Peu de temps après la mise en ligne de sa nouvelle version, Mediapart subit un coup dur : la cour d'appel de Versailles condamne le site ainsi que Le Point à supprimer tous les enregistrements de l'affaire Bettencourt, mais aussi les citations de ceux-ci. Se dirige-t-on vers un effet flamby ? Cela semble bien être le cas puisque les fichiers commencent à s'échanger sur la toile.
Mediapart vient de mettre à jour sa « une » afin de refléter la décision de la cour d'appel de Versailles qui a condamné le site ainsi que Le Point un peu plus tôt dans la journée. L'arrêt concerne les fameux enregistrements de l'affaire Bettencourt, pourtant à l'origine de nombreuses affaires divulguées par la rédaction d'Edwy Plenel en juin 2010 et considérés depuis comme pièces à conviction par la justice. Ce jugement fait suite à la décision de la cour de cassation en octobre 2011 qui avait déjà à l'époque considéré que ces documents constituaient une atteinte à la vie privée qui ne pouvait légitimer l'information du public, contrairement à une première décision de juillet 2010.
Cette fois encore, il a été indiqué cela « ne peut légitimer la diffusion, même par extraits, d’enregistrements obtenus en violation du droit au respect de la vie privée d’autrui ». Ce retrait doit être effectué sous 8 jours, sans quoi une astreinte de 10 000 € par jour sera due. Bien entendu, il leur est interdit de les republier sous quelque forme que ce soit et ils devront verser chacun 20 000 € de dommages et intérêts à Liliane Bettencourt et 1 000 € à Patrice de Maistre, son ancien gestionnaire de fortune.
Bien entendu, l'affaire ne s'arrêtera surement pas là et les deux sites devraient se pourvoir en cassation, mais, dans tous les cas, cela ne devrait rien changer concernant la diffusion de ces fichiers. En effet, effet flamby oblige, la résistance s'est déjà organisée. Rapidement, des confrères ont indiqué pouvoir héberger le dossier Bettencourt si nécessaire, même en accès libre dans le cas de sites payants comme Arrêt sur images :
Hello, @mediapart, on est prêts à héberger tout votre dossier Bettencourt (et en accès libre, en plus !) #solidarité
— Arrêt sur Images (@arretsurimages) July 4, 2013
Mais, au-delà de ces possibilités de déplacement du problème (ces sites pouvant être exposés aux mêmes décisions judiciaires), on trouve déjà des miroirs des fichiers qui peuvent être récupérés via une simple ligne de commande sous Linux et il ne devrait pas falloir très longtemps pour que tout cela s'échange sur BitTorrent. Pour rappel, Mediapart avait lui-même fait office de miroir lors de la mise hors ligne de Wikileaks.
Impossible alors de les voir disparaître de la toile et ceux qui n'en avaient pas entendu parler ou qui ne les avait pas écoutés devraient sans doute profiter de cette occasion pour découvrir ces enregistrements qui ont secoué notre république.
wget -c -r --limit-rate=100k --wait=1 http://t.co/eqJzybktwy *sifflote* #bettencourt -- merci @laurentchemla :p
— Skhaen (@Skhaen) July 4, 2013