En juin et novembre de chaque année, le classement Top500 des supercalculateurs dans le monde est mis à jour. Dans la 61e édition, le supercalculateur Frontier augmente sa puissance de calcul pour arriver à 1,2 exaflops. L’Europe dispose toujours de deux machines dans le top 5, mais il faut descendre à la 12e place pour trouver la France.
Alors que Fukagu caracolait largement en tête en 2020 et 2021, il a été relégué sans ménagement en deuxième position en juin 2022 lorsque Frontier, de l’Oak Ridge National Laboratory (pour le Department of Energy), est arrivé. Ce supercalculateur est pour rappel basé sur une architecture HPE Cray EX235a avec des CPU AMD Epyc de 64C/128T à 2 Ghz.
C’était « la première véritable machine exaflopique avec un score HPL de 1,102 exaflop », soit plus de deux fois supérieur à celui de Fugaku, lui-même deux fois au-dessus du numéro trois LUMI, qui était également arrivé à cette place en juin 2022. Frontier reste pour le moment la seule machine exaflopique.
Frontier conforte sa place de numéro 1
Dans le classement de juin 2023, Frontier augmente sa puissance avec 1,194 exaflop au compteur, soit 8 % de plus. Si 92 petaflops ne semblent pas être grand-chose sur le total, il faut remettre ce chiffre en perspective. Le supercalculateur Sunway TaihuLight, numéro 7 du classement (il était même en tête en 2016 et 2017), revendique 93 petaflops de puissance. Le seul gain de 8 % de Frontier serait suffisant pour entrer en 8e position puisqu’il est largement supérieur à Perlmutter (71 petaflops).
L’équipe en charge du Top500 annonce aussi une puissance de calcul de 9,95 exaflops pour Frontier en précision mixte sur le benchmark HLP-MxP, contre 7,94 exaflops auparavant. Sur ce genre de calcul, la deuxième place revient à LUMI avec 2,2 exaflops, suivi par Fugaku avec 2 exaflops.
Fugaku, LUMI, Leonardo…
Pas de changement pour le numéro deux – Fugaku – qui affiche toujours 442 petaflops. Le supercalculateur européen LUMI ne bouge pas non plus de la troisième place, avec 309 petaflops. Il a atteint cette puissance en novembre 2022, alors qu’il était à 151 petaflops lors de son arrivée en juin 2022, mais c’était déjà suffisant pour le placer sur la troisième marche du podium de l’époque.
Leonardo, un autre supercalculateur EuroHPC, a droit à une mise à jour qui le fait passer de 175 à 239 petaflops. Il reste quatrième.
Le reste du Top10 ne bouge pas d’un iota avec Summi, Sierra, Sunway TaihuLight, Perlmutter, Selene et Tianhe-2A (61 pétaflops).

Adastra (France) : 12e position, en attente de sa nouvelle partition
Alors qu’elle était en 11e position en novembre 2022, la France perd une place avec son supercalculateur Adastra (46 petaflops) du Grand Equipement National de Calcul Intensif (GENCI). Il se fait en effet devancer par les 54 petaflops du nouveau venu Explorer-WUS3 de Microsoft Azure. La France se classe aussi 22e avec son supercalculateur CEA-HF du CEA et 39e avec PANGEA III de Total.
Adastra, inauguré il y a quelques semaines seulement, doit s’améliorer cette année, avec la mise en service de la partition Genoa constituée de « 536 nœuds de calcul, chacun doté de deux processeurs AMD EPYC de quatrième génération à 96 cœurs et de 768 Go de mémoire DDR5 », expliquait Philippe Lavocat, PDG de GENCI, l’année dernière. Ce n’est donc pas encore pour ce classement puisque la puissance de calcul est rigoureusement la même depuis un an.
Le GENCI explique que sa « capacité de calcul de 74 petaflops [une fois qu’il sera terminé, ndlr] le fait figurer parmi les plus puissants d’Europe ». Deux partitions sont à l’œuvre pour arriver à cette puissance : Genoa qui doit arriver prochainement avec 3,8 petaflops de puissance crête, et MI250x avec 70,3 petaflops en crête. On arrive bien à 74 petaflops au total, le compte est bon.
Selon le Top500, Adastra a des performances maximales théoriques actuelles de 61,2 petaflops, pour 46 petaflops sur le test de référence (LINPACK). Même à pleine puissance, il y a donc peu de chances qu’Adastra entre dans le Top10. Il faudrait actuellement atteindre 62 petaflops sur le benchmark officiel.
Trio des supercalculateurs : Asie, Amérique du Nord et Europe
Passons à une vision plus globale de la répartition des supercalculateurs : « les États-Unis ont augmenté leur avance en passant de 126 machines sur la dernière liste à 150 sur celle-ci, tandis que la Chine est passée de 162 systèmes à 134 ».
Si l’on prend en compte les continents, l’Asie arrive cette fois-ci en tête avec 192 machines, l’Amérique du Nord deuxième avec 160 supercalculateurs et l’Europe troisième avec 133 systèmes. Il reste donc 15 supercalculateurs à se partager pour le reste du monde.
Henri reste 1er du Green500, Adastra 3e et Frontier 6e
Passons au classement Green500. Il se base sur l’efficacité énergétique et l’ordre ne change pas pour les dix premières places. Henri du Flatiron Institute reste en tête avec 65,4 gigaflops/watt (65 gigaflops/watts au précédent relevé), malgré la hausse de sa puissance de calcul qui est passée de 2 à 2,9 petaflops. Henri est désormais 255e du Top500.
Frontier TDS (Test & Development System, une version plus petite de Frontier utilisée pour des tests), Adastra, Setoniux et Dardel GPU occupent les places deux à cinq, sans aucun changement sur la puissance et l’efficacité. L’augmentation des performances de Frontier ne se fait pas au détriment de l’efficacité énergétique, au contraire puisqu’elle passe de 52,2 à 52,6 gigaflops/watt en l’espace de six mois.
