Snowden : la NSA est « de mèche » avec la plupart des pays occidentaux

Tout le monde finira par demander des explications

Depuis les révélations initiales d’Edward Snowden sur le programme américain de surveillance Prism, les réactions outrées ont afflué d’un grand nombre de pays. Mais alors que le lanceur d’alertes est bloqué depuis deux semaines dans l’aéroport de Moscou, de nouvelles informations braquent les projecteurs sur les relations de la NSA avec les pays occidentaux et l’espionnage intensif qui a été fait au Brésil.

snowden prism

Crédits : See-Ming Lee, licence Creative Commons

Répercussions diplomatiques

Edward Snowden s’est enfui des États-Unis en emportant vraisemblablement des milliers de documents. Une petite partie seulement a été révélée lors des premiers indices sur Prism, puis plus tard sur l’espionnage du G20 à Londres par les services britanniques du renseignement ainsi que sur l’introduction de la NSA dans les routeurs chinois. Chaque information a créé une onde de choc et la diplomatie internationale s’est crispée, notamment autour de l’avion du président bolivien Evo Morales. Un avion qui était suspecté d’abriter Snowden et qui n’avait de fait pas reçu l’autorisation de traverser les espaces aériens de plusieurs pays, dont la France.

 

Le président autrichien, Heinz Fischer, s’est depuis exprimé à ce sujet. Il a affirmé que jamais les forces de l’ordre n’ont fouillé l’avion de Morales. Un avion présidentiel fonctionne en effet sur le même principe qu’une ambassade : il s’agit d’un territoire étranger. Un rappel fait par Fischer pour expliquer qu’aucun droit ne permettait à l’Autriche une telle intervention. La confusion serait arrivée lorsqu’un membre du personnel de l’aéroport de Vienne est allé voir l’avion pour vérifier quel problème avait provoqué un changement aussi soudain de route.

La NSA main dans la main avec les pays occidentaux

Un article publié hier par le journal allemand Der Spiegel relance en outre la polémique sur les liens existants entre la NSA et les pays occidentaux. Alors que Jérémie Zimmermann, porte-parole de la Quadrature du Net, soulignait récemment l’étrange calendrier des révélations du Monde sur le programme de la DGSE, on en apprend davantage sur le parcours d’Edward Snowden.

 

Der Spiegel a ainsi publié une interview de Snowden ayant été réalisée avant que le lanceur d’alerte ne s’enfuie à Hong-Kong par Laura Poitras, impliquée également dans plusieurs articles de The Guardian, et Jacob Appelbaum, un spécialiste du chiffrement des données et impliqué notamment dans le fonctionnement de WikiLeaks. Largement centrée sur les activités de la NSA, elle met en avant les liens étroits qui connectent la NSA aux différentes agences de renseignement des pays alliés.

 

Snowden révélait ainsi que l’Allemagne, tout comme d’autres pays, fonctionnait sur la base d’un partenariat avec la NSA. Les agences échangent des informations selon un modèle qui consiste à ne jamais demander d’où vient l’information. Objectif : s’assurer que les dirigeants politiques n’aient pas de retombées négatives en cas d’exposition du mécanisme. Snowden cite en exemple la possible extraction du contenu d’un téléphone portable dans un autre pays, puis le transfert des données pour les besoins d’une enquête.

Les multinationales américaines sont les « joyaux de la couronne » de la NSA

Indiquant que les lois ne sont de toute façon pas respectées, Snowden confirme qu’une division spécifique à la NSA s’occupe exclusivement de la coopération internationale dans le cadre du renseignement. Cette direction des affaires étrangères (FAD) s’occupe à plein temps de la coordination des collectes de données et de la manière dont les échanges sont réalisés. Snowden enfonce en outre le clou sur un sujet qui a refait l’actualité récemment : les États-Unis et Israël ont bien réalisé ensemble le malware Stuxnet destiné à ralentir les progrès iraniens dans le domaine nucléaire.

 

Après avoir abordé le système anglais Tempora, qui crée un cache de trois jours contenant la totalité des données ayant circulé par le Royaume-Uni, Snowden a réaffirmé que les grandes sociétés américaines participaient au programme Prism. Pour la NSA, elles sont les « joyaux de la couronne » mais il est très complexe de prouver les échanges. Pour le lanceur d’alertes, les groupes de défense des libertés civiles devraient tenir compte de ce fait et faire pression. Il précise cependant que la seule véritable manière d’influer sur le fonctionnement des multinationales est une sanction directe par le consommateur. Un avis qui n’est pas sans rappeler celui de la commissaire européenne Neelie Kroes, pour qui les ténors américains du Cloud pourraient subir une vaste crise de confiance.

 

Comme dans le cas de la France avec l’infrastructure de mutualisation de la DGSE, il devient délicat de prendre les déclarations des dirigeants politiques au sujet de Prism pour argent comptant. Car si l’Allemagne par exemple pratique ce genre d’échange avec la NSA, que dire des propos d’Angela Merkel sur des méthodes américaines « dignes de la Guerre Froide » ?

Une attention particulière sur le Brésil

Même si cette interview a plus d’un mois et est révélée en partie maintenant (Jacob Appelbaum ne savait pas à l’époque qu’il parlait à Edward Snowden), les nouvelles informations continuent de circuler. Souvenez-vous : pour garantir sa sécurité, le lanceur d’alerte a envoyé des copies de ses documents à différentes sources, dont une majorité est très certainement de nature journalistique.

 

Un article paru hier dans le journal brésilien Globo indique que le pays a été constamment surveillé depuis une décennie. Cet article a été co-signé par Glenn Greenwald, connu pour avoir été l’un des premiers à révéler des informations sur Prism, mais également pour avoir un lien privilégié avec Snowden lui-même. Et le cas du Brésil apparaît justement grâce à une nouvelle série de documents.

 

On apprend ainsi que la NSA surveille de très près l’activité brésilienne, notamment à travers l’ensemble des communications électroniques. Pour améliorer l’efficacité du processus, la NSA pourrait compter sur la participation des sociétés américaines implantées qui ont des partenariats avec les fournisseurs d’accès brésiliens ou encore les opérateurs de téléphonie.

 

Évidemment, le gouvernement brésilien a réagi, indiquant être « gravement inquiet par les nouvelles sur l’espionnage intensif par les agences américaines du renseignement des communications électroniques et téléphoniques des citoyens brésiliens ». Le pays demande en outre des explications aux États-Unis sur ce sujet, mais l’actualité des dernières semaines pose une autre question : quel autre choix pour le Brésil que de protester même s’il était déjà au courant, voire disposait d’un accord d’échanges ?

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