En 2008, avec le lancement du deuxième iPhone (3G) et l'arrivée des smartphones Android, le débat vis-à-vis des applications mobiles a rapidement éclaté. Faut-il développer un site dédié aux mobiles, un site fonctionnant sur toutes les plateformes ou une application dédiée à chaque OS ? Si aujourd'hui, certains se posent encore la question, les cinq ans de recul que nous avons sur cette problématique nous permettent déjà d'y voir un peu plus clair.
Les utilisateurs de Facebook sur mobile se sont multipliés en quelques années.
Le smartphone a transformé le web
Entre 2008 et 2013, un monde sépare ces deux dates. Aujourd'hui, les smartphones représentent la majorité des ventes de mobile dans les pays développés, la 3G s'est démocratisée et la 4G fait ses premiers pas dans la plupart des grandes villes du globe. Le nombre de surfeurs sur téléphone se compte ainsi par centaines de millions aujourd'hui à travers le monde. Certains surfent même exclusivement via un réseau mobile, notamment dans les pays où les lignes fixes sont lentes, voire inexistantes.
Bref, Internet a trouvé un second souffle avec les réseaux internet mobiles. Dans un premier temps, cela n'a pas été sans créer de problème. Certains sites ont ainsi gardé leur très faible taille pour correspondre aux petits écrans, ceci alors que les 24 pouces ou au-delà se sont démocratisés. D'autres sites ont choisi une solution aujourd'hui bien connue : le responsive web design. Une technique récente qui permet au site de s'adapter à n'importe quel écran, d'un petit smartphone à une télévision, en passant bien sûr par l'ordinateur et la tablette. Une méthode qui a ses atouts et ses inconvénients, ceux disposant de très grands écrans pouvant parfois trouver ça trop touffu.
Mais 2013 n'est pas 2008. Désormais, avec la forte progression des tailles des écrans des smartphones, ainsi que de leur définition, un iPhone paraît petit, alors qu'à l'époque, ce dernier semblait imposant. Ajoutons que les tablettes proposent des tailles et des définitions très élevées aujourd'hui. Si cela force moins les sites à ne pas évoluer en terme de dimensions, cela ne ralentit pas pour autant les changements d'apparences afin d'être accessibles à tous. Et surtout, la question des applications est très loin d'être terminée, bien au contraire, ceci pour plusieurs raisons.
Les revenus publicitaires explosent sur mobile
Nous l'avons vu cette semaine avec Facebook, les revenus publicitaires générés grâce aux applications mobiles explosent. Une récente étude montrait d'ailleurs que le marché publicitaire dans le monde avait déjà généré 8,9 milliards de dollars en 2012, soit plus du double de 2011. Assurément, l'année 2013 affichera à nouveau une croissance insolente par rapport à 2012, les chiffres de Facebook le laissent en tout cas entendre. Le mois dernier, eMarketer prévoyait d'ailleurs un doublement du marché mobile, dont les principaux vainqueurs seront Google, avec plus de 8,8 milliards de dollars à lui seul, et Facebook, avec plus de 2 milliards de dollars.
Il faut surtout comprendre que ces revenus publicitaires sur mobile sont quasi intégralement générés via des applications. La situation est telle qu'aujourd'hui, de nombreuses sociétés du web seraient au ralenti voire en régression sans leurs applications mobiles. C'est le cas de la plupart des réseaux sociaux, de la plupart des sites d'annonces ou d'enchères, des sites de presse, des cybermarchands, etc. Pour eBay par exemple, qui a lancé une application dès l'année 2008 pour l'iPhone, l'entreprise américaine a pu générer dans le monde 13 milliards de dollars de ventes l'an dernier uniquement via mobile. Une somme qui pourrait atteindre les 20 milliards cette année. Certes, cela n'a pas encore rattrapé les chiffres réalisés via le site, mais cela en prend sérieusement le chemin.
Certaines applications surpassent les sites internet
Si les applications ont du succès, la raison en est évidemment simple : pour certaines, elles surpassent leurs équivalents accessibles via un navigateur. Au tout début des applications, on se rappellera qu'elles étaient pour la plupart simples, sans réel atout par rapport au site, et même assez souvent avec de nombreuses options en moins. Aujourd'hui, non seulement le contenu est le même, mais le surf y est plus agréable, plus pratique, plus intuitif. Bref, meilleur.
En surfant récemment sur le Play Store de Google, j'ai ainsi remarqué de nombreuses fois des commentaires sur des applications indiquant que ces dernières sont supérieures aux sites web. Prenons le cas d'eBay justement. On peut y lire de nombreux commentaires de ce type :
- « Simple d'utilisation il est facile de poster ses annonces et bien plus rapide que sur pc. »
- « Très bon. En parfaite correspondance avec le site voir plus pratique que le web. »
- « Visite et achat facile, confirmation et paiement sans prise de tête. Bref pas besoin d'un ordi. »
- « Les achats sont encore plus simples que sur un ordi. »
Pour certaines personnes, l'application est donc préférée au site, au point qu'il est possible qu'elles n'utiliseraient même pas ce service s'il n'avait pas d'application. Ce succès des applications n'est toutefois pas sans conséquence.
Le trafic de certains sites régresse
Alors que le monde compte de plus en plus d'internautes, certains sites affichent des baisses importantes de leurs visites. Si cela peut bien entendu s'expliquer par une concurrence accrue, un manque d'évolution ou bien d'autres critères encore, la tendance générale semble malgré tout indiquer que les applications font véritablement de l'ombre aux sites. Si ceux qui ont une application peuvent évidemment compenser la baisse de leur audience sur le site, ceux qui n'ont pas encore sauté le pas (ou qui n'ont pas le budget adéquat) pourraient bien le payer cher dans un futur proche.
L'institut bordelais AT Internet vient d'ailleurs de dévoiler qu'entre juin 2012 et juin 2013, les sites internet français ont vu en moyenne leur audience régresser de 3,2 %. Plus précisément, 60 % des sites analysés par l'institut ont affiché une diminution, sachant que 50 % ont chuté d'au moins 6,5 %. A contrario, les fréquentations des applications ont bondi de 69,6 % en moyenne, et un quart d'entre elles ont plus que multiplié par deux leur trafic.
Faut-il y voir nécessairement une corrélation ? Il serait peut-être trop hâtif d'y voir un lien de cause à effet, tant d'autres critères pourraient être pris en compte. Néanmoins, pour AT Internet, cela ne fait pas de doute : « cet engouement pour les applications se fait au détriment des sites web qui voient leur trafic baisser ».
Et quand on voit le succès des tablettes tactiles et quand on sait que les applications dédiées à un site pourraient envahir les ordinateurs portables voire les ordinateurs de bureau, la question se pose-t-elle vraiment ?