La présidente d’une association vient de déposer plainte à l’encontre d’une page Facebook, dénommée « AdopteUnGitan.com », pour provocation à la violence et à la haine raciale. Depuis, la page en question a été supprimée par le réseau social. Contactée par nos soins, la plaignante envisage désormais de poursuivre l’entreprise américaine si jamais de tels faits se reproduisaient.
Capture d'écran via 20minutes.
Véronique Labbe, présidente de l’association « Notre route - Amaro Drom », s’est présentée hier matin auprès des gendarmes de la brigade de Gardanne (Bouches-du-Rhône) afin de déposer une plainte à l’encontre d’une page Facebook intitulée « AdopteUnGitan.com » (l’intéressée a d’ailleurs mis à disposition une copie de sa plainte sur son blog). Avant d’en arriver là, cette défenseure de la cause gitane avait pu constater, suite au signalement d’une amie Facebook, que des images et propos à caractère raciste se trouvaient sur cette page Facebook, dont la création remontait au 1er août.
« Il y avait des choses abominables ! Ils disaient par exemple qu’il ne fallait pas adopter un gitan mais nous éliminer » explique Véronique Labbe à PC INpact. L’on pouvait également voir sur cette page une photo des Gipsy King, devant le camp d’Auschwitz, les musiciens arborant une étoile juive sur la poitrine. D’après la plaignante, l’image était titrée de la sorte : « Concert final des Gispsy King avant leur incarcération pour vol de métaux et escroquerie en bande organisée - Six millions de personnes attendues, pensez à réserver vos dernières places ! » Après un premier signalement à Facebook ainsi qu’une fermeture temporaire, les propos et photos de ce style ont continué d’abonder sur la page.
C’est donc pour « provocation à la haine ou à la violence en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion par parole, écrit ou moyen de communication au public par voie électronique » que la plainte a été déposée, à l’appui de captures d’écran imprimées. Un tel délit est passible d’une peine maximale d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende.
Maintien de la plainte malgré la fermeture de la page Facebook
Depuis hier, la fameuse page Facebook n’est plus accessible. « J’ai vu que la page était fermée, mais il faut surveiller parce qu’on n’est pas à l’abri qu’elle rouvre sous un autre nom » prévient cependant Véronique Labbe. Contacté par PC INpact, Facebook France nous a appris que la page « AdopteUnGitan.com » avait été supprimée par ses soins. « Facebook n’accepte pas les discours incitant à la haine. (...) Nos équipes disponibles 24h/24 vérifient de très nombreux signalements par jour et notre système est l’un des plus efficaces du web » a tenu à souligner le réseau social.
Quoi qu’il en soit, l’intéressée n’entend absolument pas lâcher le morceau. « Je ne retirerai pas ma plainte. Pour moi, elle est plus que fondée, elle garde sa raison d’être » nous a-t-elle ainsi expliqué. À cet égard, il appartient maintenant aux forces de l’ordre de mener leur enquête, à l’issue de laquelle le procureur de la République pourrait décider d’engager des poursuites.
La plaignante envisage de poursuivre Facebook
La présidente de l’association se veut par ailleurs très remontée : « Dès qu’il y a le moindre article dans un journal au sujet de la communauté gitane, aussitôt il y a un déferlement de propos racistes et haineux à notre égard dans les commentaires ! C’est vrai que jusqu’à maintenant on a été gentil, on a subi. Et bien maintenant nous agissons et nous allons porter plainte ! » prévient-elle.
Véronique Labbe se dit ainsi déterminée à rechercher et poursuivre les internautes proférant de tels propos de haine, que ce soit dans les espaces de commentaires ou sur Facebook en particulier. « Cette fois, je n’ai pas attaqué Facebook, j’ai attaqué cette page. Mais Facebook a une part de responsabilité puisque ce sont eux qui laissent ce genre de chose. Je trouve ça inadmissible ! Maintenant, s’il y a une autre page qui s’ouvre sur Facebook, peu importe son nom, j’irai porter plainte contre la page mais aussi contre Facebook » avertit-elle aujourd’hui. Le réseau social pourrait néanmoins se protéger derrière son statut d’hébergeur, en vertu duquel sa responsabilité n'est engagée qu’à partir du moment où il n’a pas retiré un contenu qu’on lui a signalé dans les formes comme étant manifestement illicite.