Après le « Linky », le compteur d'électricité communicant d'ERDF, voici le « Gazpar », l'appareil développé par GrDF. Le gouvernement vient d'ailleurs d’avaliser sur le principe le projet du distributeur de gaz, dont l’objectif est de déployer de la sorte 11 millions de compteurs d’ici 2022.
Photo : GrDF - Design : Emmanuel Cairo
Le ministre de l’Écologie, Philippe Martin, et son collègue de l’Économie et des finances, Pierre Moscovici, ont annoncé vendredi qu’ils confirmaient « leur soutien - sur le principe - à la généralisation du compteur communicant "Gazpar" ». Quelques semaines après avoir promis un déploiement complet des « Linky » d’ERDF pour 2020, le gouvernement vient maintenant appuyer le projet développé par GrDF pour le gaz.
Ce nouveau compteur se veut « communiquant » ou « intelligent » dans la mesure où il permettra au fournisseur de gaz de connaître à distance (grâce à des communications radio) la consommation réelle de ses clients. Cela signifie surtout que la facturation ne se fera plus d’après des estimations, mais à partir de ce qu’a effectivement consommé chaque utilisateur. Au-delà du seul distributeur, l’intérêt est de pouvoir fournir ces informations aux clients, afin que ceux-ci puissent mieux gérer leur consommation de gaz, avec à la clé de possibles économies. D’autres bénéfices sont également attendus, notamment en matière de gestion des réseaux (diminution des réclamations,...).
11 millions de compteurs à renouveler d'ici 2022
À terme, l’objectif est de remplacer d’ici 2022 les 11 millions de compteurs de gaz existants par des compteurs équipés de modules radio, tout en sécurisant les transports de données. Cependant, la décision d’approbation formelle et définitive du déploiement des « Gazpar » doit encore être rendue par l’exécutif, mais le projet semble en très bonne voix, comme l’illustre le feu vert de principe rendu vendredi par le ministère de l’Économie et celui de l’Écologie.
D’ailleurs, du côté du gouvernement, on ne manque pas de saluer l’impact d’un tel déploiement pour l’économie française. « 1 000 emplois directs pourraient être créés pour les métiers de la pose, du pilotage, de la maintenance » affichent fièrement Moscovici et Martin. Les deux ministres affirment également que les Gazpar auront « un impact indirect positif sur l’ensemble de la filière gaz et des travaux qui lui sont associés (isolation thermique, matériels plus performants) », de même qu’au travers du recyclage des anciens compteurs - de l’ordre de 4 000 tonnes par an durant le déploiement.
1 milliard d’euros sur sept ans
Cela nous amène au coût du projet : 1 milliard d’euros environ selon GrDF (contre 5 milliards pour les « Linky » d’ERDF, pour rappel). La moitié de cette somme correspond au coût des matériels, un tiers est dédié au coût de la pose, tandis que le reste irait aux coûts de développement des systèmes d’information. Cette fois, le financement devrait se faire à partir du tarif d’acheminement du gaz sur le réseau de distribution payé par les fournisseurs de gaz à GrDF. D’après la société de distribution, l’impact sur la facture finale d’un client moyen devrait être de l’ordre de 0,3 %. Et pour cause, « le tarif d’acheminement représentant en effet 25 % du total de cette facture, l’ensemble étant compensé pour le consommateur par la baisse de sa consommation liée à une meilleure maîtrise de sa demande ».
Nicolas Mouchnino, chargé de mission énergie/environnement à l’UFC-Que Choisir, considère à cet égard que l’impact financier de ces nouveaux compteurs pour les clients va se révéler particulièrement important. « Si le compteur coûtait trop cher, c’est l’ensemble du marché du gaz qui en paierait le prix, puisque vous pouvez aujourd’hui changer de mode d’énergie ». En effet, il est plus facile d’opter pour l’électricité alors qu’on utilise le gaz, tandis qu’il est quasiment impossible de se passer du courant.
Un déploiement qui pourrait débuter fin 2015
D’autre part, l’on se souvient que l’association de consommateurs s’était faite très virulente à l’égard des compteurs Linky, notamment en raison de l’information donnée aux clients par ces nouveaux appareils. Cette fois, l'UFC se montre plus rassurante. « On utilise le gaz soit pour se chauffer, soit pour la cuisson, soit pour faire chauffer l’eau. Le consommateur a donc une certaine visibilité sur sa consommation : il n’y a pas de variation, il n’y a pas de pointe, on sait plus ou moins si on consomme beaucoup ou pas » a ainsi expliqué Nicolas Mouchnino à PC INpact. Tout ceci pourrait également plaire à la CNIL, qui regrettait il y a peu que les compteurs intelligents permettent de déduire la présence et les habitudes d’une personne à partir de ces relevés de consommation (périodes creuses signifiant que le client est absent,...). Une guide de bonnes pratiques devrait d’ailleurs voir le jour à la rentrée.
Si tout se déroulait comme prévu, ce déploiement devrait débuter fin 2015. 150 000 compteurs seraient alors installés durant une période pilote d’un an, avant une montée en charge progressive censée durer six ans.