Aronnax, la future plateforme paneuropéenne de partage de renseignements ès-cybercriminalité

Aronnax, la future plateforme paneuropéenne de partage de renseignements ès-cybercriminalité

Vingt Mille Lieues sous les Internets

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Jean-Marc Manach

Publié dans

Internet

25/09/2023 5 minutes
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Aronnax, la future plateforme paneuropéenne de partage de renseignements ès-cybercriminalité

ARONNAX est un service européen qui veut donner « aux enquêteurs et aux experts un moyen d’accéder à des informations concernant les canaux de communications privilégiés par les criminels pour vendre ou acheter des services ». L’approche est décentralisée et distribuée, chaque État membre reste « propriétaire des données et sera en mesure d'appliquer sa propre réglementation en matière de protection des données ». 

« Avec le projet Aronnax, l’Europe veut traquer les bourdes des cybercriminels sur le dark Web », titre Le Monde. Ce projet de plateforme vise à fluidifier l'échange de données et indices laissés par les pirates informatiques, et ainsi renforcer la coopération européenne en matière de lutte contre le cybercrime.

Son nom fait référence au narrateur de « Vingt Mille Lieues sous les mers », Pierre Aronnax, auteur d'une étude sur « Les mystères des grands fonds sous-marins » et chargé de traquer les monstres marins.

Civipol à la manœuvre

La société Civipol, sous-traitant attitré du ministère de l'Intérieur en matière de coopération sécuritaire internationale, est chargée de son développement dans le cadre du CAIS -EMPACT (Cyberattacks Against Information Systems), dont la France est coordinatrice.

Le projet ne concerne pas l'ensemble des polices européennes, ne regroupant que l’OCLCTIC (Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication) du ministère de l’Intérieur français, l’IGPR (Direction de la lutte contre la criminalité organisée) de la police en Roumanie, le BKA (Bureau de la police criminelle fédérale) en Allemagne et le NCP (police et douanes nationales) en Estonie.

Une plateforme prévue pour 2025

CIVIPOL, qui a reçu une subvention d’un million d'euros du fonds pour la sécurité intérieure (FSI) de la direction générale de la migration et des affaires intérieures (DG Home) de la Commission européenne, explique que « la méthode d’aujourd’hui rend difficile le partage des données sensibles en vue des lois nationales en matière de la protection des données ».

De plus, « ARONNAX donnera aux enquêteurs et aux experts un moyen d’accéder à des informations concernant les canaux de communications privilégiés par les criminels pour vendre ou acheter des services » : 

« Grâce à cet outil innovatif, les enquêteurs pourront traquer de façon plus systématique les erreurs commises par les criminels. Une fois associées avec les morceaux d’informations communiquées par les criminels sur les canaux, ces erreurs permettent d’identifier et de localiser les auteurs du délit. »

ARONNAX, qui devrait aboutir à l’été 2025, vise notamment à « permettre aux centres de cybersécurité de vérifier instantanément des entités comme les adresses IP, les noms d’utilisateurs et les adresses mail à un niveau européen », et « assurer la déconfliction entre les centres nationaux de cybersécurité en archivant toutes les demandes d’accès qui sont faites dans le but de comparer les résultats ».

Ingénieur data recherché

Une offre d'emploi d'ingénieur data précise qu'Aronnax « a pour objectif le développement d’une plateforme d’intégration et de visualisation de données issues de forums et messageries utilisés par des cybercriminels », et qu'il est porté par la sous-direction de la lutte contre la cybercriminalité (SDLC) de la direction centrale de la police judiciaire.

Il sera chargé de la « réparation des données à intégrer », de leur indexation dans une base Elastic Search, ou encore d' « apporter une expertise pour l’exploration et l’analyse complexe de ces données aux moyens de techniques variées ».

À défaut de précisions, l'offre d'emploi précise que l'ingénieur devra disposer de connaissances requises en « HTML, CSS, JS, NodeJS, ReactJS, Python (django et librairie pandas), API-REST », d'une maîtrise d’un moteur d’indexation et d’analyse du type ELK (maîtrise des API Elasticsearch / Kibana), et que  « des notions de BigData (NoSQL / MongoDB) et d’outils de visualisation (Linkurious, PowerBI) seraient un plus ».

Le poste, basé à Rennes, avec des déplacements réguliers à Nanterre et à l’étranger, prévoit une rémunération « autour de 5 300 euros bruts mensuels ».

À titre de comparaison, l'offre d'emploi de « responsable de projet européen » du projet Aronnax, requérant un bac + 5 et Master 2, avec un minimum de « 3 ans d’expérience professionnelle dans la gestion de projets impliquant plusieurs partenaires ou parties prenantes », une « bonne connaissance du paysage institutionnel français et européen dans le domaine de la sécurité intérieure [et] des enjeux liés à la protection des données », prévoyait de son côté un salaire, « selon expérience professionnelle », de 3 400 euros bruts mensuels.

Écrit par Jean-Marc Manach

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Civipol à la manœuvre

Une plateforme prévue pour 2025

Ingénieur data recherché

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Commentaires (3)


Avec des rémunérations pareilles, on est presque mûrs pour les inscrire sur Pigeon gratuit. J’entends d’ici rigoler les criminels en question.


C’est vrai que c’est bizarre que le chef de projet gagne moins que son subordonné.


Un chef de projet n’est pas forcément un “au-dessus” du développeur. Dans une équipe seine, le CP est hiérarchiquement au même niveau que les devs, et ils travaillent ensemble dans un but commun (la réussite du projet), avec des tâches et compétences différentes.



À priori, cette vision de “chef de projet” qui “devrait” être mieux rémunéré que les devs serait quelque chose d’assez “français”.



5300e bruts, c’est pas très cher payé pour le mouton à 5 pattes recherché, mais ça reste un salaire intéressant à Rennes.