Aux États-Unis, une chaîne appartenant au groupe Fox a réussi à obtenir de YouTube le retrait d’une vidéo reprenant partiellement l'une de ses émissions télévisée. Jusque là, rien d’original. Sauf que l’extrait en question, rendu indisponible pour des raisons de droit d’auteur, était également très embarrassant pour la chaîne. Explications.
Il y a une dizaine de jours, la chaîne californienne KTVU est devenue la risée de nombreux américains, dans un contexte pourtant délicat. En effet, suite au crash d’un avion appartenant à la compagnie Asiana Airlines, le 6 juillet à l’aéroport international de San Francisco, la présentatrice Tori Campbell a lu ce qui lui était présenté à l’écran comme étant le nom des quatre pilotes de l’appareil. En l’occurrence :
- Le capitaine « Sum Ting Wong »
- Wi Tu Lo
- Ho Lee Fuk
- Bang Ding Ow
Problème : à l’oreille d’un anglophone, ces quatre noms dessinent en réalité un scénario aux parfums délicats. Le premier ressemblant par exemple à la prononciation, avec un accent asiatique, de « something’s wrong » (« quelque chose ne va pas »). Le deuxième « we too low ». Le troisième fait quant à lui penser à « holy fuck ». Le dernier pouvant se comprendre comme un bruit de crash suivi d'une plainte (« ow»), voire éventuellement par « landing now ».
Depuis, il s’est avéré que ces noms étaient évidemment faux. La chaîne a rapidement présenté ses excuses, et l’agence gouvernementale ayant transmis cette liste s’est également excusée, rejetant au passage la faute sur un de ses stagiaires.
Retraits de vidéos sur YouTube au titre de la législation sur le DMCA
Sauf que des vidéos de ce passage pour le moins embarrassant pour KTVU se sont rapidement répandues sur Internet, et notamment sur YouTube. Certains de nos confrères américains, tels que Wired, ont alors remarqué que la chaîne s’était efforcée de réclamer le retrait de l’extrait en question auprès de la plateforme de vidéo de Google, avec succès. KTVU s'est manifestement appuyée sur le dispositif prévu par la législation américaine dite du DMCA, laquelle est censée protéger les atteintes au droit d’auteur. Dès lors qu’un ayant droit signale dans les formes à un hébergeur tel que YouTube qu’un contenu illicite est stocké sur ses serveurs, celui-ci se doit de le retirer s’il ne veut pas voir sa responsabilité engagée.
Si beaucoup de vidéos illustrant la gaffe de Tori Campbell restent pour l’heure accessibles, d’autres ont effectivement été bloquées. Raison alors avancée par YouTube ? « Cette vidéo n'est plus disponible suite à une réclamation pour atteinte aux droits d'auteur soumise par KTVU ». Pourtant, Tom Raponi, vice-président de la chaîne, a reconnu implicitement hier auprès de TV Spy que cette protection l’arrangeait bien. L’intéressé a effectivement fait valoir qu’en laissant cet extrait à disposition du public, les offenses faites en particulier à l’égard de la communauté asiatique continuaient. « En prolongement à nos excuses, notre responsabilité nous conduit à minimiser la répétition irréfléchie de cette vidéo par d’autres personnes » a-t-il ainsi expliqué.
Si certains y verront une brèche exploitée à outrance par la chaîne pour faire « d'une pierre, deux coups », l’on se souvient que TF1 avait usé exactement du même procédé en avril dernier, lorsque Rémi Gaillard avait piégé l’émission « Confessions Intimes ». En effet, même après avoir rapidement retiré l’extrait en question de sa plateforme de replay, des vidéos avaient fusé sur YouTube. La chaîne avait alors exigé puis obtenu le retrait des vidéos litigieuses, arguant alors d’une atteinte à ses droits d’auteurs. Depuis, il est bien difficile de retrouver cet extrait complet sur la plateforme de vidéos de Google.