Des ministres déclinent leur vision du numérique en France pour 2025

Cahier de vacances électronique

Cet été, le président de la République a demandé aux ministres du gouvernement Ayrault de plancher sur une sorte de « devoir de vacances » : décliner leur vision de la France dans douze ans, en 2025. Alors que les copies ne sont attendues que pour lundi, Le Point a réussi à consulter certaines d’entre elles, et en diffuse même des extraits (ceux de cinq ministères). Dans chacun de ces passages, le numérique et les nouvelles technologies sont mis en avant de façon optimiste. Morceaux choisis.

« Dans le numérique, l'Europe a rattrapé son retard avec la création d'écosystèmes extrêmement compétitifs, rassemblant universités, grandes écoles, laboratoires publics et privés, grands groupes et start-up. Paris est devenu une grande place d'innovation aux côtés de Londres, Berlin et des capitales nordiques » anticipe Arnaud Montebourg. Le ministre du Redressement productif prévoit effectivement la montée en puissance d'ici 2025 de « grands groupes du numérique », que ce soit dans le secteur du cloud computing, de l’exploitation massive de données, de la sécurisation des échanges ou des objets connectés.

Des entreprises européennes capables de rivaliser avec les géants américains du Net

« En combinant une politique industrielle du numérique ambitieuse et des exigences fortes en matière de transferts de données personnelles outre-Atlantique, l'Europe est désormais en mesure de contrebalancer le poids des géants de l'Internet nord-Américain » pronostique-t-il ensuite. Pour en arriver là, l’Europe devra aider les secteurs de l’industrie et des services à effectuer leur transition vers le numérique. « Cette transformation a bouleversé en moins de dix ans les positions acquises sur le marché et laissé sur le côté les acteurs, même majeurs, qui n’ont pas su s’adapter ».

 

Pour Arnaud Montebourg, la France de 2025 sera d'ailleurs au « rendez-vous du prototypage rapide, de la convergence des réseaux sociaux, de l’hyperconnexion des entreprises, des interfaces homme-machine, de la robotique, de la réalité augmentée, du numérique (big data, cloud,...), du cobo-management, de l’impression 3D, de l’intelligence artificielle et du design ».

Davantage d’e-administration

Déclarations Impots sur le revenu 2013

 

Au-delà des aspects industriels, il est également question d’e-administration dans les réponses des ministres. Il apparaît effectivement que d’après le ministère de l’Économie et des finances, le « succès de la France » en 2025 dépendra « en grande partie de notre capacité à moderniser nos services publics et à leur redonner l'agilité promise par la révolution numérique ». Ainsi, pour Pierre Moscovici, « l'administration fiscale pourrait avoir entièrement dématérialisé la déclaration, le paiement et contrôle de premier niveau des déclarations » d’ici douze ans. Avec les avantages suivants : « Les agents pourront alors concentrer leur action au service des contribuables, notamment les plus fragiles, et au contrôle de cohérence des données dont ils disposent, ainsi qu'au contrôle des fraudes complexes et déterminées par analyse croisée (data mining) ». Une voie sur laquelle s’est déjà engagé Bercy, comme nous avons déjà eu l’occasion de l’expliquer dans ces colonnes (voir notre article : Avec Ancrages, Bercy aiguise le contrôle automatisé de la redevance TV).

 

Le ministère de l’Intérieur table lui aussi sur davantage de dématérialisation. La Place Beauvau imagine en effet une « réforme d’ampleur du système de délivrance des titres avec le recours accru à la dématérialisation et à la gestion en ligne, à l’exception des procédures nécessitant pour des raisons de sécurité un contact physique avec l’administration ».

 

dossier administration

 

Même son de cloche du côté du ministère de la Justice. La Garde des Sceaux anticipe ainsi la généralisation de « divers mécanismes [simplifiant] les procédures pour les justiciables, les magistrats et les greffiers ». En l’occurrence, elle évoque des « convocations aux audiences sécurisées et modernisées, via notamment l'envoi par courriel électronique correspondant mieux aux nouveaux modes de vie des citoyens » ; des « échanges inter-applicatifs entre les services d'enquête et les juridictions permettant de suivre le dossier d'un délinquant où qu'il soit sur le territoire national » ; ainsi que des « applicatifs civils permettant d'effectuer des démarches judiciaires de n'importe quel site du département, peu important que l'audience ne se tienne pas à cet endroit ».

 

On notera au passage que Christiane Taubira mise sur un vieillissement rapide du règlement européen relatif aux données personnelles, actuellement en discussion entre les vingt-huit (voir notre dossier). En 2025, « la France s’est mobilisée pour l’adoption du règlement européen sur la protection des données personnelles qui fait suite à l’ancien règlement adopté en 2014, lequel était rapidement devenu obsolète en raison des progrès exponentiels en matière de technologies numériques, écrit-elle à cet égard. Fidèle à sa tradition juridique en ce domaine, la France a obtenu un niveau élevé de protection des données personnelles pour répondre aux nouvelles mutations technologiques ».

Bientôt la « Police et la gendarmerie 2.0 » puis « 3.0 »

De la même manière qu'à Lyon en juillet dernier (voir notre article) le ministre de l’Intérieur Manuel Valls insiste sur l’utilisation des nouvelles technologies par les forces de l'ordre : « L'enjeu des dix prochaines années est (...) d'intégrer l'innovation aux stratégies de sécurité. La police et la gendarmerie doivent réaliser le saut technologique qui s'impose à elles : utilisation accrue des technologies existantes (biométrie, intelligence artificielle, vidéo, équipements intelligents, etc.) et celles qui verront le jour d'ici là. Il s’agit également de se doter des outils et des compétences humaines pour faire face aux nouvelles menaces : cybercriminalité ou encore fraude à l’identité. Les évolutions technologiques ne servent pas que les activités d'enquête : une police et une gendarmerie 2.0 – et demain 3.0 –, grâce à une présence marquée et au développement d'outils sur Internet, ont l'occasion de renforcer le lien de proximité avec la population. »

 

valls tac

 

Alors que le gouvernement a récemment été accusé d’avoir un programme de surveillance « Prism » à la française, la Place Beauvau jure que « l’essor, indispensable dans le domaine du renseignement, des technologies de la communication doit s’accompagner de garanties nouvelles quant à la préservation des libertés et le respect de la vie privée ».  

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