Kodak est actuellement l’un des exemples les plus probants d’un virage raté vers l’ère du numérique : une société puissante qui a aligné les pertes jusqu’à se placer finalement sous protection du Chapitre 11 du Code de la banqueroute. Néanmoins, Kodak pourrait bien émerger de cette protection le mois prochain, mais sous une forme nettement réduite.
Un virage numérique bien mal négocié
L’année 2012 a marqué pour Kodak la concrétisation de nombreux problèmes. La firme a négocié très tard le virage du numérique. Un véritable paradoxe tant sa propriété intellectuelle dans le domaine est importante. Mais Kodak ne s’est pas distinguée avec ses produits numériques, des entreprises comme Canon, Nikon, Sony ou encore Fuji ayant largement tiré la couverture, et ce dans presque toutes les gammes.
Kodak avait enregistré l’année dernière des pertes s’élevant à 1,38 milliard de dollars. Pour ne pas complètement sombrer, la direction avait décidé de mettre en vente une partie des brevets liés à la photographie numérique. Plusieurs entreprises, dont Apple et FlashPoint, avaient alors tenté de faire baisser la valeur de cette propriété intellectuelle. Raison invoquée : certains de ces brevets leur appartenaient. Kodak avait donc déposé plainte, et un juge avait statué en sa faveur, lui laissant alors le champ libre pour revendre ses brevets comme elle l’entendait.
1 100 brevets revendus pour éviter la faillite
Cette revente a empêché le naufrage de la société. Ce sont ainsi plus de 1 100 brevets qui ont été cédés pour une valeur totale de 525 millions de dollars. La propriété intellectuelle s’est ainsi retrouvée répartie entre douze entreprises : Google, Apple, Facebook, Research in Motion (maintenant BlackBerry), Amazon, Microsoft, Samsung, Adobe, Huawei Technologies, HTC, Fujifilm, et Shutterfly. Ironie de l’histoire : Kodak avait par le passé déposé des plaintes contre plusieurs d’entre elles, dont Apple et Samsung, pour violation de brevets.
C’est pourtant cette revente qui a permis à Kodak de perdurer, en permettant d’assurer assez de solidité financière pour obtenir un dernier prêt de 830 millions de dollars. Depuis, la firme est en profonde restructuration et a considérablement réduit ses pertes. Au deuxième trimestre de cette année, elle n’enregistrait plus qu’une perte de 208 millions de dollars.
Totalement tournée vers le marché professionel
Dans un communiqué, Kodak indique désormais qu’elle espère sortir de la protection du Chapitre 11 le 3 septembre prochain : « La Cour a approuvé le plan de réorganisation de Kodak. Cette très importante étape marque la finalisation du processus » explique Antonio M. Perez, PDG de Kodak. Il indique que la société émergera de cette protection sous la forme d’une société officiant dans les marchés de l’imagerie, notamment l’impression commerciale, l’emballage ou encore les services professionnels.
Kodak explique en outre que la restructuration laissera l’entreprise dans une forme réduite mais nécessairement plus adaptée à sa nouvelle situation. Perez promet que les comptes seront à l’équilibre, même s’il reste encore plusieurs étapes à franchir. Il estime cependant que la décision du juge était la dernière barrière principale et que Kodak est sur le point de redevenir une entreprise à part entière.
On remarquera que l’entreprise ne compte plus lutter sur les mêmes créneaux que précédemment. Son activité sera totalement tournée vers les entreprises et il n’y aurait donc aucune possibilité de revoir de sitôt la célèbre marque dans le domaine du grand public.