En voulant s'attaquer de front aux jeux d'argent illégaux via les machines à sous, la Floride a finalement interdit sans le vouloir les ordinateurs ou n'importe quel appareil (tablettes, smartphones, consoles) capable d'aller sur internet et donc d'accéder aux jeux d'argent. C'est tout du moins le point de vue d'un cybercafé ayant porté plainte afin d'invalider cette loi.
La mort des cybercafés
En avril dernier, l'État de Floride a adopté une loi visant à s'attaquer aux commerces et aux cybercafés proposant à leurs clients des machines à sous et autres jeux d'argent, sans pour autant être des casinos ni avoir les autorisations adéquates. Cette loi a fait suite à divers scandales dans le secteur, notamment une chaîne de cybercafés qui détournaient des gains normalement dédiés aux vétérans.
Toutefois, comme le pointait déjà à l'époque la presse américaine, cette loi est particulièrement imprécise et ses conséquences sont mal évaluées. En effet, le but premier est d'interdire tous les cybercafés proposant des jeux depuis avril dernier. Cette illégalité pourrait néanmoins toucher les sociétés spécialisées dans les bornes d'arcades selon certains critères, notamment si ces bornes permettent de jouer à des jeux que l'on retrouve dans les casinos.
Mais cela pourrait aller plus loin encore. En effet, la loi locale, suite à des amendements, interdit les machines à sous ou tout autre dispositif violant la loi. Or parmi les autres dispositifs dits illégaux, nous retrouvons « tout appareil ou système ou réseau d'appareils » permettant de jouer et de recevoir des gains (soit en cash, soit en bons), même s'ils sont "free-to-play".
Or selon un cybercafé qui a porté plainte contre Katherine Fernandez-Rundle, Procureur de l'État pour le comté de Miami-Dade (Floride), la loi actuelle intègre « une présomption que tout dispositif, système ou réseau, comme les ordinateurs du plaignant, qui affiche des images de jeux de hasard est une machine à sous illégale ». Pour le plaignant, cette loi viole même la constitution de la Floride, qui fait la promotion de tous produits et services utilisés pour la communication de l'information et des idées, ce qui intègre donc les ordinateurs.
Une définition de la machine à sous trop imprécise
Le cybercafé, plutôt tourné vers les travailleurs immigrants souhaitant accéder à des ordinateurs selon Tampa Bay Times, explique que les hommes politiques de Floride se sont précipités et ont criminalisé un pan entier de leur activité à cause des différents scandales précédents. Résultat, les ordinateurs, mais aussi les smartphones ou encore les tablettes sont visés par cette loi, ce qui n'a bien entendu aucun sens. La définition trop large de la machine à sous peut ainsi intégrer n'importe quel appareil.
Selon l'avocat du cybercafé, les ordinateurs qui ont été utilisés pour rédiger cette loi sont eux-mêmes illégaux si l'on suit à la lettre la loi. D'après Tampa Bay Times, plus de 1000 cybercafés, 200 opérateurs de bornes d'arcade et des centaines de « maquinitas » ont été contraints de fermer leurs portes ces derniers mois. D'après le quotidien américain basé en Floride, ce cybercafé n'est pas le seul à porter plainte. Un réseau de salles de bornes d'arcade est précisément dans la même situation et compte s'attaquer à tous les comtés de l'État.