Véritable phénomène d'internet depuis quelques années, la monnaie virtuelle Bitcoin connait un véritable boom ces derniers mois. Au point que son utilisation intéresse certains pays. C'est le cas de l'Allemagne, qui vient de reconnaitre la fameuse monnaie, afin de pouvoir la taxer et imposer les profits spéculatifs.
TVA et impôts sur le revenu
Au mois d'avril dernier, l'agence du revenu du Canada ne cachait pas que les bitcoins n'étaient pas exemptés des taxes, comme n'importe quelle autre monnaie exploitée pour acheter et vendre des biens et des services. Une logique aussi rappelée par la Californie en ce mois de juin. Et sauf surprise, de nombreux autres États du monde devraient s'accaparer du sujet d'un point de vue fiscal, avant que la monnaie ne prenne trop d'importance.
L'Allemagne vient donc de franchir le cap, comme le précise la presse locale. Le ministère fédéral des finances allemand a ainsi reconnu le Bitcoin. Non pas que nos voisins d'outre-Rhin veulent détruire l'euro. Le but est plutôt d'avoir un contrôle fiscal sur la monnaie, ici en tant qu'unité de compte. Cela ne signifie pas que le Bitcoin sera taxé en tant que tel, mais c'est bien évidemment son exploitation qui le sera. Il y a par exemple la TVA sur les ventes de biens et services de la part des commerçants. Une économie qui tend à se développer et dont le trésor allemand ne voulait certainement pas passer à côté.
Mais il y a aussi l'impôt sur le revenu pour les contribuables. Si après un an, il y aura une exonération des gains (privés) réalisés en bitcoins, ce qui officialise une nouvelle connue déjà depuis quelques mois, avant un an, un impot de 25 % sera imposé. Le but est ici évident : lutter contre la spéculation. Le Bitcoin est en effet une monnaie très fluctuante.
Avec de nombreux hauts et bas, allant de plusieurs dizaines voire centaines d'euros pour un seul bitcoin lors des bonnes périodes, à une poignée d'euros il y a encore deux ans, le Bitcoin est clairement une monnaie instable, en partie du fait de sa jeunesse. Le 9 avril 2013, la barre des 200 euros pour un bitcoin a ainsi été atteinte. En novembre 2011, ce même bitcoin vallait moins de... 2 euros. Il est donc aisé pour les détenteurs de cette monnaie de faire de solides plus values. Au bout d'un an, les profits privés sont exonérés d'impôts, mais pas avant bien évidemment. Cela implique toutefois une probité élevée de la part des contribuables allemands, dès lors que rien ne les empêche de ne pas officialiser leurs bitcoins afin d'éviter l'impôt.
De la méfiance aux risques de blanchiment d'argent
Mais si certains pays acceptent le Bitcoin, notamment pour des raisons fiscales, tout le monde n'accueille pas non plus à bras ouverts cette jeune monnaie électronique. Dans un rapport publié l'an dernier, sans pour autant rejeter en bloc la monnaie, la Banque centrale européenne (BCE) n'a pas caché une certaine méfiance envers le Bitcoin, notamment du fait du manque de cadre réglementaire et d'une possible incompréhension de la part des consommateurs.
Le FBI, pour sa part, craint que cette monnaie soit exploitée par les criminels, en grande partie pour blanchir l'argent sale. Un risque inhérent à toutes les monnaies. Le litecoin, le ppcoin, le terracoin, le novacoin, et les dizaines d'autres monnaies du même genre sont ainsi toutes susceptibles d'être exploitées pour des raisons illicites. Néanmoins, pour une telle exploitation, encore faut-il que la monnaie soit équilibrée.
« Si le Bitcoin se stabilise et gagne en popularité, il deviendra un outil plus utile pour diverses activités illégales au-delà de la cyber sphère » expliquait ainsi le FBI dans un rapport publié l'an dernier. « Par exemple, la pédopornographie et les jeux d'argent sur internet sont des activités illégales ayant déjà lieu sur Internet et qui nécessitent de simples transferts de paiement. Bitcoin peut logiquement attirer les blanchisseurs, les trafiquants d'êtres humains, les terroristes et autres criminels qui évitent les systèmes financiers traditionnels en utilisant internet pour effectuer des transferts monétaires au niveau mondial. »
La polémique thaïlandaise
Enfin, concernant le cas de la Thaïlande, la presse du monde entier a annoncé fin juillet que le pays asiatique avait interdit et donc rendu illégal le Bitcoin, ceci sur la base d'une annonce du site Bitcoin.co.th. Une position inverse de l'Allemagne donc. Or cette information, selon BTC Global, est tout simplement erronée.
La Bank of Thailand, la banque centrale du pays, n'aurait pas un tel pouvoir d'après un employé de la banque elle-même, et spécialiste du Bitcoin. Tout juste la banque peut-elle déconseiller son utilisation, dès lors que cette monnaie n'est pas (encore) encadrée. Mais la rendre totalement illégale, certainement pas, assure Frankie Bishop.