Trois responsables de la société Hewlett-Packard ont été mis en examen pour corruption. Il leur est reproché le versement de pots-de-vin à hauteur de 7,7 millions d’euros pour remporter un marché en Russie en 2003.
Un contrat juteux
Tout commence en 2009. Les organismes allemands de collecte des taxes découvrent, lors d’un audit de routine, des mouvements financiers suspects dans les comptes d’une petite société, ProSoft Krippner. Alertées, les autorités allemandes démarrent alors une enquête. Un détail chiffonne alors : certains paiements ne cadrent pas avec la taille de l’entreprise. On trouve notamment un virement de 22 millions d’euros effectué par HP pour des opérations menées à Moscou.
En détricotant ce qui apparaît rapidement comme un montage visant à masquer certaines opérations, les autorités remontent jusqu’à HP. Il devient alors évident alors que plusieurs personnes ont été impliquées de manière louche dans la négociation d’un énorme contrat de 35 millions d’euros avec le bureau du procureur général de la Fédération russe. Conséquence : les locaux allemands de HP sont fouillés en décembre 2009. Les autorités demandent également son aide au bureau russe, qui perquisitionne à son tour les bureaux de HP à Moscou, un peu plus tard en 2010.
Corruption, abus de confiance et aide à l’évasion fiscale
Bien qu’une dizaine de personnes semblent impliquées au total, dont trois Russes, deux anciens responsables de HP et un actuel sont clairement pointés du doigt : une Finlandaise, un Américain et un Allemand. Au total, ce ne seraient pas moins de 7,7 millions d’euros qui auraient été distribués sous forme de pots-de-vin pour remporter le juteux marché en Russie. Les trois responsables sont accusés de corruption, d’abus de confiance et d’aide à l’évasion fiscale.
Wolfgang Klein, porte-parole du bureau du procureur de Saxe, indiquait le 13 septembre à Bloomberg que le département américain de la justice et la SEC (Securities and Exchange Commission) suivaient d’ailleurs de près l’affaire et que les informations étaient partagées.
Cette affaire, délicate pour HP, pourrait finalement épargner la société. À la demande en effet des autorités allemandes, la firme s’est associée à la procédure. Anette Nachbar, porte-parole, indiquait alors que HP allait pleinement coopérer tout en rappelant que la société exigeait de ses employés qu’ils se conforment à ses « principes professionnels ».
HP n'est pas inculpée, mais...
Le Wall Street Journal a apporté hier des précisions importantes. D’une part, HP elle-même n’est pas inculpée dans l’affaire. La firme s’est exprimée via un porte-parole et a tenu à préciser qu’elle n’apparaissait dans la procédure que « comme participant indirect » : « Le ministère public allemand a inculpé un petit nombre d'individus, incluant un salarié actuel et des anciens salariés de HP » avant d’ajouter que « HP elle-même est libre de toute charge, et n'a pas été inculpée ».
D’autre part, le Journal soulève un point important : la justice allemande ne peut inculper que des personnes physiques. Mais il ne s’agit que d’une base de départ : si la procédure révèle qu’à un moment donné HP a obtenu un bénéfice quelconque de la situation, des amendes pourront lui être infligées. On comprend donc que la firme montre actuellement patte blanche. Mais une question demeure évidemment : de tels transferts d’argent ont-ils été possibles sans que la société elle-même ne soit au courant ?
Nous avons contacté HP pour obtenir davantage de renseignements et attendons actuellement une réponse.
Source de l'image : Joel Bombardier, licence Creative Commons.