Teams : la Commission européenne ouvre une enquête pour abus de position dominante contre Microsoft

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Teams : la Commission européenne ouvre une enquête pour abus de position dominante contre Microsoft
Crédits : code6d/iStock

La rumeur circulait depuis quelque temps, elle est désormais confirmée : la Commission européenne vient d’annoncer officiellement l'ouverture d'une enquête contre Teams, la messagerie de Microsoft pour les entreprises. L’éditeur pourrait y avoir abusé de sa position dominante.

Depuis quelques semaines, les bruits de couloir enflaient : l’Europe pourrait avoir à redire sur la manière dont Microsoft intègre Teams dans sa suite Office et surtout ses abonnements 365. Le Financial Times s’en était déjà fait l’écho il y a dix jours. La publication aujourd’hui d’un communiqué par la Commission européenne n’est donc pas une grande surprise.

La Commission présente Teams pour ce qu’il est : « un outil de communication et de collaboration en nuage », équipé de fonctions « telles que la messagerie, les appels, les réunions vidéo ou le partage de fichiers et rassemble les outils de travail et d'autres applications de Microsoft et de tiers ».

Elle note cependant que le contexte sanitaire a largement fait évoluer la situation mondiale, avec une accélération notable du passage au télétravail. Cette transition vers un cloud beaucoup plus présent « a permis l'émergence de nouveaux acteurs sur le marché et de nouveaux modèles d'entreprise ». Les grandes entreprises américaines de la tech ont tiré leur épingle du jeu, avant de déchanter cette année et d’enchainer les vagues de licenciements.

Les reproches faits à Teams

La Commission note que Teams est intégré dans les suites de productivité en nuage Office 365 et Microsoft 365. Elle craint en conséquence « que Microsoft n'abuse de sa position et ne défende sa position sur le marché des logiciels de productivité en restreignant la concurrence dans l'Espace économique européen (EEE) en ce qui concerne les outils de communication et de collaboration ».

Plus spécifiquement, la Commission émet deux craintes. La première est que Teams reçoive un avantage indu en matière de distribution. Les clients n’auraient alors le choix d’inclure ou non l’accès à ce produit. La seconde concerne la concurrence : Microsoft serait en mesure de limiter l’interopérabilité entre ses suites et les offres tierces.

Dans un cas comme dans l’autre, il pourrait s’agir de ventes liées ou groupées anticoncurrentielles, contrevenant alors à l’article 102 du TFUE (Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne) relatif aux règles de la concurrence dans l’EEE, qui interdisent notamment l’abus de position dominante.

« Les outils de communication et de collaboration à distance comme Teams sont devenus indispensables pour de nombreuses entreprises en Europe. Nous devons donc veiller à ce que les marchés de ces produits restent concurrentiels et à ce que les entreprises soient libres de choisir les produits qui répondent le mieux à leurs besoins. C’est la raison pour laquelle nous examinons si le fait que Microsoft lie ses suites de productivité à Teams est susceptible d’enfreindre les règles de concurrence de l’UE », a indiqué Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la concurrence.

Au départ, une plainte de Slack

Lorsque Microsoft a présenté Teams, beaucoup y ont vu une simple copie de Slack, elle aussi une solution de messagerie très intégrée, pensée comme une fin aux problèmes réguliers des emails. Avec le temps cependant, Teams s’est enrichie et s’est interfacé avec la quasi-totalité des autres – et très nombreux – produits de Microsoft.

Dans ce contexte, Teams est devenu un élément-clé de la stratégie de Microsoft, car au centre de ses services. À travers lui circulent de nombreux flux d’informations, le service servant pratiquement d’agent de liaison. Les utilisateurs peuvent être informés et transférer ces informations. La suite Office d’origine est, elle aussi, pleinement intégrée, puisqu’il est possible par exemple de travailler à plusieurs sur un tableau Excel depuis l’interface de Teams, ou de gérer les commentaires d’un document Word.

Cette évolution a été repérée très rapidement par Slack (depuis rachetée par Salesforce), qui a déposé plainte le 14 juillet 2020 pour concurrence déloyale. La société accusait alors Microsoft d’avoir « lié illégalement Teams à ses suites de productivité dominantes ». Il aura donc fallu trois ans pour que la Commission fasse un premier état des lieux et annonce officiellement une enquête.

Si cette dernière devait confirmer un abus de position dominante, Microsoft pourrait se voir infliger une lourde amende.

À CNBC, la firme de Redmond a déclaré : « Nous respectons le travail de la Commission européenne dans cette affaire et prenons nos propres responsabilités très au sérieux. Nous continuerons à coopérer avec la Commission et nous nous engageons à trouver des solutions qui répondront à ses préoccupations ».

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