Alors que Michael Dell tente - non sans mal - de racheter sa propre société et de sortir de la bourse, BlackBerry pourrait aussi en faire de même. En difficulté depuis plusieurs années, la société canadienne songerait aussi à redevenir 100 % privée selon des sources proches de la société qui ont souhaité rester anonymes.

Imiter Dell
Depuis plusieurs mois maintenant, Michael Dell, le patron du fameux constructeur de PC, veut quitter la bourse, ceci afin de retrouver une certaine liberté et établir une stratégie différente, sans pression. Pour cela, il lui faut donc racheter toutes les actions proposées au public. Près de 25 milliards de dollars sont en jeu. Le milliardaire Carl Icahn, qui détient 6 % de Dell, ne l'entend néanmoins pas de cette oreille et ne cesse de mettre des bâtons dans les roues de Michael Dell.
Pour BlackBerry, la logique est quasi équivalente. En 2007, son action valait près de 230 dollars. Aujourd'hui, cette dernière vaut moins de 10 dollars. Une division par 25 qui valorise BlackBerry autour de 5 milliards de dollars, soit trois fois moins que Nokia et quatre-vingt-trois fois moins qu'Apple. Si ses ventes de smartphones se redressent, la société n'en reste pas moins fragile pour autant et n'affiche toujours aucun bénéfice. Ses tablettes tactiles sont un échec, sa présence est quasi-inexistante aux États-Unis, et de nouveaux licenciements sont à prévoir, après ceux déjà très importants de l'an dernier.
Un scénario complexe à mettre en place ?
Selon plusieurs sources ayant contacté
Reuters, BlackBerry réfléchirait donc à redevenir privé, ce qui implique un départ de la bourse. L'objectif serait similaire à celui de Dell selon Reuters, à savoir lui «
donner une marge de manœuvre afin de résoudre ses problèmes hors de la vue du public ». Le conseil d'administration de BlackBerry songerait en tout cas sérieusement à un tel scénario, même si, pour le moment, il ne s'agit que d'une idée, rien de concret n'ayant été mis en place.
D'après l'agence de presse, si BlackBerry venait à vraiment vouloir quitter la bourse, le chemin ne risque pas d'être de tout repos. En effet, il lui faudra trouver des partenaires, et notamment des sociétés spécialisées dans l'achat de titres privés. Or ces entreprises ne pouvant céder aisément ce type de titres (non publics) misent sur le long terme et sur les futurs bénéfices de BlackBerry. Si, pour Dell, son succès dans le secteur professionnel lui permet d'éviter en partie la crise des PC et de garder une certaine confiance, pour BlackBerry, la situation est plus complexe. Dépendant de ses ventes de smartphones, le Canadien arrivera-t-il à convaincre et à trouver l'argent nécessaire pour une telle opération ?
En attendant, d'autres scénarios sont possibles. Les rumeurs de rachat se sont multipliées depuis deux ans, impliquant tantôt
Vodafone,
Amazon,
Microsoft, Nokia et
Lenovo. Outre une acquisition, BlackBerry pourrait aussi céder quelques brevets pour générer rapidement du cash.