne ne se sent pas en phase avec le genre qui lui est attribué d’après son sexe). La défense estimait en outre que l’armée aurait dû lui proposer un soutien psychologique.
Condamné finalement à 35 ans de réclusion, il bénéficie d’une peine plus légère que celle prévue. L’accusation réclamait en effet 60 ans et une amende de 100 000 dollars, arguant que Manning avait trahi les États-Unis et méritait donc de passer « majorité de sa vie restante en prison » pour montrer l’exemple.
Sitôt le verdict prononcé, l’ONG Amnesty International a réagi dans un long communiqué. L’organisation y explique que la condamnation n’enverra aucun message particulier aux autres soldats et que le gouvernement américain ferait mieux de se pencher sur ses violations de la vie privée et des droits humains. « Bradley Manning devrait obtenir la clémence en récompense de ses actions et de ses motivations, mais aussi en raison du traitement qu'il a subi lors de sa détention et des entorses à la procédure pendant son procès » estime ainsi l’ONG.
WikiLeaks, de son côté, n’a pas encore réagi.