La Corée du Nord, pays reclus et dirigé par un chef tout-puissant, lancera prochainement son premier smartphone. Basé sur Android, probablement fabriqué par la Chine, il ne devrait pourtant se montrer « smart » que dans une mesure limitée.
La Corée du Nord est l’un des pays les plus fermés au monde. Le pays ne suit pas les vagues technologiques comme le reste de la planète. Ainsi, un intranet est disponible dans le pays depuis 2002, mais les informations qu’on y trouve sont nécessairement approuvées par le gouvernement. De même, il existe bien des téléphones portables depuis 2008, mais ils sont tous connectés à un opérateur unique. Ainsi, aucun appel ne peut être émis vers l’étranger.
Mais l’agence officielle de presse KCNA a diffusé hier des photos d’une visite faite par le chef de l’État, Kim Jong-Un, à une usine située dans le territoire. L’agence précise que différentes parties de l’usine ont été visitées, notamment les lignes de montage, quand bien même aucune photo ne montre de telles lignes. Kim Jong-Un se serait renseigné sur la qualité de l’appareil, ainsi que ses performances. Il aurait vanté les mérites de l’écran tactile comme interface pour tout un chacun et observé que les consommateurs devraient apprécier le « grand nombre de pixels » de l’appareil photo fourni.
Pour autant, le smartphone, baptisé « Arirang » en référence à une chanson populaire, n’aura probablement de « smart » que le nom. Les Coréens ne disposent pas d’Internet, en-dehors d’une très petite élite. C’est sans doute pourquoi le choix s’est porté vers Android : totalement modifiable, le système sera très certainement fourni avec une liste précise d’outils autorisés et renvoyant les informations validées par le gouvernement.
D’autre part, certains estiment que ce portable n’est sans doute pas produit par la Corée du Nord, mais par la Chine, à l’instar de Martyn Williams, du blog NorthJKoreaTech.org. Le choix des photos serait une preuve criante : des testeurs près des produits finis, jamais de chaines de montage ni aucune étape de la construction. Le Washington Post s’interroge pour sa part : pourquoi introduire un smartphone sans Internet et construit par une puissance étrangère ?
La réponse pourrait tenir en deux mots : marché noir. Il en existe bien un en Corée du Nord pour l’ensemble des produits technologies dédiés à la consommation de masse, tels que les smartphones, les baladeurs MP3, les appareils photo numériques et ainsi de suite. Or, les smartphones qui traversent les frontières peuvent appeler à l’étranger. La Corée pourrait donc être tentée d‘endiguer le phénomène avec un modèle maison.