Le député François Loncle s’inquiète de l’utilisation obsessionnelle d’Internet par certains utilisateurs du réseau. Jeux vidéos, paris en ligne, réseaux sociaux... Toutes les éventuelles addictions à ces nouveaux services mériteraient de faire l’objet d’une attention particulière du gouvernement selon l’élu.
François Loncle est le député socialiste de l’Eure. L’élu a adressé aujourd’hui une question écrite (repérée notamment par @AlexArchambault) à la ministre de la santé, Marisol Touraine, pour lui parler de dépendance numérique. « La cyberaddiction est un trouble psychologique qui contraint un individu à utiliser un ordinateur et à se connecter à internet de manière obsessionnelle, au point que cela affecte sa vie personnelle. Cette pratique compulsive se traduit notamment par des achats et des paris en ligne excessifs, une assuétude à des jeux vidéo, un engouement pour les réseaux sociaux » explique ainsi François Loncle.
L'exécutif invité à faire le point
Problème : de tels comportements pourraient s’avérer mauvais pour la santé, s’inquiète le parlementaire. « Observée pour la première fois en 1996 par une psychologue américaine, la dépendance numérique aurait un impact nocif sur la santé de l'usager (insomnie, migraine, mal de dos...), sur son environnement familial et amical, sur ses performances scolaires ou professionnelles » s’alarme François Loncle. L’élu invite ainsi Marisol Touraine à lui expliquer « si la dépendance numérique constitue une pathologie spécifique », mais aussi « si des études ont été entreprises à ce sujet et quels en sont les résultats éventuels ». En clair, le député souhaite obtenir une synthèse des travaux en la matière.
Aussi, la ministre de la Santé est conviée à présenter à François Loncle les mesures de prévention qui pourraient avoir d’ores et déjà été « prises ou envisagées, en particulier à l'égard des adolescents qui sont des utilisateurs intensifs d'internet ». L'élu veut également connaître « les traitements qui sont préconisés en cas de trouble avéré ».
Un sujet évoqué en février 2013 devant les parlementaires
Même si la question peut sembler peu abordée en France, les députés s’y sont pourtant bien intéressés il y a peu. L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques organisait en effet en février dernier une audition intitulée « Prémunir la société contre le risque de la dépendance numérique » (voir le compte rendu). Marc Valleur, médecin-chef à l'hôpital Marmottan était ainsi intervenu pour faire valoir que l’addiction aux jeux en réseaux sur Internet était une pathologie dont il jugeait la prévalence « infime ». L’intéressé s’expliquait : « Si nous accueillons moins d’une cinquantaine de jeunes joueurs en réseau par an, nous recevons tous les jours des appels téléphoniques de parents affolés. Une inquiétude parentale considérable s’exprime donc pour une réalité clinique qui existe, certes, mais qui est, numériquement, extrêmement faible ».
Le médecin voyait cependant un point noir : celui de l’addiction sexuelle croissante du fait des nouvelles technologies. « Ce que nous voyons se développer depuis deux ou trois ans et que nous essayons de freiner car nous n’avons pas le personnel nécessaire pour y répondre, c’est le problème des personnes qui demandent de l’aide pour arrêter de fréquenter des sites pornographiques ou de rencontres rapides » faisait-il valoir auprès des parlementaires. Marc Valleur disait ainsi s’inquiéter de « cette addiction masturbatoire assistée par ordinateur ».
L’intéressé en appelait en conclusion à une éducation des adolescents aux nouveaux médias et au décryptage des images. « D’énormes progrès doivent être faits dans les familles et au sein de l’Éducation nationale pour enseigner aux jeunes gens les dangers, les risques et la bonne utilisation de l’Internet. Car un même objet, le jeu en réseau, peut être utilisé soit de manière enrichissante, soit de manière abrutissante, pour faire le vide et rendre son cerveau "disponible pour la publicité"... » affirmait-il.
D’autre part, Marc Valleur préconisait un « développement de la qualité des jeux » afin de prévenir l’addiction aux jeux en réseau. Tout en insistant sur la responsabilité des éditeurs, le médecin s’expliquait : « Plus ils seront intéressants et complexes, plus il faudra, pour jouer, utiliser son imagination et sa pensée, moins ils seront addictifs, car on devient en général "addict" à des conduites répétitives ».