Prix des appels : les opérateurs français critiquent vertement Bruxelles

La FFT sort les gants

La Fédération française des télécoms (FFT), qui représente les principaux opérateurs mobiles français (hormis Free Mobile), a publié hier une très vive critique envers le dernier communiqué de la Commission européenne portant sur les tarifs mobiles en Europe. La FFT estime notamment que les chiffres avancés par Bruxelles pourraient être partiaux, sous-entendant qu'ils ne servent qu'à appuyer sa volonté d'imposer un marché unique.

Tarifs mobiles Europe 2011

L'un des graphiques dévoilés par la Commission européenne mardi.

Des sources erronées ou manquantes, une méthodologie non précisée

Mardi dernier, la Commission européenne a pointé du doigt les différences de tarifs dans les pays européens pour une minute d'appel via un téléphone mobile. Entre le territoire le moins onéreux et le plus onéreux, un rapport de 7,7 les séparait. Une différence gigantesque qui pousse la Commission à conclure que « les 28 marchés nationaux des télécommunications que compte l'Europe aujourd'hui ne constituent pas un avantage pour les consommateurs comme le ferait un marché unique. Il est donc essentiel pour toute l’UE d'agir rapidement pour mettre en place un véritable marché unique, afin que notre continent soit véritablement connecté. »

 

Comme nous le notions déjà avant-hier, il est regrettable que la Commission base ses conclusions sur des chiffres de l'année 2011, alors que les tarifs dans bien des pays (dont la France) ont fortement diminué, en partie grâce à la généralisation des forfaits illimités. Mais pour la FTT, outre ce problème temporel, les données utilisées par Bruxelles posent de nombreux autres problèmes. La fédération note tout d'abord que la Commission s'est contentée de publier les conclusions d'une étude, sans dévoiler l'étude elle-même.

 

Mais surtout, « les conclusions tirées par la Commission le sont sur la seule base de deux tableaux de synthèse présentant des données datant de 2011 dont la source, pour le premier est erronée, pour le second, n’est pas indiquée. Par ailleurs, aucune indication n’est fournie quant à la méthodologie précise suivie par cette étude » argumente fort justement la FFT.

 

Devant ce flou évident, les opérateurs français tiennent à rappeler que diverses études plus récentes (de l'ARCEP et de l'OCDE notamment), placent la France parmi les pays européens les plus intéressants. Il est vrai qu'en matière d'appels et de messages (SMS et MMS), la France a fait un véritable bond ces dernières années, passant du camp des mauvais élèves à celui des plutôt bons. Néanmoins, comme nous le pointions en mai dernier, le retard en matière de forfaits de données (data) est encore important, notamment par rapport au Royaume-Uni, aux pays scandinaves et certains pays de l'est de l'Europe, ceci sans même aborder les territoires en dehors de l'Europe.

« Des données datées, partielles, voire partiales, à l’origine parfois inconnue »

Mais le plus intéressant dans le communiqué de la FFT se situe ailleurs, dans une phrase courte mais assassine envers la Commission européenne : « En tout état de cause, le marché unique des télécoms ne se construit pas à coup de données datées, partielles, voire partiales, à l’origine parfois inconnue ».

 

Ce tacle au niveau du genou de la part des opérateurs français démontre que ces derniers craignent plus que jamais le futur paquet télécom que prépare la commissaire européenne Neelie Kroes, et dont nous devrions avoir de plus amples détails le mois prochain. Cette dernière n'a jamais caché qu'elle n'était pas opposée à ce que les opérateurs divisent leurs forfaits, ceci afin de leur permettre de mieux gérer leur réseau et certainement dégager plus de marges. Une bonne chose pour les opérateurs certes, mais cela devrait surtout s'accompagner de la fin des si lucratifs coûts d'itinérance (roaming) ainsi que d'une unification globale du marché européen, que ce soit dans les réseaux mobiles et fixes. De quoi alimenter bien des tensions, en particulier du côté des petits opérateurs qui risquent de se faire écraser sous le poids financier des géants européens.

 

Lorsque nous l'avions interrogée il y a deux mois, la FFT nous avouait ne pas avoir de position officielle sur le futur paquet télécom de Neelie Kroes, tout en regrettant la « vision consumériste » et non industrielle de l'Europe ces dernières années. Deux mois plus tard, la FFT semble bien avoir mûri sa réflexion sur ce sujet délicat. Une opposition féroce entre les opérateurs et Bruxelles pourrait bien fleurir lors des prochains mois. Premier rendez-vous en septembre prochain.

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