21 lauréats pour le premier plan d'accompagnement vers SecNumCloud, « des signaux très positifs »

21 lauréats pour le premier plan d’accompagnement vers SecNumCloud, « des signaux très positifs »

Labelliser, accélérer, soutenir

Avatar de l'auteur
Vincent Hermann

Publié dans

Économie

07/04/2023 8 minutes
2

21 lauréats pour le premier plan d'accompagnement vers SecNumCloud, « des signaux très positifs »

En décembre 2022, le gouvernement lançait un processus d’accompagnement à la qualification SecNumCloud. Hier, une première liste de lauréats a été révélée. Devant le succès du mécanisme, une deuxième fournée aura lieu, avec une relève s’achevant le 19 juillet. Chez Clever Cloud, interrogée pour l'occasion, on est particulièrement satisfait.

Dans sa communication hier, le gouvernement faisait le constat suivant : « Le recours au cloud (« l’informatique dans les nuages ») est devenu incontournable et concerne tous les secteurs d'activité. En pleine expansion, le marché du stockage des données est dominé par des prestataires étrangers et soumet ses utilisateurs à différentes menaces ».

On l'a vu avec les annonces de Bleu et de S3NS en particulier, les questions de souveraineté numérique font débat. L'État souhaite pousser les offres franco-françaises, notamment pour qu'elles puissent proposer des services répondant à un certain niveau d'exigence.

Une stratégie en trois axes a donc été développée : créer un label cloud de confiance, accélérer la transformation numérique de l’État, soutenir et amplifier les projets technologiques français. Trois piliers pour renverser la vapeur sur le cloud, vu comme « un enjeu économique majeur dans un marché dominé par des fournisseurs étrangers ».

Aider les entreprises à aller vers SecNumCloud

Le label de confiance est connu, il s’agit de SecNumCloud. Ce référentiel technique a été développé par l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) a été lancé officiellement en 2016, et mis à jour à plusieurs reprises depuis. Pour les données des administrations ou des administrés par exemple, les offres concernées devront s’y conformer au risque de ne plus pouvoir être proposées en France. En plus du référentiel technique, ces obligations incluent le stockage des données en Europe et la facilitation des échanges avec les autres prestataires du vieux continent.

Cette qualification est accompagnée d’un plan d’aide – lancé en décembre – qui avait vu plus de 40 dossiers être déposés, pour « soutenir la montée en maturité cyber des PME et startups », comme l’indique le ministère de l’Économie. 21 entreprises sélectionnées, pour un budget total de 3,5 millions d’euros.

Selon le gouvernement ainsi que les ministères de l’Économie et de l’Industrie, le mécanisme a connu un grand succès. Il va donc être reconduit pour une deuxième relève qui aura lieu le 19 juillet prochain. L’enveloppe sera la même que pour la première : 3,5 millions d’euros.

France 2030 SecNumCloud

Dans les deux cas, cette somme sera consacrée à l’accompagnement des PME et startups dans le développement d’offres SecNumCloud ou le renforcement des actuelles. Opéré par Bpifrance (en lien étroit avec l'ANSSI et la Direction générale des entreprises), ce soutien aux entreprises françaises se fait avec le soutien du plan France 2030, dont le volet cloud est doté d’un budget de 667 millions d’euros. Cette semaine, Vincent Strubel (le nouveau directeur général de l'ANSSI) nous indiquait que plusieurs entités étaient en train de passer la certification (qui prend beaucoup de temps), mais sans donner de nombre précis ou de noms. 

À noter que les entreprises sont incitées à intégrer Gaia-X, sur lequel pourtant l’actualité est au point mort depuis des mois. On se souvient qu’OVHcloud nous avait assuré début février que « ce projet de développement d'une infrastructure de données efficace, compétitive, sécurisée et fiable pour l'Union européenne » (dixit le ministère de l’Économie) était toujours viable et qu’elle-même y participait activement.

23 millions d’euros pour des « suites bureautiques collaboratives cloud »

Les « suites bureautiques collaboratives cloud » sont l’autre grande annonce d’hier, toujours dans le même contexte. En avril 2022, un appel à projet – là encore opéré par Bpifrance – avait été lancé pour des suites bureautiques offrant des capacités de collaboration et d’hébergement dans le cloud.

Trois projets ont été déclarés hier comme lauréats, portés par Wimi, Jamespot et Interstis. Ces projets associent un ensemble de 18 partenaires, « comme XWiki sur l’édition collaborative, 3DS Outscale pour l’hébergement des données sur un socle qualifié SecNumCloud, ou encore BlueMind sur le mail ». Des sociétés que l’on retrouvait aussi dans la lettre ouverte de Clever Cloud, OVHcloud et Scaleway, qui appelaient notamment à plus de reconnaissance des pépites françaises. 

Sur l’enveloppe de 667 millions d’euros du plan France 2030, 23 millions seront alloués pour accélérer le passage à l’échelle, qui « passe de manière prioritaire par le renforcement des offres existantes afin de proposer des fonctionnalités innovantes dans les suites bureautiques collaboratives complètes, intégrées, de qualité et qualifiées SecNumCloud ».

Chez Clever Cloud, les annonces gouvernementales donnent le sourire

Pour l’entreprise française, spécialisée dans l’hébergement d’applications et de données, ces nouvelles donnent le sourire : elle fait partie des 21 lauréats qui vont recevoir un accompagnement pour SecNumCloud.

« Ce sont des signaux très positifs envoyés par le gouvernement à toute la filière cloud française, et je veux remercier particulièrement les ministres Bruno Le Maire et Jean-Noël Barrot pour ces aides essentielles qui montrent que le gouvernement croit dans les capacités de la filière industrielle française à proposer des offres répondant aux exigences du marché. Nous saurons répondre à cette attente et à cette confiance qui nous est témoignée », a déclaré Quentin Adam, président de Clever Cloud.

Nous avons posé quelques questions à Guillaume Champeau, en charge des affaires publiques dans l’entreprise, notamment pour savoir comment les fonds alloués par le gouvernement allaient être employés.

Que signifient les annonces du gouvernement pour Clever Cloud ?

Clever Cloud va bénéficier d’une aide financière et d’un accompagnement de l’ANSSI pour obtenir la qualification SecNumCloud, qui sera de plus en plus souvent exigée pour l’hébergement de données sensibles et stratégiques, à la fois de la part de l’État et des grandes entreprises. Concrètement, cela va nous permettre de finaliser la mise en place des éléments nécessaires d’un point de vue technique et organisationnel pour démontrer notre conformité aux exigences du référentiel, mais surtout de le faire sans diminuer nos ressources consacrées à la R&D et à l’investissement dans de nouveaux produits qui sont tout aussi essentiels. Nous sommes par ailleurs associés à un projet industriel pour lequel l'État a annoncé son soutien, CollabNext.

Quels sont les projets concernés chez Clever Cloud ?

Nous avons d’abord un projet global de qualification SecNumCloud d’une offre de « Cloud de confiance » pour les clients qui souhaitent bénéficier des services de Clever Cloud dans un cadre certifié [Clever Cloud s’était déjà déployé en juin dernier sur des serveurs SecNumCloud d’OVHcloud, ndlr]. C’est un chantier très important qui implique toute l’entreprise, et qui nous permettra d’être prêt pour l’arrivée du schéma européen EUCS [European Cybersecurity Certification Scheme for Cloud Services, ndlr].

Nous sommes par ailleurs partenaires d’un projet industriel porté par Jamespot autour des plateformes collaboratives, CollabNext, destiné à être qualifié SecNumCloud. C’est un projet clé représentatif de notre volonté de fédérer les acteurs du cloud et du logiciel français, car aucun ne peut réussir seul. Nous répondons ensemble au besoin important de fournir une plateforme collaborative complète, sécurisée, attractive pour les utilisateurs, dotée d’un écosystème ouvert.

Que vont permettre de développer les fonds alloués ?

Pour la qualification SecNumCloud, grâce aux fonds alloués, nous allons pouvoir recruter pour renforcer notre équipe de conformité réglementaire, et ainsi accélérer le calendrier. Les fonds seront alloués par phases avec l’avancement de notre projet de qualification. Concernant CollabNext, les fonds serviront à développer de la technologie qui sera utilisée pour déployer le projet et mise à disposition via la plateforme.

Qu’attend Clever Cloud du gouvernement dans le domaine du cloud de confiance ?

Nous savons que le gouvernement pousse pour que le schéma européen EUCS reprenne les exigences d’immunité aux lois extra-européennes prévues par SecNumCloud, et c’est une très bonne chose. Nous soutenons cette exigence de souveraineté juridique, et nous sommes convaincus qu’il faut désormais la compléter par des exigences fortes sur le logiciel.

Il faut que la France et l'Europe prennent bien plus conscience que la sensibilité et la valeur des services cloud réside avant tout dans le logiciel, et qu'elles aient à cet égard le même niveau d'exigence qu'à l'égard de la localisation physique ou juridique des données. Les offres dites de « Cloud de confiance », entièrement construites autour d'un fournisseur extra-européen, ne peuvent en aucun cas apporter les garanties d'indépendance et de sécurité à long terme dont les clients européens ont besoin pour leurs données sensibles et stratégiques.

Écrit par Vincent Hermann

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Aider les entreprises à aller vers SecNumCloud

23 millions d’euros pour des « suites bureautiques collaboratives cloud »

Chez Clever Cloud, les annonces gouvernementales donnent le sourire

Que signifient les annonces du gouvernement pour Clever Cloud ?

Quels sont les projets concernés chez Clever Cloud ?

Que vont permettre de développer les fonds alloués ?

Qu’attend Clever Cloud du gouvernement dans le domaine du cloud de confiance ?

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

Fermer

Commentaires (2)


Voila un plan qui est plus diversifié que le défunt Cloud souverain (qui était une usine à gaz).


Quand on voit que le format officiel (en tout cas celui obligatoire) pour échanger avec la commission européenne est le format “Office”, il y a encore pas mal de boulot.
Mais en effet soutenir pour faire émerger ce type de solution est une bonne décision de nos dirigeants pour une fois.