Surveillance des satellites et débris spatiaux : le CNES signe des contrats avec plusieurs industriels français

Surveillance des satellites et débris spatiaux : le CNES signe des contrats avec plusieurs industriels français

Surveiller, même dans l'espace

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Martin Clavey

Publié dans

Économie

25/04/2023 5 minutes
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Surveillance des satellites et débris spatiaux : le CNES signe des contrats avec plusieurs industriels français

Les moyens de surveillance européens actuels ne permettent pas d’observer tous les débris spatiaux et satellites. La France veut, à terme, disposer d'un nouveau service de fourniture de données de surveillance de l’espace, notamment en orbite basse, et a passé un appel d'offre l'année dernière pour lancer des projets de surveillance de l'espace. Le CNES concrétise maintenant la sélection des cinq consortiums lauréats en signant les contrats engageant ces projets.

En décembre dernier, le gouvernement annonçait les cinq consortiums lauréats de l'appel d'offres « Catalogue de données pour la surveillance de l’espace »  confié au CNES et financé par le plan d'investissement « France 2030 ». L'idée, in fine, est d'avoir un système de surveillance capable de cataloguer et suivre les différents objets orbitant autour de la Terre.

C'est maintenant le temps de la signature des contrats pour la première phase de ces projets. Le consortium composé d'ArianeGroup, Eutelsat et Magellium est le premier à communiquer sur son contrat passé avec le CNES pour améliorer son réseau GeoTracker déjà existant, et composé actuellement de six télescopes, avec le déploiement de capteurs optiques multi-orbites, et l'ajout d'un satellite en orbite de transfert géostationnaire (GTO).

Des grands noms mais aussi des startups

Mais, auprès du journal Les Echos, Pascal Faucher, président du Partenariat européen de surveillance de l'espace, et responsable de programme Défense et Sécurité au sein du CNES, souligne que  « les coups d'envoi ont tous été donnés en quelques jours ».

Si certains porteurs de ces projets sont des noms classiques dans le monde de l'industrie spatiale française, comme ArianeGroup et Eutelsat ensemble, ou Safran Data Systems tout seul, le gouvernement a aussi profité de cet appel d'offres pour financer des startups comme Share My Space, Infinite Orbits ou U-Space. Celles-ci ont été épaulées par des acteurs déjà en place pour monter les projets. L'ambition de faire monter des entreprises qui pourraient devenir des fers de lance du « new space » français transparait dans leur montage.

Ainsi, la startup Share My Space, dont le but affiché colle complètement à l'appel d'offre (elle s'est montée avec l'ambition de devenir l'un des acteurs de la sécurité spatiale en cataloguant ces objets orbitaux pour éviter les collisions), a proposé, avec l'Office national d'études et de recherches aérospatiales (ONERA) et CS-GROUP, un projet de réseau de capteurs optiques et radar destinés à surveiller toutes les orbites.

Le projet de développement d'un satellite d'observation de débris de U-Space (dont la raison d'être est la vente de nanosatellites) a aussi passé le cap de l'appel d'offres et va se monter avec la collaboration, cette fois, d'ADS.

Enfin, Infinite Orbits, qui se présente comme un genre de réparateur de satellites en orbite, s'appuie sur la filiale franco-italienne de Thalès et de Leonardo, Telespazio, l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (l'Observatoire de Paris) et l'Institut de recherche technologique Saint-Exupéry pour son propre projet de surveillance.

Une seconde phase en 2024

Si le ministère communique bien volontiers sur l'enveloppe totale du volet spatial de France 2030 (1,5 milliard d'euros), aucun montant de contrats pour ces projets n'est diffusé publiquement.

Ces projets doivent proposer d'ici un an un service pré-opérationnel. Une seconde phase de démonstration est ensuite prévue « courant 2024 » après « sélection des meilleurs projets ».

Dans son communiqué de presse annonçant les lauréats de cet appel d'offres, le ministère considérait que « les services de surveillance de l’espace constituent un marché émergent qui répond à une demande croissante d’utilisateurs publics et privés au niveau mondial ».

Un appel d'offre bien imbriqué dans la Stratégie spatiale de défense française

Si cet appel d'offres de surveillance de l'espace se présente essentiellement pour remplir des besoins de gestion des débris spatiaux, d'autres enjeux sont aussi pris en compte.

« À l’origine, la surveillance française de l’espace n’avait pas pour objectif de détecter des menaces dans l’espace, et encore moins d’attribuer ces menaces à un acteur précis » comme l'indiquent dans une note récente le directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, Xavier Pasco et le Chargé de recherche Paul Wohrer, mais « avant tout la surveillance et l’identification des satellites passant au-dessus du territoire national ». Mais la Stratégie spatiale de défense française a fait évoluer cette vision.

Les deux chercheurs expliquent que « conformément à une stratégie d’autonomie en cercles fréquemment évoquée, l’approche suivie pour la surveillance de l’espace semble suivre cette organisation en trois cercles distincts, soit un cercle patrimonial maîtrisé qui porte le cœur de mission, un cercle élargi qui inclut des acteurs de confiance pour renforcer les capacités opérationnelles de façon strictement organisée en fonction du type des missions visées, et un dernier cercle plus large encore ouvrant, lui, d’éventuelles relations commerciales capables de répondre à des besoins dont le volume et la nature dépassent les capacités offertes par les moyens dédiés. »

On retrouve, dans cet appel d'offres, les membres des trois cercles. Selon ces chercheurs, les six télescopes Geotracker d'ArianeGroup font partie du premier cercle. Le deuxième cercle est composé, entre autres, d'ADS, de Thalès et de Safran. Et enfin, « le troisième cercle inclut les nouvelles offres industrielles de surveillance de l’espace ».

C'est d'ailleurs le système GeoTracker qui, en 2018, avait suivi et surveillé le satellite espion russe Luch-Olymp parti pour écouter les communications du satellite franco-italien Athena-Fidus.

Écrit par Martin Clavey

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Des grands noms mais aussi des startups

Une seconde phase en 2024

Un appel d'offre bien imbriqué dans la Stratégie spatiale de défense française

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Commentaires (1)


A l’origine c’est surtout pour éviter qu’au lancement Ariane percute un débris spatial avant qu’il se désintègre dans l’atmosphère terrestre.
Au prix que coute un lancement de satellite par Ariane, le projet de surveillance se comprend.